Par Lionel Trouillot
Antoine Lyonel Trouillot |
Si vient le jour de la honte, de ta
cour ou de ton balcon n’oublie pas de « battre les ténèbres ». N’oublie pas non
plus de suspendre un morceau de drap noir à ta porte ou à ta fenêtre.
Laisse Martelly-Conzé, Opont-Conzé et
quelques malheureux dévoyés par la précarité aller seuls bourrer les urnes au
plaisir de « l’international ».. Les partis politiques haïtiens ont dit non.
Les observateurs haïtiens ont dit non. Les églises, du moins en partie, ont dit
non. Mais qu’importent leurs voix. « L’international » a décidé qu’ici, les «
élections » pouvaient n’être qu’un mot. Ce n’est pas un peuple, c’est un
troupeau. Il suffit de lui pondre ou de lui cracher dans la gueule quelque
chose de sale, un petit bout de boue aux senteurs racistes et hégémoniques.
Puis, les maîtres de la parole appelleront ça « des élections ».
Mais même quand Martelly-Conzé,
Opont-Conzé et leurs maîtres et complices parviendraient (ils n’ont pas encore
gagné) à nous imposer leur farce macabre le 24 janvier, symboliquement, dans
notre histoire, ce ne sera jamais rien qu’un petit bout de boue.
Même quand ils auraient auront
l’outrecuidance de faire passer le mensonge pour la vérité, le passé pour
l’avenir, la honte pour un triomphe, ce ne sera jamais dans le temps long de
notre histoire qu’un peu de boue de plus jetée sur nous. Ce n’est pas le
premier. Comme les fois précédentes, n’’oublie pas de laver ta devanture.
N’oublie pas la senteur du basilic et de l’ilang-ilang. N’oublie pas les photos
de Bobo, de Péralte. N’oublie pas que tu as dans ta mémoire, dans ton vécu, de
quoi laver la boue. La boue, seuls ceux qui l’ont semée en portent l’odeur pour
toujours. Martelly-Conzé, Opont-Conzé, ni les services de sécurité, ni le
montant de leur trahison, rien ne les lavera. Quant aux fonctionnaires étrangers,
ils seront en poste ailleurs. Et peut-être que l’un deux, à l’âge de la
retraite, sera le prochain Seintenfus et rédigera ses confessions.
N’oublie pas. Et prépare toi.
Prépare-toi. Car si Jovenel Moïse accepte en solitaire la banane qui assimile
l’homme au singe, pour imposer son pouvoir « démocratique », il devra avoir
recours à la répression. Et tu résisteras. Et plus tu résisteras, plus il aura
recours à la répression. Et sans doute, un jour, son pouvoir finira par te
tirer dessus « démocratiquement». S’ajouteront alors à la boue quelques gouttes
de ton sang. Car tous ceux qui soutiennent cette mascarade ont parié sur ta
lâcheté. Ils se disent que tu te laisseras faire. Ou pire. Ils se disent qu’ils
t’imposeront par la force le candidat qu’ils auront « démocratiquement » élu.
Tous
ceux qui appuient ce processus infect sont les auteurs intellectuels des
affrontements à venir. Voilà ce qu’Opont-Conzé, Martelly-Conzé et leurs maîtres
et complices te proposeront le 24 janvier : un peu de boue sur tes éphémérides. Et au moins, à verser, quelques gouttes de ton sang. Si tu les laisses
gagner.
Antoine Lyonel Trouillot zomangay@hotmail.com
via Le Nouvelliste
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