Wednesday, December 30, 2015

Bill Cosby inculpé d'agression sexuelle

Bill Cosby a été présenté  à un juge
Visé par de nombreuses accusations d'agressions sexuelles et de viols ces derniers mois, Bill Cosby a été présenté à un juge en milieu d'après-midi. Il a plaidé non coupable.
L'acteur américain Bill Cosby a été inculpé ce mercredi  d'agression sexuelle sur une ancienne employée de l'université de Temple en 2004, a indiqué le procureur adjoint du comté de Montgomery (Pennsylvanie, est), Kevin Steele, lors d'une conférence de presse. Visé par de nombreuses accusations d'agressions sexuelles et de viols ces derniers mois, Bill Cosby, qui est officiellement mis en cause pour la première fois par la justice américaine, a éte présenté à un juge en milieu d'après-midi.
L'agression s'est produite au domicile du créateur et vedette de la série "The Cosby Show", à Cheltenham, petite ville de la banlieue de Philadelphie, a précisé Kevin Steele. C'est la communication à la justice, en juillet 2015, de nouvelles informations concernant ces faits qui est à l'origine de cette inculpation, a indiqué le procureur adjoint.
L'ACTEUR EST ACCUSÉ PAR UNE CINQUANTAINE DE FEMMES
La victime présumée est une ancienne employée de l'université de Temple, dont l'acteur et humoriste a fait connaissance dans le cadre d'une rencontre avec l'équipe féminine de basket de l'établissement. Au fil de leurs échanges, la victime présumée en était venue à considérer Bill Cosby comme "un mentor et un ami", a expliqué le procureur adjoint. Selon les éléments de l'enquête, Bill Cosby a fait prendre à la victime présumée des pilules qui l'ont immobilisée, avant de l'agresser sexuellement.
Mentionnant des accusations concernant d'autres faits commis dans la même juridiction, Kevin Steele a demandé à toute personne disposant d'informations de les communiquer à la justice. L'acteur, âgé aujourd'hui de 78 ans, est accusé par une cinquantaine de femmes de les avoir droguées pour abuser d'elles, des faits qui remontent pour certains aux années 1960 et dont beaucoup sont prescrits.
Source AFP

BILAN DE L'ANNEE 2015 (Par Michel Soukar)

Par Michel Soukar
Michel Soukar
Le bilan de l'année 2015 coïncide avec la fin du mandat du Président Michel Martelly au pouvoir depuis le 14 mai 2011.  C'est l'année de l'organisation d'élections générales pour renouveler le personnel dirigeant les institutions étatiques. Cette année coïncide également avec celle de la commémoration du centenaire de l'occupation américaine du pays (1915-2015). 

I. SUR LE PLAN POLITIQUE 
Durant ses quatre (4) années et demie au pouvoir, le Président Michel  Martelly, garant de la stabilité et du bon fonctionnement des institutions, n'a organisé aucune élection en vue du renouvellement des collectivités territoriales, du tiers (1/3) du Sénat et de la Chambre des députés. Au contraire, son administration a remplacé tous les cartels de maires élus dans les 140 communes de la République par des agents intérimaires. Timidement, la communauté internationale et la société civile ont attiré son attention sur cette violation flagrante de la Constitution de 1987. 

Il est vrai que l'organisation d'élections à un rythme accéléré est une entreprise onéreuse pour la communauté internationale qui supporte la charge du financement des élections en Haïti depuis 1987 à plus de 60%. La Mission de l'Organisation des Nations-unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) ne se préoccupe que de la stabilité de la Présidence. Comme si la stabilité des autres institutions républicaines n'est pas une priorité. Aussi, depuis 2006 le pouvoir présidentiel se transmet-il, tant soit peu, d'un Président élu à un autre, en dépit des élections boiteuses concourant à ce transfert plus ou moins régulier et ordonné du pouvoir. 

A. UN TEMPS POLITIQUE MAUSSADE 
Plus d'un prédisaient un tsunami politique au début de l'année 2015, tant la situation politique se détériorait.  Le 12 janvier 2015, le mandat du deuxième tiers du Sénat arrivait à expiration ainsi que celui de la Chambre des députés.  Le Président Martelly allait-il constater la caducité du Parlement comme ce fut le cas le 11 janvier 1999, sous la Présidence de René Préval? 
Six (6) Sénateurs de la République: Jean-Baptiste Bien-aimé (Nord-est), Pierre Francky Exius (Sud), William Jeanty (Nippes), John Joël Joseph (Ouest), Jean-Charles Moïse (Nord), Wesner Polycarpe (Nord), secondés, entre autres, par les manifestations de rues du Mouvement des Organisations de l'Opposition Démocratique (MOPOD) portaient le Président Martelly à cesser les tergiversations et à négocier un accord  avec les partis d'opposition, en vue d'une sortie de crise.  Leurs revendications portaient sur la formation d'un Conseil Electoral Provisoire (CEP), selon l'esprit de l'article 289 de la Constitution de 1987, la formation d'un gouvernement de consensus et le remplacement du Président de la Cour de Cassation, également Président du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ). 
Coincé aux entournures, le Président Martelly constituait une Commission Consultative de neuf (9) membres, présidée par l'homme d'affaires, le Dr Réginald Boulos, en vue d'effectuer la synthèse des rencontres, discussions et consultations antérieures avec les représentants de différents secteurs de la société haïtienne et pour lui faire des recommandations appropriées. Un délai de huit (8) jours était accordé à la commission pour effectuer ce travail.  

Dans le délai imparti, la commission consultative remit son rapport au Président Martelly, au cours d'une cérémonie organisée au Palais National, en présence du Premier Ministre Laurent Lamothe, accompagné de certains membres de son gouvernement.  Sans surprise, les principales recommandations furent: la formation d'un gouvernement de consensus, dirigé par un Premier Ministre choisi en concertation avec les partis politiques; la formation d'un Conseil Électoral Provisoire (CEP), selon l'esprit de l'article 289 de la Constitution de 1987 et la démission du Président de la Cour de Cassation, également Président du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire. 
En réalité, ces recommandations correspondaient aux revendications exprimées depuis plus de six (6) mois par les six (6) Sénateurs frondeurs et relayés par les manifestants du MOPOD qui réclamaient également l'organisation d'élections ou la démission du Président Martelly.  Sans surprise, le Président Martelly saisit la bouée de sauvetage et déclara accepter toutes ces recommandations. Il n’adressa pas des questions préjudicielles relatives à la décharge à accorder à ses anciens Ministres, voire la double nationalité. Le dindon de la farce fut le Premier Ministre Lamothe qui menait visiblement campagne, à travers ses tournées dans les provinces, sous le couvert du programme "Gouvenmam Lakay ou". 

B. IRONIE OU PRAGMATISME 
Le 29 décembre 2014, le Président Martelly, le Président du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), Me Anel Alexis Joseph dont on réclamait la démission, le Président du Sénat : Simon Dieuseul Desras et le Président de la Chambre des députés, Stevenson Jacques Timoléon, signaient un accord tripartite garantissant, entre autres, l'existence du Parlement après le 12 janvier 2015. Cette clause devait être introduite dans la loi électorale à voter avant le 12 janvier.  Le mandat des députés serait prolongé jusqu'au 24 avril 2015 et celui des sénateurs jusqu'au 9 septembre 2015, ou à l'entrée en fonction des nouveaux élus, si les élections se tenaient avant ces dates.  La balle était dans le camp du parlement. 

Le Premier Ministre Lamothe démissionna.  L'intérim fut assuré par le Ministre de la Santé Publique et de la Population, le Dr Florence Duperval Guillaume.  Parallèlement, le Président Martelly désigna Monsieur Evans Paul comme Premier Ministre, en dehors de toute éthique et sans consultation véritable avec les Présidents des deux (2) branches du Parlement. Monsieur Paul faisait partie de la Commission Consultative qui avait produit les recommandations de sortie de crise.  Le 1er janvier 2015, le Président de la République, flanqué de la Première Dame, des Présidents du Sénat et du CSPJ, du Premier Ministre par intérim et du Premier Ministre désigné, participa aux cérémonies commémoratives du 211emeanniversaire de l'indépendance aux Gonaïves. 

La convocation du Parlement en Assemblée Nationale pour voter, entre autres, la loi électorale et ratifier le choix du Premier Ministre, n'a pas eu lieu.  La séance fut boudée par le groupe des six (6) Sénateurs qui écrivirent au Président du Sénat pour justifier leur position sur le menu de la convocation, jugé copieux, indigeste et rébarbatif. 

Paradoxalement, la plupart des partis politiques qui critiquaient le pouvoir du Président Martelly : la Fusion des Sociaux Démocrates, le Parti Inité, le Parti Aysyen Pou Ayiti, Kontra Pepla se bousculaient à l'Hôtel Kinam I pour parapher un accord politique avec le Président de la République le 11 janvier 2015. 

Tous les regards étaient rivés sur le Parlement à l'approche de la date fatidique du 12 janvier 2015.  Les jusqu'au-boutistes préférèrent jouer le tout pour le tout.  Et le délai accordé aux parlementaires expira.  L'Assemblée Nationale mettait fin à la 49emelégislature. Le Vice-président de cette Assemblée, le député Stevenson Jacques Timoléon, proche du Pouvoir, prononça un discours dans lequel il suggéra la modification de la carte géographique et politique du pays, à travers la création de nouveaux départements géographiques et de nouvelles communes. Le député Timoléon voulait-il préparer les esprits à une telle éventualité? 

C. FORMATION DU GOUVERNEMENT 
Avec le départ de la Chambre basse et l'absence des deux (2) tiers du Sénat, le Parlement est dysfonctionnel.  Les dix (10) Sénateurs restants sont: Steven Iverson Benoit (Ouest), Wesner Polycarpe (Nord), Jean-Baptiste Bien-Aimé (Nord-Est), Lucas Saint- Vil (Nord-Ouest), Annick Francois Joseph (Artibonite), Jocelerme Privert (Nippes), Carlos Lebon (Sud), Edwin Zenny (Sud-Est), Francisco De la Cruz (Centre) et Andris Riché (Grande-Anse). Ce dernier fut élu Président des restes du Sénat avec Cinq (5) voix sur sept (7). 

La voie était ouverte pour la formation et l'installation d'un gouvernement de fait.  Nommés à la onzième heure, le Premier Ministre forma, de concert avec Le Président de la République, un Gouvernement de consensus de Vingt (20) Ministres et Dix-sept (17) Secrétaires d'Etat, sans l'onction du Parlement sur son énoncé de politique générale, comme le veut la Constitution de 1987.  Le cabinet ministériel comptait huit (8) Ministres issus du Gouvernement Lamothe et douze (12) nouveaux Ministres, issus pour la plupart des Partis Politiques Fusion, Inité. Le Président Martelly cohabita avec ses adversaires d'hier. 
Parmi les anciens Ministres du gouvernement Lamothe, quatre (4) ont battu le record de longévité : l'Ingénieur Jacques Rousseau (MTPTC),  Stéphanie Balmir Villedrouin (Tourisme), Florence Duperval Guillaume (MSPP) et Wilson Laleau, tantôt aux Finances, tantôt au Commerce.  Par contre, un Ministre et trois (3) Secrétaires d'Etat n'ont pas pu être installés.  Il s'agit du Ministre de l'Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement, le vétérinaire Jean-François Thomas, des Secrétaires d'État Fednel Monchéry à la Reforme Agraire, Pierre André Gédéon à la Relance Agricole et Carel Alexandre à la Sécurité Publique.  Les trois (3) premiers furent contestés par les étudiants de la Faculté d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) et le dernier par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH).  Le Gouvernement a dû nommer l'Agronome Fresner Dorcin à la tête du MARNDR, suite à la démission de Jean-François Thomas. 
Après la formation et l'installation du Gouvernement, contesté par le Sénateur Steven Benoit et l'opposition radicale, le cap était mis sur la formation du Conseil Électoral Provisoire (CEP), en vue du lancement du processus électoral. 

D. LANCEMENT DU PROCESSUS ÉLECTORAL 
Le lancement du processus électoral passait par la formation du Conseil Électoral Provisoire (CEP), selon l'esprit de l'article 289 de la Constitution de 1987, l'élaboration et la publication du Décret électoral et du calendrier électoral. 
1. Formation du Conseil Électoral Provisoire 
Durant quatre (4) ans et demi, l'obstination du Président Martelly à former le Conseil Électoral permanent s'est heurtée à l'opposition d'une bonne partie de la classe politique haïtienne.  Les quatre (4) premières tentatives du Président Martelly de former un CEP, présidé soit par Emmanuel Ménard, soit par Josué Pierre-Louis, soit par Frizto Canton ou par Max Mathurin se sont heurtées à la résistance des forces d'inertie du milieu politique haïtien.  Cette fois, les institutions prévues dans l'article 289 de la Constitution de 1987 ou celles qui leur tiennent lieu de substitut ont toutes désigné leurs représentants au Conseil Électoral Provisoire, en dépit de certaines protestations au sein de quelques-unes d'entre elles.  Voici la liste des représentants désignés par secteur: 
Pierre Manigat Jr, Presse 
Lucie Marie Carmelle Paul Austin, Université 
Pierre Louis Opont, Patronat 
Lourdes Edith Joseph, Syndicat 
Yolette Mengual, Femme 
Néhémy Joseph, Paysan/Vodou 
Ricardo Augustin, Conférence Episcopale 
Vijonet Déméro, Cultes Reformés 
Jaccéus joseph, Droits Humains 

Les neuf (9) membres du Conseil Électoral Provisoire (CEP) prêtaient le serment d'usage à la Cour de Cassation, présidée par Me. Jules Cantave  succédant à Me Anel Alexis Joseph, démissionnaire.  Le parti Fanmi Lavalas et le Mouvement des Organisations Populaires Démocratiques (MOPOD) prenaient acte de la formation du Conseil. 

Le CEP se mit immédiatement au travail en vue de l'élaboration du projet de Décret électoral à soumettre à l'Exécutif aux fins de publication dans le Journal officiel "Le Moniteur".  Le CEP élabora le calendrier électoral et le budget en vue de l'organisation des élections présidentielles, législatives, communales et locales avant la fin de l'année 2015. 

2.  Publication du décret électoral 
Un décret électoral de 244 articles fut publié dans un numéro spécial du Journal officiel "Le Moniteur" le 2 mars 2015.  Le Premier Ministre Evans Paul remit symboliquement un exemplaire dudit Décret au Conseil Électoral Provisoire (CEP).  Puis, le CEP publia le calendrier électoral et invita le Président de la République à publier l'Arrêté convoquant  le peuple en ses comices, pour les 9 août, 25 octobre et 27 décembre 2015, en vue d'élire: 
1 Président de la République; 
20 Sénateurs; 
119 députés; 
142 cartels de Magistrats communaux; 
575 cartels de Conseil d'Administration des Sections Communales (CASEC); 
et des délégués de ville. 

D'après le calendrier électoral, le premier tour des élections législatives  fut fixé au 9 août.  Le 1er tour des élections présidentielles, le 2ème tour des législatives et les élections communales au 25 octobre. Le 2eme tour des présidentielles et les élections des membres des collectivités territoriales (CASEC, ASEC, Délégué de Ville)  au 27 décembre 2015. 
Si tout se passait comme prévu, le Parlement rentrerait en fonction le deuxième lundi de janvier 2016 et le Président de la République serait installé le 7 février 2016. 
3. Inscription des partis politiques 

Le CEP invita les Partis politiques reconnus à s'inscrire. 192 Partis, organisations et entités politiques se présentèrent, y compris le MOPOD, Fanmi Lavalas et Pitit Desalin.  166 Partis, organisations et entités politiques, reconnues par le Ministère de la Justice, furent agréées par le CEP.  Deux (2) raisons fondamentales expliquent la multiplicité des partis Politiques.  Premièrement, la loi régissant la formation et le fonctionnement des partis politiques est trop laxiste dans ses critères. Par exemple, vingt (20) membres suffisent pour former un parti politique. Deuxièmement, le Gouvernement prévoit une enveloppe de 500 millions de gourdes dans le budget rectificatif 2014-2015 pour le financement des partis politiques. Une manne dans un pays à fort taux de chômage. 

Parmi ces Partis, on distinguait ceux issus de la mouvance lavalas, ceux proches du pouvoir et ceux constitués à l'occasion des élections.  Des démarches furent entreprises par le CEP et le Gouvernement en vue de porter ces partis, organisations et entités politiques à se regrouper en plateforme politique, afin d'en réduire le nombre.  En définitive, le nombre de partis, regroupements et plateformes politiques, auxquels le CEP attribua, par tirage au sort, des numéros d'identification était de 126.  D'autres tentatives effectuées soit par le secteur protestant soit par des candidats eux-mêmes pour réduire le nombre de candidats à la Présidence se  révélèrent infructueuses. 
4. Inscription des candidats 

Le CEP lança le processus d'inscription des candidats dans l'ordre suivant: parlementaires, présidentielles, communales et locales.  Les candidats furent invités à s'inscrire en ligne d'abord avant de se présenter dans les Bureaux Électoraux Départementaux (BED) et Communaux (BEC).  Entre temps, des Ministres et des Agents intérimaires démissionnaient en vue de se porter candidat. 
La question de la décharge était primordiale.  La Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCA) publia une note de presse, dans laquelle elle informa que les rapports relatifs aux projets de lois de règlement pour les quatre derniers exercices fiscaux (2011-2014) ont été transmis au Ministère de l'Economie et des Finances (MEF).  En conséquence, la Cour ne délivrera pas de certificat de décharge provisoire aux gestionnaires de deniers publics.

L'inscription des candidats à toutes les fonctions électives se réalisa dans une ambiance de carnaval : candidats  accompagnés d'un défilé de motocyclistes, de bandes à pieds et d'une caravane de véhicules.  Souvent, les mêmes motocyclistes, les mêmes bandes à pieds changeaient d'accoutrements, de pancartes à l'effigie du candidat et de fanions.  Une activité lucrative se créa à l'occasion des opérations d'inscription. 

Ainsi, 70 candidats briguèrent la Présidence, 2039 le Parlement (Sénateurs et Députés), 2346 les Mairies, 3929 les Casecs et 1210 délégués de villes. 
5. Contestations de candidatures 

Après l'inscription des candidats, une période de contestation est prévue dans le Décret électoral.  Les instances contentieuses prévues à cet effet sont: le Bureau du Contentieux Électoral Communal (BCEC), le Bureau du Contentieux Électoral Départemental (BCED) et le Bureau du Contentieux Électoral National.  Tout électeur peut, moyennant preuve, contester une déclaration de candidature à une fonction élective. 

Nombreux furent les anciens gestionnaires de deniers publics qui ne purent s'inscrire pour cause d'absence de décharge. Ils n'ont pu bénéficier du principe des formalités impossibles, en évoquant l'absence de Parlement.  C'est le cas, par exemple, des anciens Ministres du Gouvernement Martelly. Parmi les cas de rejet de candidature qui ont défrayé la chronique, citons ceux de la Première Dame de la République, Mme Sophia Saint Rémy Martelly, du candidat à la Présidence de la Plateforme Vérité, M. Jacky Lumarque et de l’ex-Premier Ministre Lamothe. 

D'autres candidats à la Présidence furent écartés pour cause de double nationalité et pour cause de trafic de stupéfiants. Finalement, 54 candidats figurèrent sur la liste des candidats à la présidence. 1855 candidats agréés pour les élections parlementaires.  Au total, 41.000 candidats se préparaient à mener campagne pour les postes électifs.  

6. La campagne électorale et les élections 
La campagne électorale fut terne. Les candidats au Parlement ont organisé très peu de meetings populaires.  La plupart des candidats parcoururent les communes de leur circonscription sur des véhicules montés d'équipements sonores, inondant les rues de vacarme. 

La campagne présidentielle ne fut pas différente.   Tous les candidats proposaient à peu près le même programme.  Moins d'une douzaine d'entre eux parcourut les 11 départements géographiques du pays.  La grande majorité se cantonna à des entrevues radiophoniques. Les mêmes  participaient aux débats radio télédiffusés. 

Quatre (4) sondages du Bureau de Recherche en Informatique et en Développement Social (BRIDES) fournissaient les tendances de votes. 

Les élections du 9 août 2015 se déroulèrent dans une ambiance de désordre et de violences.  Fraudes et irrégularités furent dénoncées aussi bien par des candidats, des partis et regroupements de partis politiques que par des organisations de la société civile impliquées dans l'observation électorale. RNDDH, CNO et CONHANE pointèrent du droit le Parti PHTK, proche du pouvoir, dans les violences, les fraudes et irrégularités.  Le RNDDH pensa que ces élections étaient un accroc aux normes démocratiques.  RNDDH, CNO, CONHANE exigeaient une évaluation honnête et sincère du scrutin. 

Certains partis politiques, comme la Fusion des Sociaux démocrates, Fanmi Lavalas, ALAH, CANAAN et Renmen Ayiti proposèrent une évaluation des élections législatives.  D'autres réclamèrent l'annulation  des élections législatives.  Ils dénoncèrent de faux observateurs, membres de partis politiques proches du pouvoir comme les instigateurs des fraudes et violences ayant émaillé la journée électorale.  Le front des candidats pour la lutte démocratique réclama l'annulation des élections, le renvoi des 9 membres du CEP et le départ du Président Martelly. 

Ces revendications furent relayées par des Partis et regroupements politiques comme la Fusion, Ayisyen pou Ayiti, REPARENN, Fanmi Lavalas, Platfom jistis, UPAN et PKN.  Ils réclamèrent la tête de Pierre-Louis Opont, des corrections ou un gouvernement de transition.  Le CEP publia les résultats définitifs des élections législatives. 

Le Conseil Électoral Provisoire (CEP) rejeta la notion d'annulation des élections.  Selon le conseiller Néhémy Joseph, le CEP est déterminé à conduire la procédure électorale jusqu'au bout. Le CEP décida de reprendre les élections, le 25 octobre 2015, là où il y a eu violences, fraudes et irrégularités. Ainsi, 15 candidats à la députation et 1 candidat au Sénat ont été écartés pour leur implication présumée dans des cas de fraudes et de violences.  
Le CEP publia les résultats définitifs des élections législatives. 10 candidats, 2 sénateurs et 8 députés furent élus dès le premier tour.  La contestation se radicalisa.  Le CEP proposa de corriger les erreurs et de faire mieux à l'occasion des présidentielles, prévues pour le 25 octobre 2015. 
Le conseiller Néhémy Joseph, représentant des secteurs Vodou et paysan au sein du CEP, démissionna après avoir cautionné les décisions antérieures du CEP.  Le Conseiller Ricardo Augustin, représentant de la Conférence Épiscopale déclara que le CEP allait avancer sans Néhémy Joseph.  Il avait raison. Puisque la Mambo Carline Viergelin, désignée à l'insu des Pontes du vodou et du Secteur paysan, succéda à Me Néhémy Joseph. 

Le CEP mit le cap sur l'organisation des présidentielles du 25 octobre 2015.  Son Président, Pierre-Louis Opont, exigea la présence d'une force lourdement armée pour sécuriser ces élections.  Certaines corrections et améliorations ont été effectuées.  Par exemple, les mandats et les cartes d'accréditation des observateurs furent disponibles plus tôt,  13725 bureaux de vote installés dans les dix départements géographiques.  La MINUSTAH disposa de 2061 policiers et de 2370 militaires onusiens. Désistement, endossement et appel au boycott  caractérisèrent ces présidentielles.  A deux jours du scrutin, le CEP se dit prêt à 97%. 

Le 25 octobre 2015, les élections présidentielles, législatives et communales se déroulèrent dans le calme.  On félicita le peuple, la police et le CEP.  Le taux de participation oscilla entre 25 et 30 %, selon des observateurs de l'UE et de l'OEA.  Plus tard dans la journée, des dénonciations de fraudes massives et d'irrégularités graves fusaient.  Quatre (4) organisations de la société civile: RNDDH, SOFA, CONHANE et CNO, engagées dans l'observation électorale dénoncèrent des fraudes massives. 
Le CEP aurait distribué 13725 mandats à chacun des partis et regroupements politiques engagés dans la course électorale ainsi que des cartes d'accréditation à des organisations d'observation bidon.  Il se serait développé un trafic de mandats et ces mandataires auraient voté plusieurs fois.  Rappelons qu'un mandataire et un observateur peuvent voter dans le bureau de vote où ils/elles sont affecté(e)s sans avoir leur nom  sur la liste électorale du bureau ou du centre de vote en question.  Dans ce cas, le président du bureau de vote et le superviseur rédigent un procès verbal attestant leur vote. 
Des candidats appelèrent au respect du vote populaire.  Le RNDDH exigea la vérification des informations relatives à la fois aux votes effectués en dehors de la liste d'émargement par les mandataires et observateurs, au mode de recrutement des avocats vérificateurs au Centre de Tabulation des Votes (CTV) ainsi que la clarification du nombre de mandats et de cartes d'accréditation délivrés aux organisations impliquées dans l'observation électorale.  Le Président du CEP, Pierre-Louis Opont, promit de prendre en considération toutes les dénonciations de fraudes.  L'internationale exigea la transparence au Centre de Tabulation des Votes (CTV), dirigé par Widmack Matador. 

Le CEP forma une commission interne pour évaluer et corriger les fraudes et irrégularités.  Le RNDDH contesta la formation de cette commission y voyant une manœuvre du CEP qu'il qualifia de juge et partie. La proclamation des résultats préliminaires, fixée au 3 novembre 2015, fut décalée de deux jours, soit le 5 novembre. 

Comme prévu, le CEP publia les résultats préliminaires des élections présidentielles du 25 octobre 2015 donnant Jovenel Moïse de PHTK premier avec 32.81% des votes, Jude Célestin avec 25.27%, Jean-Charles Moïse 14.27%, Maryse Narcisse 7.05%.  A part Jovenel Moise, les autres candidats rejetaient ces résultats appelant au respect du vote populaire.  Fanmi Lavalas contesta régulièrement les résultats au BCED et au BCEN et soutint les revendications des partis LAPEH et Pitit Desalin dans les manifestations de rues lancées par ces derniers.  Ces manifestations donnèrent souvent lieu à des violences de part et d’autre. 

Cependant, bien avant la publication des résultats, huit (8) candidats à la Présidence: Sauveur Pierre Etienne, Jean-Charles Moïse, Jude Célestin, Jean-Henry Céant, Steven Benoit, Charles Henry Baker, Eric Jean-Baptiste et Samuel Madistin, formaient un front commun réclamant la formation d'une commission indépendante pour "épurer le processus de vote, en vue de détecter les cas de fraude; identifier et recommander l'exclusion du processus aussi bien des fraudeurs que des bénéficiaires des cas de fraudes; recommander toutes mesures utiles pour rétablir la confiance; et garantir la transparence nécessaire en vue de la poursuite du processus électoral." 

Le CEP  invita les représentants du groupe des 8 à le rencontrer. Par contre, au cours de la nuit suivant cette rencontre, le CEP publia un communiqué dans lequel il déclara que le Décret électoral ne contient pas les provisions pour constituer la commission proposée par le groupe des 8. Alors, LAPEH, Pitit Desalin et Fanmi Lavalas maintinrent la pression par des manifestations de rues. 
En réponse à la contestation de Fanmi Lavalas, le BCEN rendit un jugement autorisant les avocats de Fanmi Lavalas à vérifier des procès-verbaux au centre de tabulation des votes.  Apparemment, les 78 procès-verbaux contrôlés au CTV étaient entachés de fraudes.  Le CEP, dans le communiqué # 92, rectifia le nombre de procès-verbaux écartés pour fraudes.  Au lieu de 296 procès-verbaux, le CEP écarte 490 pour fraudes et irrégularités diverses constatées par le CEP lui-même.  Cet aveu était susceptible de confirmer les allégations de fraudes et d'irrégularités dénoncées par les partis politiques contestataires. 
Dans l'après-midi du mercredi 24 novembre, le CEP publia les résultats définitifs des élections présidentielles du 25 octobre 2015, sans grand changement dans le classement des candidats par rapport aux résultats préliminaires.  Jovenel Moïse et Jude Célestin devraient s'affronter au second tour prévu le 27 décembre 2015. Le groupe des 8 maintint sa revendication.  Le candidat à la Présidence Jude Célestin déclina des  invitations de la Présidence et du CEP.  Le Gouvernement forma une commission, en vue d'adresser la crise de confiance qui affectait le processus électoral  Jude Célestin refusa de rencontrer ladite commission.  Cependant, de nombreuses organisations de la société civile, comme la Conférence Episcopale et l'Initiative de la Société civile, adhérèrent à l'idée de la formation d'une  commission indépendante de vérification du scrutin présidentiel du 25 octobre 2015. 

E. LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE 
La communauté internationale joue un rôle de premier plan dans la politique haïtienne, en général, et dans l'organisation des élections, en particulier.  Elle contribue au financement de ces élections à hauteur de plus de 60%.  Les principaux contributeurs sont les États-Unis d'Amérique du Nord, l'Union Européenne, le Canada, le Japon et le Brésil.  Cette année, le Club de Madrid a effectué 6 missions en Haïti en vue d'appuyer et de suivre l'évolution du processus électoral. Le Secrétaire d'État Américain, John Kerry, est venu en Haïti rappeler que les élections de 2015 doivent se dérouler sans intimidation et sans violence.  

En outre, Kenneth Merten : le Coordonnateur du dossier d'Haïti au Département d'État, les ambassadeurs du Canada, des États-Unis, de France et de l'Union Européenne défilèrent au Bureau du Premier Ministre Evans Paul pour renouveler leur appui à la tenue des élections en Haïti à la fin de l'année 2015. Par ailleurs, le Core Group, composé de la Représentante du Secrétaire Général des Nations-Unies, des Ambassadeurs des pays "Amis “d’Haïti : le Canada, les États-Unis, la France, le Brésil, l'Espagne et du Représentant de l'OEA en Haïti, plaide pour la poursuite du processus électoral après la tenue des élections du 9 août 2015, voire du 25 octobre 2015.  Le Représentant de l'Union Européenne va jusqu'à minimiser les allégations de fraudes et d'irrégularités soulevées par les partis de l'opposition. 

Or, depuis quelques temps, cette communauté internationale ne parle pas uniquement d'élections libres, honnêtes et démocratiques.  Elle y ajoute crédibles et inclusives.  Les élections du 9 août et du 25 octobre 2015 sont-elles jugées crédibles par la communauté internationale, suivant les normes et standards internationaux en usage? 

Le journal Miami Herald, du jeudi 3 décembre 2015, annonça la visite de l'Ambassadeur Kenneth H. Merten.  Sa mission, présuma-t-on, était de persuader le CEP de reporter la tenue du 2ème tour des élections prévues le 27 décembre 2015 à une date ultérieure et les dirigeants haïtiens de former une commission indépendante en vue de s'assurer de l'intégrité des élections du 25 octobre 2015, comme le recommandaient la Conférence Episcopale, des leaders protestants, l'ISC et quatre organisations locales de droits humains. 
Entre temps, le mandat du Président Michel Joseph Martelly, au pouvoir depuis 4 ans et demi, tire à sa fin. 

F. BILAN DU MANDAT DU PRÉSIDENT MARTELLY AU POUVOIR 
En accédant au pouvoir le 14 mai 2011, le Président Michel Joseph Martelly avait axé son programme sur cinq (5) "E": Education, Emploi, Energie, Environnement et Etat de droit.  Certains observateurs croient que le Président Martelly a mangé ses "E".  D'autres pensent que ces "E" sont muets ou minuscules. 

Education: le Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle lança le Programme de Scolarisation Universelle Gratuite et Obligatoire (PSUGO).  La propagande gouvernementale fait état de chiffres, souvent contradictoires, du nombre d'élèves fréquentant l'école dans le cadre de ce programme.  Une évaluation du PSUGO par le Ministère révèle de nombreux cas de fraudes et de malversations. 85 écoles sont exclues du programme. Le Ministère  saisit l'Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC).  Le nouveau Ministre  Nesmy Manigat travaille à l'amélioration de la qualité de l'enseignement dispensé dans les écoles haïtiennes, contrôlées à 85% par le secteur privé. 

Emploi: où sont les 400 mille emplois que l'Administration Martelly claironne avoir créé ?  Même le Ministre de l'Economie et des Finances,  Wilson Laleau, n'est pas en mesure d'établir avec exactitude le nombre d'emplois créés sous la Présidence de Michel  Martelly.  Toujours est-il que 60% de la population active du pays vit toujours dans le chômage. 

Energie: l'Administration Martelly a toujours promis de rétablir la fourniture du courant électrique 24 heures sur 24.Cependant, les fournisseurs d'électricité à l'Ed'H se trouvent souvent dans la situation d'arrêter les moteurs, quand l'Ed'H n'honore pas ses obligations contractuelles. Les moteurs de la Centrale Hydro Electrique de Péligre sont en réparation.  Cette année, la Banque Mondiale présente un rapport accablant sur la gestion de l'Electricité d'Haïti (Ed'H) qui bénéficie d'une subvention de 200 millions de dollars américains l'an. Alors que l'Ed'H accuse 60% de perte sur le réseau et n'est pas en mesure de facturer les clients.  La Banque Mondiale recommande la baisse du prix de l'énergie, la révision des contrats conclus avec les fournisseurs d'électricité à l'Ed'H ainsi que l'amélioration de la gouvernance de la compagnie d'éclairage électrique.  Le Gouvernement forme une Commission, chargée de mettre en œuvre les recommandations de la Banque Mondiale. 

Environnement: un rapport publié récemment à la Conférence de Paris sur le climat classe Haïti parmi les trois (3) pays de la Planète, avec le Honduras et la Birmanie comme les plus affectés en 20 ans par des événements météorologiques. La couverture forestière est réduite à une peau de chagrin.  Il suffit de quatre (4) heures d'averses pour enregistrer des cas d'inondation et des pertes en vies humaines.   Des algues brunes envahissent Haïti, tuent des poissons et affectent la faune marine.   Des tas d'immondices jonchent les rues de la capitale et des principales villes.  Le personnel du Service Métropolitain de Collecte des Résidus Solides (SMCRS) est en grève pour réclamer le paiement de plusieurs mois d'arriérés de salaires.  Il en est de même des employés de la voirie dans de nombreuses villes de provinces. 

Etat de Droit: un seul cas suffit pour évaluer  la vitalité de l'Etat de droit dans le pays.  Le juge d'instruction, Me Sonel Jean-François rend une ordonnance de renvoi au criminel contre les membres du gang galil, dirigé par Woodly Ethéart, alias Sonson Lafamilia et Renel Nelfort, alias Renel le récif.  Des membres du gang interjettent appel de ladite ordonnance.  Curieusement, le Doyen du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Me Raymond Jean-Michel, en dépit de l'appel exercé contre l'ordonnance de renvoi, extrait les dossiers de Woodly Ethéart et de Renel Nelfort et les renvoie en jugement devant le tribunal criminel, présidé par le Juge Lamarre Bélizaire. 

Woodly Ethéart, dit Sonson La familia et Renel Nelfort sont libérés par le Juge Lamarre Bélizaire qui leur conseille de ne plus recommencer. Pour maquiller l'affaire, le gouvernement exerce un pourvoi en Cassation contre le jugement du tribunal criminel sans assistance de jury, et met le Commissaire du Gouvernement près le Tribunal de Première Instance, Me Kherson Darius Charles, en disponibilité. 

Le Conseil Supérieur du pouvoir Judiciaire inflige la même sanction au Doyen Raymond Jean-Michel qui est remplacé par le Juge Bernard Saint-Vil. 
L'Expert indépendant des Nations-Unies pour les Droits de l'Homme en  Haïti a effectué quatre (4) visites pour constater la prévalence de la détention préventive prolongée, l'impunité, la situation des réfugiés et des déplacés depuis le séisme du 12 janvier 2010. 

2. Instabilité Institutionnelle 
On ne compte plus le nombre de Commissaires du Gouvernement qui se sont succédé à la tête du Parquet de Port-au-Prince.  De plus, l'Administration Générale des Douanes (AGD), la Direction Générale des Impôts (DGI), l'Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), l'Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF) et la Radiotélévision Nationale d'Haïti (RTNH) n'ont jamais connu autant de changement de Directeurs Généraux.  A ceux-là s'ajoute le nombre de Ministres qui ont défilé aux Ministères de l'Intérieur, du Plan, des Affaires Sociales, de la Communication, etc.  Il importe de rappeler, toutefois, que quatre (4) Ministres ont battu le record de longévité dans le gouvernement.  Il s'agit des Ministres Stéphanie Balmir Villedrouin (Tourisme), Jacques Rousseau (MTPTC), Florence Duperval Guillaume (MSPP) et Wilson Laleau (navette MEF/MCI). 
3. Voyages, Accueil et Autres 

Le Président Michel Martelly est parmi les Présidents d'Haïti, celui qui a effectué le plus grand nombre de voyages à l'étranger et qui a reçu également le plus grand nombre de dignitaires étrangers au cours de son mandat.  Il a rencontré deux (2) Papes à Rome.  Cette année, il a reçu la visite des Présidents de la République Française et de la République de Chine (Taiwan).  Le premier est venu rappeler la dette "morale" de la France envers Haïti, sans promettre ni restitution ni réparation.  Le second est venu inaugurer le nouvel immeuble, logeant la Cour de Cassation de la République, offert par son pays. La Drug Enforcement Agency (DEA) des Ëtats-Unis a procédé à l'arrestation du fils de l'ex-Président de l’Honduras Porfirio Lobo et de deux proches du Président Vénézuélien Nicolas Maduro. 

Quelques temps auparavant, deux (2) citoyens vénézuéliens ont été appréhendés à Tabarre, en possession de cinq cent mille dollars américains cash à bord de leur véhicule, par des Agents de la Brigade de Lutte contre le trafic des stupéfiants (BLTS). Un trafiquant de drogue jamaïcain est tué par balles à Baie Dumesle, Saint-Louis du Sud, suite à des échanges de tirs avec la police. De même, des ressortissants haïtiens arrêtés pour trafic de drogue et extradés aux Etats-Unis sont retournés au pays, après avoir purgé leurs peines dans les prisons fédérales américaines.  C'est le cas, par exemple, d’Oriel Jean et de Jacques Kétant. Ce dernier a bénéficié d'une réduction de peine et de la clémence de la justice américaine. 

4. Violence et Insécurité 
La violence et l'insécurité ont fait de nombreuses victimes cette année.  De nombreux agents de la Police Nationale d'Haïti (PNH) sont tombés sous les balles de bandits circulant à motos dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans de nombreuses villes de provinces. Selon le Directeur Général de la PNH, Monsieur Godson Orélus, 250.000 armes illégales seraient en circulation dans le pays.  Les religieux et religieuses furent les nouvelles cibles des bandits. On a enregistré 29 attaques contre des communautés religieuses. Des milliers de fidèles catholiques ont marché dans les rues de Port-au-Prince et du Cap-Haïtien pour réclamer justice pour les religieux et religieuses. 
La Commission Nationale Justice et Paix de l'Eglise Catholique (JILAP) a dénombré plus de 500 cas de morts par balles au cours du premier semestre de l'année 2015. 

Parmi les cas les plus retentissants, citons: l'assassinat chez elle, à Vivy Mitchell de l'ex-Directrice Générale de la PNH sous la Présidence de Jean-Bertrand Aristide, Madame Jocelyne Pierre; l'assassinat de Oriel Jean, ancien chef de la sécurité du Palais national, sous la présidence de Jean-Bertrand Aristide; l'attentat sur la personne de Jean Nesly Lucien, ancien Directeur Général de la PNH sous Jean-Bertrand Aristide, atteint de deux projectiles, tirés par des individus circulant à moto à Tabarre 36;l'assassinat par des individus armés de l'agronome Jean-Yves Barnatte aux Cayes, de Jean Gesner Henry Jr (dit coupé cloué jr) à Delmas 33, de Claude Delatour à Pétion-Ville, de Wickenson Bazile, employé technique du CEP et cousin du Conseiller au CEP Jaccéus joseph (Droits Humains) à Delmas 32. En outre, des individus armés criblent de balles la résidence du Conseiller au CEP Vijonet Déméro (Cultes Réformés). 

A ceux-là s'ajoutent, les nombreux cas de violences enregistrés à Fort-Liberté, à Ouanaminthe, à Petit-Goâve, à Miragôane et à l'Arcahaie.  A Ouanaminthe, par exemple, un casque bleu chilien de la MINUSTAH a été tué. Aussi, des pays comme le Canada, les États-Unis et la France recommandent à leurs concitoyens d'éviter autant que possible de voyager en Haïti même quand un cadre supérieur de l’UNPOL déclare que la situation sécuritaire au pays n’est pas si mauvaise. 
II. SUR LE PLAN ECONOMIQUE 

Un pays que l'on disait ouvert aux affaires (open for business) trébuche à cause de l'insécurité, de la violence, de l'instabilité politique et de la mauvaise gouvernance. En début d'année fiscale 2014-2015, les prévisions économiques tablaient sur un taux de croissance du PIB de 3.5%, un taux d'inflation de 6 à 8% en rythme annuel et un taux de change oscillant entre 48 et 50 gourdes pour un dollar américain. Sans doute, ces prévisions n'avaient pas tenu compte de facteurs internes comme la sécheresse, les manifestations politiques, les grèves et de facteurs externes comme la baisse du prix du baril de pétrole sur le marché international et la  raréfaction de l'aide externe à Haïti. 

Le brut vénézuélien, principal fournisseur de pétrole à Haïti dans le cadre de l'Accord Pétro Caribe, a perdu 61% de sa valeur en 2015.  Cette baisse du prix du pétrole sur le marché international entraine une baisse des revenus octroyés à Haïti dans le cadre de l'Accord Pétro Caribe, signé avec le Venezuela.  De plus, les grèves lancées par les syndicats du secteur transport, réclamant la baisse du prix du carburant à la pompe, entraînent une réduction des recettes fiscales.  Le Budget de l'exercice fiscal 2014-2015 est revu à la baisse, de 122.6 milliards à 109.5 milliards de gourdes. 

La Commission Économique pour l'Amérique Latine et la Caraïbe (CEPAL) a revu à la baisse le taux de croissance économique du PIB pour Haïti à 2.5%.  C'est peut être ce qui a porté le Ministre de l'Économie et des Finances, Wilson Laleau, à déclarer l'état d'urgence économique.  D'après lui, le pays vit au-dessus de ses moyens.  Ce qui pourrait laisser croire que l'État allait pratiquer une politique d'austérité, en réduisant son train de vie et en éliminant les dépenses somptuaires. 

Le Forum Économique Mondial, dans son rapport 2015, classe Haïti 133e sur 141 pays en matière de tourisme, devant Myanmar, Burkina Faso, Mauritanie, Yémen, Mauritanie, Angola, Guinée et Tchad. Depuis quelques temps, le pays importe presque tout ce qu'il consomme et exporte très peu de biens à l'étranger.  Pour la première fois dans son histoire, le pays importe du café. Moins d'un million de touristes, y compris les haïtiens vivant à l'étranger, visitent Haïti chaque année. 

Les principales sources de devises étrangères demeurent jusqu'à présent les transferts en provenance de la diaspora et l'aide internationale au développement. Les transferts en provenance de la diaspora totalisent 2 milliards de dollars américains. Avec 830 dollars américains de revenu annuel par tête d'habitants, Haïti stagne dans la classification par revenu de la Banque Mondiale. Haïti exporte pour à peine un milliard de dollars américains de biens et importe pour plus de quatre milliards de dollars américains.  Le déficit de la balance commerciale se creuse davantage avec la République Dominicaine.  

L'Association des Industries d'Haïti (ADIH) s'inquiète de la recrudescence de la contrebande à la frontière haïtiano-dominicaine.  La Cimenterie Nationale (CINA) appelle l'Etat haïtien à lutter contre la contrebande de ciment en provenance de la République Dominicaine.   Le gouvernement estime le manque à gagner pour le fisc à près de 500 millions de dollars américains l'an. Récemment, le Directeur de la Douane de Malpasse se plaignait de la recrudescence de la contrebande qui se développe sur le lac Azuei. 

Le rapport du Forum Economique Mondial sur la compétitivité classe Haïti 134ème sur 140 économies analysées en 2015-2016. Entre temps, la Banque Mondiale révise les prévisions de croissance du PIB en Haïti à la baisse, soit 1.7%. Le Congrès Américain renouvelle la Loi HOPE/HELP favorisant l'exportation de produits textiles, sans droits de douane, aux Etats-Unis jusqu'en 2025. 

Le salaire minimum dans le secteur textile en Haïti passe à 240 gourdes par jour.  Parallèlement, la gourde se déprécie fortement par rapport au dollar américain.  Le taux de change de la gourde par rapport au dollar américain passe de 40 gourdes en 2011 à 52 gourdes pour un dollar américain en avril 2015.  En moins de 30 jours, le taux de change passe en mai 2015 de 46 à 56 gourdes pour un dollar américain. 

Le Gouverneur de la Banque de la République d'Haïti (BRH) tente de rassurer et de calmer les esprits des agents économiques.  La BRH intervient sur le marché pour garantir la stabilité des prix dans l'économie haïtienne.  Alors, la BRH augmente les coefficients de réserve obligatoire, les taux d'intérêt sur les Bons BRH et injecte des dollars américains sur le marché. 

Pour les uns, la Banque Centrale réduit ainsi la capacité des banques commerciales à octroyer du crédit au secteur privé (effet d'éviction), en asséchant les liquidités disponibles dans le système bancaire. Pour d’autres, ces mesures entraînent aussi l'augmentation des taux d'intérêt sur les prêts accordés aux clients.  Les coefficients de réserve obligatoire affectent même les comptes des organismes publics domiciliés dans les banques commerciales opérant en Haïti. Mais la question vitale, celle de la relance de la production nationale, seule capable de revitaliser la gourde, ne peut être adressée par la BRH uniquement mais par une nouvelle politique d’Etat et par un nouveau choix de société. De plus, comment ne pas provoquer inflation et chute de la gourde quand le Ministère des Finances a fait imprimer 14 milliards de gourdes en deux ans ? 

C'est dans ce contexte économique morose que le Ministère de l'Economie et des Finances (MEF) prit un communiqué interdisant l'importation par voie terrestre de 23 produits en provenance de la République Dominicaine. Le Forum Economique du Secteur Privé jubilait. Cependant, cette décision s'apparente à une mesure protectionniste non tarifaire, susceptible d'être attaquée devant l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).Les observateurs se demandent pourquoi une mesure si importante n'a pas fait l'objet d'un Arrêté pris en Conseil des Ministres mais d'un simple communiqué du Ministère de l'Economie et des Finances (MEF)? 

De toute façon, les réactions ne se sont pas fait attendre.  Le syndicat des transporteurs de la République Dominicaine protestaient et bloquaient la frontière à Jimani.  Ce qui a eu pour effet de pénaliser les usines textiles opérant en Haïti, dont l'approvisionnement en matières premières s'effectue par la frontière haïtiano-dominicaine. Le Président Martelly a dû se rendre à Baharona en République Dominicaine pour rencontrer son homologue Danilo Médina en vue de discuter de questions d'intérêt commun aux deux pays. Les deux Présidents signèrent un accord en six points.  Les échanges commerciaux et la migration sont au cœur de cette entente. 

Le rapport « Doing Business 2016 » classe Haïti 182ème sur 189 nations répertoriées.  La Coordination Nationale sur la Sécurité alimentaire constata une augmentation des prix des produits alimentaires. La dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain se poursuit.  Le coût de la vie augmente.  Le taux d'inflation est passé maintenant à 11%. En cette fin d'année 2015, le taux de change de la gourde par rapport au dollar américain avoisine 60 gourdes pour un dollar américain.  La Banque Centrale (BRH) annonce la vente de 50 millions de dollars sur le marché des changes.  

Le 1er octobre 2015, le Gouvernement publia par Décret le Budget de 120.6 milliards de gourdes pour l'année fiscale 2015-2016.  Les prévisions de dépenses dans ce Budget sont supportées par des prévisions de recettes basées sur une augmentation de certains droits et taxes, comme le matricule fiscal, le timbre de passeport, le permis de conduire et la patente.  Parallèlement, le Gouvernement adopta un décret accordant des privilèges exorbitants aux anciens Ministres et Secrétaires d'Etat.  Ces décisions soulevèrent la colère des syndicats de transport et des étudiants de certaines Facultés de l'Université d'Etat d'Haïti.  A celles-là s'ajouta la décision de créer cinq (5) nouvelles communes dont celle dite des Arcadins.  Après maintes protestations, violences et émeutes à l'Arcahaie, le Gouvernement rétracta ces mesures. 

III. SUR LE PLAN SOCIAL 
Le processus de paupérisation de la population se poursuit.  Sur une population totale de 10.6 millions d'habitants, la population économiquement active est estimée à 4.7 millions d'habitants.  60% de cette population est en chômage.  De plus, 3.7 millions d'haïtiens sont menacés par l'insécurité alimentaire. Plus de deux millions d'haïtiens vivent au-dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 2 dollars américains par jour.  Les haïtiens continuent de prendre le chemin de la mer, en dépit des rapatriements des Etats-Unis et des Bahamas.  Un voilier fit naufrage au large de Borgne, faisant 21 morts et occasionnant autant de disparus. Plus de 70.000 immigrants haïtiens sont confrontés à d'énormes difficultés au Brésil qui accorde la résidence permanente à 43.781 d'entre eux. 

Le Gouvernement a procédé à la capitale à la démolition des maisons dans les quartiers compris entre la rue de la Réunion, la rue du Champ de Mars et la rue Saint-honoré, après un processus de dédommagement laborieux, laissant de nombreuses familles sans toit.  De plus, les chantiers publics, exécutés pour la plupart par la firme du Sénateur dominicain Félix Bautista, sont fermés. En outre, les programmes sociaux: Edé Pèp, Ti Manman Chéri, Koré Etudiant, koré paysan, Restaurants Communautaires, mis en place sous le gouvernement Lamothe, sont arrêtés, faute de financement. Pour les relancer, le Gouvernement du Premier Ministre Evans Paul nomma un nouveau Ministre délégué auprès du Premier Ministre, chargé des Programmes Sociaux, Projets et Chantiers du gouvernement. 

Le Président Martelly a procédé à la distribution de 72 autobus à 72 jeunes garçons des rues, dans le cadre du programme changer la vie, changer de métier.  Il a aussi procédé à l'inauguration des places publiques du Canapé Vert et de la Place Sainte- Anne, du Ciné Triomphe, du Kiosque Occide Jeanty, du viaduc de Delmas, des locaux du Lycée Alexandre Pétion et du Lycée Toussaint Louverture. 

La décision du Tribunal Constitutionnel Dominicain TC 168-13, remettant en question la nationalité des descendants d'haïtiens, vivant en République Dominicaine depuis 1929, les menaçant de déportation,  créa un malaise, une friction dans les relations diplomatiques entre les deux pays partageant l'ile d'Haïti.  Normalement, la République d'Haïti devait porter l'affaire devant la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme de l'OEA qui a juridiction pour résoudre pareil différend.  Suivant les conseils du Président du Venezuela, Haïti abandonna la voie multilatérale pour engager des négociations bilatérales avec la République Dominicaine. Entre temps, la République Dominicaine adopta une loi de régularisation de la situation des immigrants illégaux et mit en place un programme national de régularisation des étrangers (PNRE).  La Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) appella la République Dominicaine à garantir le droit à la nationalité des dominicains. 

Pris au piège de la République Dominicaine, Haïti lança un programme d'identification et de documentation des immigrants haïtiens (PIDIH) vivant en République voisine. Le CARICOM se dit préoccupé par l'expiration des délais prévus dans le cadre du programme national de régularisation des étrangers (PNRE). Des milliers d'haïtiens, vivant illégalement en République Dominicaine, sont menacés de déportation.   98.000 haïtiens inscrits au PNRE retiraient leur carte de régularisation, leur accordant le statut de migrants légaux en République Dominicaine.  Par contre, 78.000 étrangers furent exclus du PNRE, en majorité des haïtiens. 

A l'appel du Collectif du 4 décembre et d'autres organisations de la société civile, une manifestation est organisée à Port-au-Prince contre la République Dominicaine.  Des individus non identifiés, descendirent le drapeau dominicain sur le toit du Consulat dominicain à Pétion-Ville.  En représailles, la République Dominicaine rappela son Ambassadeur accrédité en Haïti, ferma les portes de ses Consulats, réclama des excuses pour la profanation de son drapeau. 

L'Ambassadeur d'Haïti en République Dominicaine : Daniel Supplice, critiqua le programme de documentation et d'identification des immigrants haïtiens (PIDIH), initié par le Gouvernement haïtien en République Dominicaine. Il le qualifia d'échec cuisant et de fiasco total. "Nous ne sommes pas en mesure d'identifier nos citoyens chez nous", déclara-t-il.  Haïti appela la République Dominicaine à la raison à la tribune de l'OEA qui prôna le dialogue entre les deux pays.  Parallèlement, le Groupe d'Appui aux Réfugiés et Rapatriés (GARR) dénonça le rapatriement de force, à Anse à Pitres, de 299 ressortissant(e)s haïtiens.  L'Ambassadeur Daniel Supplice est rappelé par le pouvoir et remplacé par Madame Magalie Jeanty Magloire. 

Le Carnaval national qui s'est déroulé cette année à Port-au-Prince, fut amputé d'un jour.  Le deuxième jour s'était brusquement arrêté, à cause de l'accident survenu au Champ de Mars, à l'angle de la Rue Capois, qui a failli couter la vie au chanteur vedette du groupe musical Baricad Crew : Fantom.  Cet accident a quand même causé la mort de 17 participants au carnaval.  Le mardi gras était consacré à une cérémonie d'hommage, en silence, à la mémoire des disparus.  En outre, le Festival des Arts de la Caraïbe, dénommée CARIFESTA, organisée en Haïti cette année, a connu un grand succès, tant du point de vue de la qualité des spectacles que du niveau de participation aussi bien des délégations en provenance des pays de la caraïbe que du public haïtien. 

Cette année, sont morts l’économiste Henri Bazin, un homme honnête et modeste, le chanteur vedette du groupe musical King Posse : Alex Pierre alias Black Alex, l’Ati national : Max Beauvoir, Monseigneur Pierre Saint-Hilien, évêque du Diocèse de Hinche, le chef militaire de la MINUSTAH : le Lieutenant-Général brésilien José Luiz Jarobnady Jr,  l'Agronome Pierre Gary Mathieu. 

L'année 2015 marquait également le centenaire de la première occupation du pays par les Marines américains. 100 ans après,  Haïti est occupée par une force multinationale (MINUSTAH), sous contrôle des Nations-Unies, au titre du Chapitre VII de la Charte de l'ONU.  Le mandat de la MINUSTAH est renouvelé pour une année, expirant le 15 octobre 2016. Coïncidence historique, un émissaire américain : Kenneth Merten, vient dicter la suite à donner au processus électoral.  

En cette fin 2015, Haïti se trouve à une croisée de chemins.  Les  élections prévues le 27 décembre sont renvoyées. Pourtant, le Gouvernement adopte en Conseil des Ministres un Décret, réorganisant le Ministère de la Défense et remobilisant les forces armées d'Haïti. Une Commission est unilatéralement formée par la Présidence pour évaluer le processus électoral bancal dont on verra peut-être l’aboutissement en 2016. Des analystes politiques prévoient la fin du mandat de cinq ans du Président Martelly, le 14 mai 2016, un élu devant remplacer un élu. 

De quoi l'Année 2016 sera-t-elle faite ? Elle débutera comme des précédentes, en pleine tourmente politique, économique et sociale. Quand une administration a dépensé 2 milliards 450 millions de dollars us en 5 ans en pratiquant surtout une politique de poudre aux yeux, qu’ elle a émis en 2 ans 14 milliards de gourdes pour financer d’abord le gaspillage, comment s’étonner de l’envol de l’inflation et de la chute de la gourde ? Comment ne pas se demander que pourra et que devra faire un nouveau gouvernement ? Martelly, se contentant d’un présent en chrysocale a raté l’occasion d’entrer dans l’Histoire. 

2016 sera ce que le peuple haïtien voudra en faire : une année d'éveil  ou d’un pas de plus vers l'abîme. 

 Par :Michel Soukar
 

Monday, December 28, 2015

The New York Times: Martelly’s election was illegitimate!

Michel Martelly in April 2011
Administration is on the verge of committing a serious foreign policy blunder in the Caribbean. The New York Times editorial may be the biggest public manifestation to this assertion. The Times, which represents one the principal mouthpieces of the establishment, does not always editorialize in the premise of justice for all. We know that; and we also know the New York Times is by no means pitching for the participatory democracy that Haitians are dying for daily, facing an increasingly politicized police force along the unforgiving streets of Port-au-Prince.
Nonetheless, the Times’ editorial on Sunday, which adamantly advocates for a “legitimate election,” confirms the political discomfort or the dreary malaise vis-à-vis Haiti from a powerful sector in the US capital. Titled “Haiti Deserves a Legitimate Election,” the editorial implicitly recognizes that the Martelly-Opont charade ought to be dismissed. The Haitian government has been accused of orchestrating “massive fraud through vote-rigging and intimidation” during the last elections.  
The Times goes on to call “for an independent, Haitian-led inquiry to examine the October vote. The runoff should be postponed, so the October ballots can be openly counted and the results legitimized — if that is even possible, given the irregularities.” On the last point here, CSMS Magazine totally agrees, for it is highly unlikely a recount of ballots will change the outcomes. The CEP, which distributed more than 900,000 accreditation cards, knew why the move was orchestrated. It was designed to ensure victory for Jovenel Moise, Martelly’s handpicked stooge. The cards quickly triggered the flourishing of a “black market” because it allowed those who had the cards free access “to polling stations and [they could] vote even if their names were not in the list.”
Haiti Deserves a Legitimate Election
Heretofore, you can recount ballots as many as times you want, the outcome stands to remain the same. If there is a genuine effort to help Haitians gain control of their government, this whole Martelly-Opont masquerade has to be thrown out, along with the Martelly government. A consensus government MUST be put in place with an urgent mandate to organize free and fair elections financed by the State—the Haitian state that is.    
The times also takes aim at the Provisional Electoral Council headed by Pierre-Louis Opont. “And any effort at staging a credible election should include reform of the electoral council, which has been accused of partisanship and incompetence.”
Of course, we didn’t have to wait for the New York Times to tell us how low and ugly things have become in Haiti. Furthermore, the Times is not interested in true political independence for Haiti. It rather aims at exposing the mismanagement of a client state and, by extension, embarrassing Bill Clinton as Obama’s proconsul of Haiti. Martelly and his clique, like many of their predecessors, have hijacked the State bureaucracy and made it their piggybank to fill their lots while average Haitians wallow in hellish conditions daily. They have used the country’s misery as one of their pivotal points to go panhandling abroad.
We need to understand no one can cure this malignant tumor eating away Haitian pride, history and dignity, but Haitians themselves. We need to cease to subordinate our intelligence to the ignorance and—too often—the blatant prejudice of others. We need to rise up against this deadly continuum to rewrite the narrative. We cannot forfeit our rights, our human rights, to the interests of recalcitrant bourgeois and their international backers. Whether they like it or not, democracy will take roots in Haiti.
Let’s not forget life has many seasons; and after living through the grayish chill of autumn and the bone-cracking cold of winter, spring will come, pile ou face. There is nothing they’ll be able to do to stop the coming of the blooming season. It WILL be spring in Haiti—someday!
Source :  
Note: You can read the New York Times editorial. Click here: Haiti Deserves a Legitimate Election

Monday, December 21, 2015

Le CEP annonce le report sine die des élections du 27 décembre

CEP / KEP 2015
Le Conseil électoral provisoire informe la population en général, les partis politiques et les candidats en particulier, que les élections des collectivités territoriales ainsi que celles des législatives partielles et des présidentielles qui devaient se tenir le 27 décembre 2015 sont reportées.
Le Conseil, en raison de la formation de la Commission nationale d’évaluation électorale et compte tenu des implications éventuelles que pourraient avoir ses recommandations sur la poursuite du calendrier électoral, en a ainsi délibéré.
Le CEP, en conséquence, encourage vivement les acteurs à tout faire, en vue de faciliter la conduite à terme du processus électoral et réitère sa détermination à tout mettre en œuvre pour la tenue d’élections libres, honnêtes, inclusives et démocratiques.
Conseil Électoral Provisoire
Pierre-Louis Opont



Président.

Friday, December 11, 2015

« II FAUT QUE CELA CESSE ! »

Marvel Dandin
Le candidat officiel Jovenel Moise mène campagne. Il a le vent en poupe. Le Conseil Electoral de « Pierre-Louis Opont et consorts » l’a reçu et lui a donné la garantie que « tout sera fait ». Mais… Car, il y a toujours un mais. Si rien de substantiel n’est fait, en termes de redressement, avant le prétendu second tour, il s’agira fort probablement d’un « second trou », pour ne pas parler d’un troisième s’il faut prendre en compte la « catastrophe » du 9 août prétendument appelée « élections ».
Aucune des parties en présence n’a intérêt à ce que le cartel « Pierre-Louis Opont et consorts » continue sa sordide machination contre la démocratie et le peuple haïtien :
- Les candidats officiels souffriront de leur manque de légitimité.
- La communauté internationale portera financièrement et militairement le fardeau de la crise qui en résultera.
- Les candidats victimes se radicaliseront.
- Les investisseurs ne viendront pas.
- La diaspora désespèrera de pouvoir regagner l’alma mater.
- L’inflation s’aggravera.
- La corruption s’étendra.
- La répression politique deviendra l’unique réponse aux contestations multiples, aux « leve kanpe », aux « mobilizasyon manch long ».
Non, nous ne devrions pas en arriver à cette triste situation ! « Il faut que cela cesse », dirait Jean-Paul II s’il était encore vivant.
Que cesse l’arrogance de "Opont et consorts" face aux récriminations de la vaste majorité des candidats, des partis politiques et des organisations de la société civile qui dénoncent à tue-tête les fraudes massives commises au profit des candidats officiels !
Que cesse la volonté du gouvernement et d’une partie de la communauté internationale de rabaisser systématiquement les standards démocratiques dès qu’il s’agit d’Haïti. Une démocratie pour les autres. Une, spéciale, pour le peuple haïtien qui aurait beaucoup plus besoin de manger que de vivre en démocratie. Quelle impertinence raciste de la part des tenants de cette thèse !
Que cesse la passivité de la grande masse d’Haïtiens honnêtes et conséquents (la fameuse majorité silencieuse) qui tardent à comprendre que leur sort dépend de la tournure définitive que prendront les choses à ce carrefour critique de la vie nationale !
Que cessent la morgue et la cécité d’un large secteur du monde des affaires qui refuse encore d’admettre que seules des élections honnêtes et crédibles amèneront la stabilité en Haïti !

Que cesse le comportement à la Ponce Pilate des secteurs les plus influents de la société civile, en particulier les églises, qui se contentent de « suggérer » des dispositions visant à juguler la crise plutôt que de s’engager résolument dans une bataille afin d’y parvenir.
Que cessent les guerres fratricides, mesquines et stériles entre les dirigeants des partis et des organisations du secteur démocratique afin que leurs énergies convergent vers l’émergence d’un pôle politique puissant, en mesure de faire aboutir les desideratas des masses défavorisées et des classes moyennes appauvries.
Par :Marvel Dandin

Wednesday, December 9, 2015

Les propos de plus en plus extrémistes de Donald Trump inquiètent certains républicains

Le favori de l'investiture républicaine pour la présidentielle aux États-Unis estime que les musulmans ont «la haine» de l'Amérique. Et que celle-ci pourrait provoquer de nouvelles tueries après celle de San Bernardino.. 
Donald Trump
Donald Trump avait habitué les Américains à des déclarations tonitruantes. Mais, cette fois, il semble avoir dépassé ses propres limites. Dans un communiqué adressé à la presse, il a assuré que des sondages attestent d'une «haine» des musulmans envers l'Amérique. Et que celle-ci pourrait provoquer de nouvelles tueries comme celle de San Bernardino: «Nous devons déterminer d'où vient cette haine et pourquoi elle existe. Jusqu'à ce que nous soyons en mesure de comprendre ce problème et la dangereuse menace qu'il représente, notre pays ne peut être victime d'horribles attaques par des gens qui ne croient qu'au djihad, et n'ont aucun sentiment de raison ou de respect pour la vie humaine».
«Fermeture totale des États-Unis» à tous les musulmans

Le candidat à l'investiture républicaine, favori des sondages, préconise une «fermeture totale des États-Unis» à tous les musulmans qui souhaitent entrer dans le pays en attendant que «le Congrès agisse». Mais comme souvent, sa proposition reste très floue: que devrait faire le Congrès? Les résidents américains sont-ils concernés? Est-ce que cela touche les touristes? Comment mettre en place techniquement une telle mesure?

Après le tragique 13 novembre à Paris, le milliardaire avait déjà préconisé de ficher tous les musulmans vivant aux États-Unis et «d'éliminer toutes les familles» de djihadistes. Il avait aussi appelé à refuser l'entrée à tous les réfugiés syriens.

Pour appuyer ses affirmations, il a évoqué un sondage de l'institut Pew qui montrerait que la population musulmane éprouverait de la haine pour les Américains. Il s'agit peut-être d'une enquête de 2014 qui montre que 80% des Égyptiens, des Jordaniens et des Turcs ont une image défavorable des Etats-Unis. Il avance également que la moitié des musulmans vivant en Amérique voudraient «avoir le choix de vivre sous la charia». Il ferait cette fois allusion à un sondage commandé par un centre marginal dirigé par Frank Gaffney, qualifié d'islamophobe par le Southern Poverty Law Center, une organisation antiraciste.

Les réactions aux propos de Donald Trump ont été nombreuses. Il a été critiqué par ses rivaux républicains Chris Christie, John Kasich et Lindsey Graham. Pour Jeb Bush, «Donald Trump est un déséquilibré». «Il donne aux gens le droit de s'en prendre à nous, a déploré auprès de l'Agence France-Presse Ahmed Shadeed, directeur d'un centre islamique. Je le supplie d'arrêter ses accusations». Pour Robert McCaw du comité des relations américano-islamiques (CAIR) «nous n'attendons plus de Trump que du racisme parce que l'hystérie anti-musulmane est devenue le cœur de sa campagne».
Le discours complet de Donald Trump devant la Coalition juive républicaine
Dans un pays fondé en partie par des protestants ayant dû fuir l'Europe, persécutés du fait de leur religion, on ne plaisante pas avec la liberté religieuse. Ben Rhodes, proche conseiller du président Barack Obama, a rappelé sur CNN que «le respect de la liberté de religion est inscrit dans notre Déclaration des droits (Bill of Rights)». La Maison-Blanche a jugé les déclarations de Donald Trump «contraires à nos valeurs».

Les propos de Donald Trump sont probablement une réponse au discours à la nation prononcé dimanche soir par le président Barack Obama depuis le bureau ovale. «L'EI ne parle pas au nom de l'islam, ce sont des voyous, des tueurs», avait-il martelé, appelant à considérer les musulmans comme des alliés plutôt qu'à «les repousser à travers la suspicion ou la haine. (…) Nous ne pouvons pas nous en prendre les uns aux autres en laissant ce combat se transformer en combat entre l'Amérique et l'islam. (…) Les musulmans américains sont nos amis et nos voisins».

Donald Trump a ensuite tenté de relativiser ses propos en expliquant que sa proposition ne concernait pas les personnes vivant déjà sur le sol américain. Pour immédiatement ajouter: «Les États-Unis doivent regarder ce qui se passe dans les mosquées. Nous devons voir ce qui se passe». Quoiqu'en légère baisse ces dernières semaines, Donald Trump est toujours le favori pour l'investiture républicaine avec 30 % des intentions de votes.