Thursday, July 21, 2016

Trump dit représenter la loi et l'ordre lors de son discours d'acceptation à la convention républicaine

Donald Trump lors de son discours d'acceptation à la convention républicaine
le jeudi 21 juillet 2016 .                                                                                   
Dans le cadre de son discours d’acceptation à la convention républicaine jeudi soir, le candidat républicain Donald Trump s’est présenté ouvertement comme le «candidat de la loi et l’ordre», tout en disant représenter la «générosité et la chaleur».

M. Trump a prononcé en fin de soirée son premier discours officiel en tant que candidat — une longue allocution qui a duré plus de 75 minutes, dans laquelle il n’a toutefois pas laissé place à beaucoup d’improvisation. Il semble avoir lu presque mot pour mot un brouillon du discours qui avait été publié plus tôt sur le site internet de nouvelles Politico.

Le candidat des républicains a martelé pendant plusieurs minutes qu’il allait rétablir la loi et l’ordre s’il était élu à la tête du pays en novembre prochain.

«Je serai le candidat de la loi et l’ordre», a-t-il assuré, rappelant les nombreux drames survenus en sol américain depuis quelques semaines, dont la tuerie contre des policiers à Dallas.
«Une attaque contre les policiers est une attaque contre tous les Américains», a-t-il déclaré.
M. Trump a aussi promis de défendre la communauté LGBTQ «de la violence et de l’oppression des idéologies étrangères haineuses» dans la foulée de l’attaque dans une boîte de nuit gaie à Orlando, en Floride. Le candidat s’est d’ailleurs dit heureux de se faire applaudir pour cette promesse.

Donald Trump lors de son allocution qui a duré plus de
75 minutes.                                                                                  
Adoptant un ton plus dur, M. Trump a réitéré son intention de construire un mur entre le Mexique et les États-Unis afin de diminuer la criminalité et d’appliquer les lois telles qu’elles sont.
«Le 21 janvier 2017, le jour où je prêterai serment, les Américains se réveilleront enfin dans un pays où les lois des États-Unis seront appliquées. Nous serons compréhensifs et compatissants avec tout le monde. Mais ma plus grande compassion sera pour nos propres citoyens qui sont en difficulté», a-t-il affirmé.

Donald Trump s’est également fermement engagé à s’attaquer au groupe armé État islamique, «qui n’existait pas» avant que la démocrate Hillary Clinton devienne secrétaire d’État, a-t-il dit.

M.Trump a aussi écorché au passage le président Barack Obama, qui a échoué sur plusieurs fronts, dont l’éducation et la criminalité, selon lui.

«Je n’ai pas de patience quant à l’injustice, je n’ai pas de tolérance quant à l’incompétence du gouvernement et je n’ai pas de sympathie pour les dirigeants qui déçoivent leurs citoyens», a-t-il lancé.

Donald Trump a également dépeint un portrait peu flatteur de sa rivale, la candidate probable du Parti démocrate, Hillary Clinton. Le bilan de l’ex-secrétaire d’État est marqué par «la mort, la destruction et la faiblesse», a-t-il lancé.

«Quand une secrétaire d’État range ses courriels sur un serveur privé, supprime 33 000 d’entre eux pour que les autorités ne voient pas son crime, met notre pays à risque, ment sur le sujet et ne fait face à aucune conséquence, je sais que la corruption a atteint des niveaux jamais atteints auparavant», a-t-il déclaré devant ses partisans.

Il a d’ailleurs tendu à main aux électeurs de l’ancien rival de Mme Clinton, Bernie Sanders. «Ses militants se joindront à notre mouvement, parce que nous nous règlerons l’un de ses plus grands problèmes: le commerce», a-t-il indiqué.

«Rappelez-vous, c’est Bill Clinton qui a signé l’ALÉNA, l’un des pires accords économiques jamais conclus par notre pays. Jamais plus», a-t-il tranché.

Quelques minutes plus tôt, la fille de Donald Trump, Ivanka, avait vigoureusement défendu la réputation de son père, «qui est célèbre, sans être vraiment connu», a-t-elle souligné.

Mme Trump a assuré qu’il a la «force et l’habileté», ainsi que «la générosité et la compassion» nécessaires pour devenir président des États-Unis.

Elle a également affirmé que son père était «aveugle sur la couleur de la peau» et «neutre sur le sexe», rejetant les accusations de racisme et de sexisme qui ont fait surface pendant la campagne.
Beaucoup de pression reposait sur les épaules de M. Trump, jeudi, alors que son parti s’est montré fortement divisé dans les derniers jours.

Avant le discours de leur candidat, plusieurs républicains de renom ont d’ailleurs lancé un message d’unité à leurs partisans.

Le président du Comité national républicain, Reince Priebus, a assuré que le Parti républicain était le «parti des nouvelles idées» et le «parti de la base (militante)». «Restons unis en tant que républicains, arrêtons Hillary Clinton», a déclaré M. Priebus sous un tonnerre d’applaudissements.
Une convention qui a mal commencé

Le candidat Donald Trump devait mener à bien une convention qui a bien mal commencé pour le Parti républicain, selon le chercheur Rafael Jacob de la Chaire Raoul-Dandurand.

Donald Trump entouré de sa famille à la fin de son discours
Dès le début, des discours ont été chahutés par des participants anti-Trump. La même soirée, la femme de Donald Trump, Melania, s’adressait aux partisans en lisant un texte dont certains extraits étaient tirés directement d’un discours de l’actuelle première dame, Michelle Obama. Et selon Rafael Jacob, le discours de Mme Trump lui-même était «mauvais, mal livré et mal écrit».
Pour couronner le tout, mercredi, la soirée qui devait être celle de Mike Pence, le colistier de Donald Trump, a finalement été celle du candidat déchu, Ted Cruz. Le sénateur du Texas a offert un discours enflammé, mais il n’a pas appuyé officiellement son ancien rival, au grand dam des partisans réunis à Cleveland.

Ainsi, Donald Trump devait réparer les pots cassés de la convention et de la course aux primaires, dans laquelle il s’est montré très agressif — on en voit les conséquences avec l’absence du clan Bush et le comportement de M. Cruz.

«L’électeur que les républicains essaient de rejoindre, est-ce qu’il va retenir les attaques contre Hillary Clinton qui, dans certains cas, peuvent être efficaces? Ou est-ce qu’il va retenir la controverse autour du plagiat, du discours de Cruz?», a expliqué M. Jacob.

En ce moment, Donald Trump se retrouve presque au coude-à-coude dans les sondages avec la probable candidate démocrate, Hillary Clinton. «Si le parti sort de là unifié, il a de très bonnes chances de gagner», a-t-il indiqué.
Risque d’implosion

En revanche, si la soirée se termine mal, la campagne de Donald Trump pourrait être en sérieuse difficulté, a prédit le chercheur.

Si plusieurs élus commencent à avoir peur pour leur propre campagne, ils pourraient adopter la même stratégie que les républicains en 1996. Bob Dole était alors un candidat très impopulaire qui se présentait contre le président démocrate Bill Clinton.

«Ils ont largué publiquement Bob Dole. Ils ont dit aux électeurs: « On comprend que Bill Clinton va gagner, mais si au moins vous voulez vous assurer du fait que le pouvoir à Washington ne soit pas entre les mains d’un seul parti, votez pour nous au Congrès »», a rappelé M. Jacob.
«Si c’est ça qui arrive avec M. Trump, la campagne implose, c’est aussi simple que ça», a-t-il conclu.

Source : Metro

Friday, July 8, 2016

Ce qu'on sait sur la tuerie de Dallas


Cinq policiers ont été tués et sept autres blessés.
Les policiers ont été pris pour cible lors d'une manifestation au centre de Dallas vers 21H00 jeudi soir (02H00 GMT). Des centaines de manifestants, comme dans d'autres villes américaines, protestaient pacifiquement contre la mort de deux Noirs tués par la police ces derniers jours en Louisiane (sud) et dans le Minnesota.

La police de Dallas - une ville de 1,2 million d'habitants - a peu après évoqué dans un communiqué «deux snipers opérant depuis des positions en hauteur». Des vidéos amateurs ont capté des tirs nourris de fusil d'assaut, montré la foule s'enfuyant paniquée, et des policiers cherchant à se protéger derrière leurs voitures et aidant des collègues à terre.

Alton Sterling, a été abattu à Baton
 Rouge en Louisiane par deux          
policiers aux Etats-Unis.                    
Les détonations assourdissantes se sont répercutées sur les façades de downtown Dallas. Il est 20 h 58 ce jeudi soir. En quelques secondes, la cité texane où fut assassiné John Fitzgerald Kennedy en 1963 vient de replonger dans un très vieux cauchemar. Cette fois, ce sont des tirs d'armes de guerre, et les victimes qui tombent sont des policiers en exercice. La fusillade a éclaté alors qu'une manifestation se déroulait dans le calme, au nom du mouvement Black Lives Matter (les vies noires comptent). Les quelque huit cents personnes qui défilaient pour protester contre la vague d'homicides perpétrés par des agents des forces de l'ordre contre des Afro-Américains ont fui comme une volée de moineaux.

Philando Castile a été abattu lors 
d’un contrôle routier, dans l’Etat   
de Minnesota.                                   
Les cris de panique, consignés par les vidéos des badauds, se sont peu à peu estompés dans le vacarme ambiant. Des dizaines de véhicules de police convergent alors vers la scène du crime, d'où les témoins hurlent: «active shooter! (tueur en action)». Au carrefour de Main Street et Lamar Street, des cadavres d'hommes en uniformes jonchent le sol. Ils ont été abattus depuis le parking du collège universitaire El Centro, par un sniper à la mire bien réglée. Mais l'homme n'est peut-être pas venu seul: des complices semblent avoir convergé vers le groupe de policiers et contribué à cette exécution collective, et planifiée. Un témoin filme une scène terrifiante à l'aide de son téléphone portable. Un homme en tenue militaire, ses poches débordant littéralement de munitions, fait feu avec un fusil d'assaut, dissimulé derrière un pilier. Un policier déboule derrière lui, se protège contre un second pilier tout proche. Le suspect contourne l'obstacle et l'abat froidement dans le dos, avant de l'achever au sol.

Scène de guerre
Micah Johnson, le suspect tué par la Police, avait été
 déployé en Afghanistan de nov. 2013 à juillet 2014 se- 
   lon les informations communiquées par un porte-parole  
  de l'US Army.                                                            
Dans le chaos ambiant, le ou les auteurs de la fusillade s'évanouissent dans la nature. Au bout de deux heures, dans le centre-ville transformé en scène de guerre, un sniper est acculé. Le face-à-face avec la police durera 45 minutes, les négociateurs s'efforçant de faire parler un individu qui continue de faire le coup de feu. Le directeur de la police, David Brown, restituera vendredi matin la teneur de ces échanges surréalistes: «le suspect était très affecté par les récentes fusillades policières, en voulait aux Blancs, et voulait tuer des Blancs, en particulier des policiers blancs.» Pas de compromis possible, d'autant que le tireur avertit sombrement: «il a disposé des explosifs, et ceux qui l'assiègent vont bientôt s'en rendre compte». Afin de le «débusquer» sans causer de nouvelles victimes et de pouvoir le neutraliser promptement, un «robot piégé» emportant une charge explosive est dépêché dans les profondeurs du garage. La déflagration qui s'ensuit atteint mortellement le sniper qui voulait tuer «beaucoup de Blancs», identifié comme Micah Xavier Johnson. Selon les médias américains, cet Afro-Américain vivait seul avec sa mère dans la ville de Mesquite. Il avait servi en Afghanistan et était réserviste dans l'armée américaine, ce qui peut expliquer le caractère militaire de sa folie meurtrière.


Au total, trois suspects ont été interpellés vivants, dont une femme.
Sur l'autoroute, deux personnes ont, elles, été arrêtées, après s'être enfuies en trombe du centre-ville à bord de leur véhicule. Au total, trois suspects ont été interpellés vivants, dont une femme. Lèvres serrées, tous expriment la même colère que Xavier Johnson, la même volonté de tuer autant de policiers que possible. L'enquête ne fait que commencer, mais le bilan, lui, est effroyable: douze policiers touchés, parmi lesquels cinq décédés et plusieurs autres dans un état critique. Des policiers qui n'étaient pas tous Blancs. Devant la presse, le chief Brown peine à contenir son émotion. L'un de ses subordonnés assassinés, Brent Thompson, venait de se marier deux semaines auparavant.
Condoléances présidentielles
Président Barack Obama
De Varsovie où il assistait au sommet de l'Otan, le président Barack Obama a dénoncé une attaque «vicieuse, préméditée, méprisable». Sans précédent aussi: jamais, depuis le 11 septembre 2001, autant d'agents des forces de l'ordre n'avaient trouvé la mort dans une attaque en règle. Comme à Orlando le 12 juin (50 morts), les Américains se prennent à espérer une fin rapide du cauchemar. Mais l'agresseur, cette fois-ci, n'était pas un «loup solitaire» islamiste se revendiquant de Daech. Il s'est agi, manifestement, d'un ou de plusieurs Afro-Américains décidés à venger dans le sang la mort récente d'Aston Sterling à Baton Rouge, Philando Castile à St Paul, Delrawn Small à Brooklyn, jeunes Noirs abattus par des policiers blancs. Malgré les appels au calme, la spirale de la haine raciale est enclenchée, et pourrait fort jeter de l'huile sur le feu d'une campagne présidentielle déjà en ébullition. À Detroit, la police craint le pire à l'orée d'un week-end à hauts risques. L'été meurtrier que tous les Américains redoutaient pourrait avoir commencé.

Source : Le Figaro

Vidéo graphique diffusée à l'intérieur de la voiture en direct sur Facebook par la petite amie de Castille, Diamond "Lavish", froidement abattu  par un policier blanc, lors d’un contrôle routier dans l’Etat de Minnesota. 




Saturday, July 2, 2016

Attaque aux Cayes : le BAC souhaiterait l’arrestation de Guy Philippe et co


Le ministre de la Justice,
 Me Camille Junior Edouard
La police judiciaire a bouclé son enquête sur l’attaque perpétrée contre le commissariat central, la prison civile des Cayes et l’Unité départementale de maintien d’ordre du Sud dans la nuit du dimanche 15 au lundi 16 mai 2016 qui avait coûté la vie au policier Tison Jean Louis et fait des blessés, dont les policiers Wendy Dorléan et Dubé Jean Baptiste. Le rapport d’enquête du Bureau des affaires criminelles (BAC) communiqué au commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance des Cayes le 29 juin indique que cinq individus, Pierre Bremus Duréus, Jean Ceance, Mercidieu Douyon, Claudy Charles, Wilnord Dary et Jean Claude Alcénat, ont été arrêtés pour leur implication présumée, dans le cadre de ce dossier, « pour des actes de terrorisme, d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, d’assassinat, de tentative d’assassinat, de vol à main armée de véhicules et d’armes à feu, de port et détention illégaux d’armes à feu, d’usurpation de titre, d’association de malfaiteurs ».

Le Bureau des affaires criminelles, selon le rapport d’enquête, « souhaiterait que des mandats d’amener soient émis par les autorités compétentes à l’encontre des nommés Guy Philippe, Yves Jeudy, Michel Alophène Lafalaise, Joseph Willy, Camy, Ricot, Vital Aslin, Marcelus Delande, Téléus Joseph Rémy, Komandan Cedras, Komandan Renard, Ketelie, Jean Marc, Athanaël Joseph, Rony, Wesmy, Ti Mousson, Renald St Villier, Cénat ey kòmandan Désir, tous ainsi connus, pour implication présumée dans cette affaire ». Le rapport a indiqué que des « informations recueillies ont fait croire que le dimanche 15 mai 2016, cette attaque a été planifiée au cours d’une rencontre tenue par un groupe de présumés bandits se faisant passer pour des membres des FAD’H, sous l’égide du nommé Guy Philippe, assisté de ses chefs de troupes… ».

« En ce qui a trait aux présumés auteurs et coauteurs ou complices de ces actes répréhensibles, les premières informations obtenues ont laissé croire que les suspects avaient préalablement planifié ces attaques lors d’une réunion tenue à Pestel, dans le département de la Grand-Anse. Selon les renseignements obtenus, leur mission principale consistait à déstabiliser le pays en s’attaquant à la force publique », lit-on dans ce rapport qui cite une « source » indiquant que les assaillants, environ une cinquantaine, « sont partis de l’usine sucrière dénommée centrale Dessalines.

« Entre autres, poursuit le rapport, les dénonciations faites par le nommé Joseph Remy Téléus avant qu’il ait rendu l’âme ont démontré le rôle joué par le nommé Guy Philippe et ses pairs dans ce complot visant à déstabiliser le pays. Selon les déclarations du mourant, ce dernier est l’auteur intellectuel de cette attaque ». Le rapport d’enquête du BAC, citant un inspecteur de police, a révélé que les assaillants ont emporté 19 fusils de calibre 12, deux fusils M1, 5 fusils Lyncher, des munitions et des radios de communication. L’audition d’un autre policier, selon le rapport, indique que les assaillants ont pris 1 fusil Galil, deux chargeurs, 5 pistolets, quatre gilets pare-balles, un véhicule de service Nissan 3-01551.

Contacté, le ministre de la Justice, Me Camille Junior Edouard, a confié au journal, vendredi soir , que le « parquet a pour devoir de s’assurer que toute personne indexée dans ce dossier soit mise à la disposition de la justice ». La police a fait son travail, le dossier étant complet, acheminé au parquet, a-t-il dit, soulignant que les commissaires du gouvernement sont instruits pour ne pas classer sans suite. Le parquet a pour devoir de relever des indices conformément à l’article 13 du code d’instruction criminelle et donner suite. La justice a pour devoir de faire un suivi sur les recommandations du BAC. C’est une obligation », a expliqué Me Camille Junior Edouard.

Pierre Ésperance, coordonnateur du RNDDH, a salué le « bon travail » du Bureau des affaires criminelles qui a assumé ses responsabilités. Le militant des droits de l’homme a par ailleurs estimé que les autorités policières et judiciaires, au plus haut niveau, ont fait des calculs politiques en laissant trainer le dossier en longueur alors qu’elles connaissaient les instigateurs de cet acte très grave. Le comportement de ces responsables avait participé à démobiliser les policiers, a analysé Pierre Espérance. « Maintenant, nous allons observer l’agissement des autorités policières et judiciaires dans ce dossier. Pour moi, on doit poursuivre tous les gens indexés dans le rapport sans considération d’ordre politique, économique et sociale », a affirmé Pierre Espérance.

Il n’y a pas eu de calcul politique comme le prétend Pierre Espérance. « Cette opinion est plutôt légère », a estimé le ministre de la Justice, soulignant qu’il fallait prendre le temps nécessaire pour bien faire, pour que « l’enquête arrive à maturation ».

Guy Philippe, ex-commissaire de police, ex-chef rebelle pendant la présidence de Jean-Bertrand Aristide, homme politique, candidat au Sénat dans la Grand-Anse, avait boudé une convocation de la justice. Il avait, dans la presse, nié avoir une quelconque implication dans l’attaque des Cayes dans la nuit du 15 au 16 mai 2016. Il avait indiqué dans la presse que les policiers étaient comme ses frères, comme ses enfants. Guy Philippe avait aussi indiqué qu'il peut se défendre militairement si on l’attaquait dans son fief, à Pestel.

Par :Roberson Alphonse robersonalphonse@lenouvelliste.com 
  

Friday, June 24, 2016

Intimidation et psychose de peur à Port-au-Prince : plusieurs grandes compagnies ont été criblées de balles hier soir.

 Impact des vitres éclatées chez Berhmann Moteurs  
Dans la nuit de jeudi à vendredi, les locaux de la Digicel, de la Natcom, de Marriot Hotel et de la Sogebank (siège social à Delmas 30) ont été criblés de balles. Selon Marten Boute, 13 impacts ont été identifiés sur la Natcom, 6 sur la Digicel et 5 sur l’hôtel Marriot.

Les compagnies privées Berhmann Motors, Automeca et Mitsubishi ont été aussi attaquées. Les bandits ont aussi frappé à Pétion-Ville où des cas de vol et de casse ont été signalés. Un mauvais signal envoyé aux investisseurs.

« Voilà que ça recommence et ça n’augure rien de bon. Je dirais même plus. Ça sent le roussi !!! », a réagi sur twitter Mario Andrésol, ancien candidat à la présidence et ex-directeur général de la Police nationale d’Haïti.

Ces actes barbares sont survenus trois jours après l’évènement violent produit aux abords du Parlement qui a essuyé des jets de pierre de la part des militants de Fanmi Lavalas et de Pitit Desalin. « Si Privert ale, n ap boule Palman an », « Si Privert ale, tout zam legal »…sont parmi les slogans violents scandés par ces soldats au service de Privert.
Dans la matinée de ce même mardi 21 juin, Daly Valet, conseiller spécial de Jocelerme Privert, avait pris le soin de prodiguer via sa page facebook des conseils pratiques, demandant  à la population d’« être sur ses gardes ».


« Il est important que vous soyez le plus discret que possible et que vous fassiez un retrait social pour une période raisonnable afin de ne pas trop vous exposer aux dangers potentiels qu’entraine la situation du pays. La prudence totale est de mise », a prévenu celui qui est dans le secret des dieux.

En mars dernier, Andris Riché a déclaré qu’« avec l’arrivée de M. Privert au pouvoir et de toute cette racaille, c’est le retour des rats » https://www.youtube.com/watch?v=Ppkk7VVxunY.

Récemment, un auditeur de « Premye Okazyon » sur radio Caraïbes a lâché en ondes que le sénateur « sera brûlé vif ». Andris Riché n’est pas le seul parlementaire défavorable au maintien de Jocelerme Privert au pouvoir à faire l’objet de menace de mort.

Le peuple haïtien doit se préparer soit à revivre les tristes moments des années 2000 soit prendre toutes les dispositions nécessaires pour stopper rapidement la mise en place de cette machine infernale.
Mackenson Paul

Wednesday, April 27, 2016

Effets collatéraux de la corruption

Par Max Dorismond
Voilà le résultat. La lettre ci-dessous ou de préférence, le cri du coeur d’une résidente en médecine de l’Université d’Etat d’Haïti nous prend aux tripes à sa lecture. Sa description de l’inhumanité des lieux fait frémir. Elle a été publiée sur Facebook ce mois d’avril 2016. L’opération chirurgicale de la photo à la lueur d’un téléphone cellulaire nous donne le vertige. Voilà l’état lamentable de la médecine de chez nous. Au carrefour de l’Amérique triomphante, (3 heures de N.Y) on pratique aujourd’hui cette médecine de brousse. Mais où va ce pays à la fin? N’avons-nous pas raison de dénoncer la corruption haut et fort

A lire le défoulement ou le trop plein de la rédactrice, on a tendance à crier notre rage, notre dégoût, notre déception. Ceci explique cela: tous les gardiens de la caisse en profitent pour se mettre plein la poche pour éviter de se trouver sur cette table chirurgicale à la lueur d’une chandelle à l'Hôpital national. Il n’existe aucun inventaire dans ce foutu trou. Tout est vendu au noir. Si ce service de première nécessité se trouve dans cet état catastrophique, que dire des autres institutions? 

C’est dans ce pays qu’on veut inviter les investisseurs à placer leurs billes, les touristes à passer du beau temps, la diaspora à retourner à la source de ses meilleurs souvenirs. Veulent-ils avoir de nouvelles proies ? A la lueur de cette vision de l’enfer sur terre, on comprend mieux pourquoi toute la nation rêve d’être président, car, nul ne veut se retrouver sur une natte dans une salle de ces hôpitaux mal famés. Par contre, une fois au pouvoir, la santé ou le bien-être de la population ne figure point à leur agenda. Que Haïti aille se faire foutre! disent-ils. L’essentiel c’est de piller, voler et assurer leur lendemain. Le pays s’en va à la dérive, il n’y a rien là, selon eux. Leurs millions les protègent contre les revers du destin. Tout va bien madame la Marquise.

Bonne lecture


Max Dorismond 


Une résidente en médecine qui en a marre
Une opération chirurgicale à l'aide d'un cellulaire

Réponse à un confrère qui a perdu un proche au cours de la grève pour l'amélioration du système de santé et de la protection de ses prestataires.
  
Cher confrère,

Nous vous présentons nos condoléances en ces pénibles circonstances. Et si nous cherchons à accuser, accusons le vrai coupable: la mauvaise gestion du système de santé en Haïti. On ne donne que ce qu'on a: si le système génère des frustrations, il récoltera des frustrations. C'est ce système qui décourage les jeunes médecins à rester en Haïti et favorise la fuite de cerveaux. On se plaint en disant qu'il n y a pas assez de médecins en Haïti, pourtant on les force à quitter leur pays à cause de la maltraitance. Oui, la médecine est un sacerdoce partout. Mais pourquoi veut-on qu'en Haïti, elle soit plutôt foulée aux pieds?

 La médecine est un sacerdoce aux USA aussi, mais cela n'empêche que les USA protègent et encouragent leurs médecins. La médecine est un sacerdoce à Cuba, mais les médecins peuvent se faire soigner s'ils tombent malades et leurs enfants sont scolarisés.

 Dans ma promotion de médecine, la moitié prépare le USMLE (United States Medical Licensing Examination). Le quart est déjà parti en faisant le fameux "nivellement par le bas" i.e. qu'ils se sont reconvertis en agents d'une profession plus simple (paramédical, agent de sécurité, serveur de restaurant, etc.) juste pour pouvoir émigrer aux USA. Pourquoi après 7-10 ans de médecine? Parce que le système les a découragés. Les médecins passent 10 ans et plus à étudier, environ 100 h par semaine à travailler.

 Pour quel montant? Un résident ne reçoit même pas l'équivalent du salaire minimum prôné pour ceux qui travaillent dans la main-d’œuvre industrielle; donc même pas la modique somme de 300 gdes / jour! Pourquoi ne pas critiquer de préférence le système qui préfère choisir de construire deux résidences pour certains à Port-au-Prince plutôt que d'investir dans l'électricité 24/24 dans les hôpitaux universitaires? Pourquoi ne pas critiquer ce système qui préfère payer deux consultants pour un responsable, au lieu d'investir dans les intrants nécessaires pour le fonctionnement de l'Hôpital Universitaire Justinien (HUJ), Hôpital de l'Université d'Etat d'Haïti (HUEH), Hôpital Universitaire la Paix (HUP)\ Maternité Isaïe Jeanty (MIJ), etc?

Pourquoi ne pas critiquer ce système qui préfère investir des millions pour refaire à maintes reprises des élections au lieu d'investir dans la santé de ce pays? Un gamin est mort par plaie par balle et cela nous révolte tous. Ça nous a toujours révoltés d'ailleurs. Car ce n'est pas à la lumière de la grève que soudainement notre "humanité" s'est réveillée, désinhibée pour le "petit peuple", comme on se plaît à le dire. Vous voyez ce gamin décédé, docteur, il aurait pu l'être même si l'HUEH fonctionnait. Et c'est ce qui se passe assez régulièrement. Car lorsque les résidents et les internes auraient sué sang  et eau pour le préparer, un manque d'oxygène, de fentanyl, de paquet, ou de n'importe quoi aurait pu empêcher l'intervention chirurgicale. Il aurait pu être sur la table, le ventre ouvert, et l'électricité coupée, la machine d'anesthésie perdant pression, il serait donc réveillé en catastrophe pendant qu'il bénéficiait d'une laparotomie. L'hôpital ne nous a pas seulement méprisés et frustrés, il nous a aussi traumatisés, docteur! J'ai dû finir une laparotomie sur un patient vivant! Complètement réveillé! Hurlant de douleur parce que la machine anesthésique a perdu pression par coupure d'électricité. J'ai déjà dû finir une résection avec anastomose intestinale avec un "flash" comme source lumineuse.(voir photo).
L'autre question valable serait, pourquoi autant d'insécurité, d'armes illégales et d'impunité dans notre pays qui conduisent à favoriser la plaie par balle abdominale chez un adolescent de 15 ans? Personne ne s'en soucie. Parce que femmes et enfants vivent aux USA.  Donc l'état du pays ne les concerne pas. Personne ne s'en soucie parce que bénéficiant de per diem, ils pourront voyager si un souci de santé se présente. Mais ils ont tous oublié qu'une crise cardiaque ne pardonne pas, qu'une plaie par balle n'attend pas, qu'un ACV ne leur permettra  pas de prendre l'avion!

Nous avons vu défiler à l'HUEH de grosses personnalités, qui, ayant parcouru tous les hôpitaux privés, atterrissent à l'HUEH. Ils se font opérer ou dialyser en catimini et se réfugient rapidement vers un hôpital privé, pour ne pas vivre la honte que leurs amis les visitent à l'HUEH. Pourtant, ils y sont venus, parce que c'est là qu'ils ont trouvé des soins gratuits et des médecins disponibles 24/7. Car à une certaine heure, dans un pays où l'insécurité bat son plein, les spécialistes ont peur de sortir tard la nuit, même pour une urgence.

Alors où se tourner? Les hôpitaux publics universitaires! Ainsi, pourquoi ne pas les protéger, les encadrer, les soutenir? Il ne faut pas attendre qu'un proche soit victime pour ouvrir les yeux sur ce système. Oui, il aurait pu être un parent à nous. Car effectivement nous avons perdu beaucoup de parents, amis, alliés, impuissants dans un hôpital en dysfonctionnement. Ce n'est pas parce que quelqu'un vient à l' HUEH, HUP, HUJ, MIJ, etc., qu'il doit être mis par terre et non sur un lit. Pourquoi? Parce qu'il ne peut pas payer? Parce que ceux qui viennent dans les hôpitaux publics sont de la classe économique faible, ils n'ont pas droit aux soins standards?

 Et les médecins qui s'occupent de cette majorité pauvre doivent vivre dans l'insalubrité, comme des mendiants? On se plaît à dire que nous faisons souffrir et laissons mourir les plus démunis. Mais ils étaient déjà en train de souffrir et mourir! Nous ne voulons plus être complices de leur souffrance et de leur mort. Assez! L'éducation est une priorité; mais si les enfants sont malades, comment étudieront-ils? Le tourisme est peut-être une priorité, mais quel touriste va venir dans un pays où les soins de santé ne sont pas fiables ni standardisés? L'agriculture est peut-être une priorité, mais qui soignera le cultivateur quand il tombera malade? La santé n'est pas une priorité mais la priorité! Merci déjà de rejoindre la cause et d'aider à faire la plaidoirie de l'amélioration du système afin de promouvoir la santé pour tous, sans distinction de classe et de faire de la santé la priorité dans le pays.

Dr Danielle Benjamin, résidente IV en chirurgie générale (HUEH)

Friday, April 22, 2016

Le chanteur et musicien américain Prince est décédé jeudi à l’âge de 57 ans

Prince Roger Nelson, plus connu sous le nom de Prince
L’artiste funk et pop figurait parmi les grandes stars de la musique.


Après la disparition de David Bowie en début d'année, les fans de musique sont à nouveau attristés. Avec surprise, ils ont appris jeudi soir le décès de Prince Roger Nelson, plus connu sous le nom de Prince. Auteur de 39 albums, l'artiste noir américain a marqué les années 1980 et 1990. Il a composé de nombreux tubes dont Purple Rain, Let's Go Crazy, Little Red Corvette, Sign O'The Times, Girls And Boys, Kiss, Cream, Get Off qui ont fait danser des millions de personnes à travers le monde.
Le « Kid » à la guitare dès 7 ans
Surnommé « le Kid de Minneapolis » (« le gamin de Minneapolis » sa ville natale) à cause de sa petite taille de moins d'1,60 mètre, il affirme très vite sa personnalité. À l'âge de 7 ans, il compose son premier morceau. Il joue du piano et de la guitare électrique offerte par son père.
À 19 ans, il est déjà célèbre à Minneapolis. Il séduit le public par sa présence et sa façon de jouer de la guitare à la manière des rockers. Il signe alors un gros contrat avec la maison de disque américaine Warner Bros. Le succès arrive ensuite…
En 1982, la chaîne musicale MTV diffuse deux clips à longueur de journée : celui de Michael Jackson, Billie Jean, et celui de Prince, Little Red Corvette. Les deux stars mondiales se sont affrontées à coups de morceaux géniaux et d'univers totalement différents. C'est l'époque des ventes de disques records et d'une compétition entre les deux hommes.
Un artiste libre et complet
Avec l'argent gagné grâce au succès du film Purple Rain et de sa musique, Prince fait construire Paisley Park, un lieu de travail où il enregistre ses chansons. Excellent musicien, il ose des compositions originales et se fait plaisir. Peu lui importe le succès passé, il fait de la musique comme il le veut.

Le succès revient en 1989 avec la bande originale du film Batman de Tim Burton. Puis l'album Diamonds And Pearls paraît en 1991 avant que Prince ne disparaisse un peu des ondes radios. Sa maison de disques ne veut plus de lui, il perd son nom d'artiste et devient The Artist ou Love Symbol. Ses fans apprécient toujours ses expériences musicales quand il se tourne vers le jazz, au début des années 2000. Il choisit alors de diffuser sa musique sur Internet pour rester plus libre de créer.
En 2004, il  est honoré par le Rock an Roll of Fame qui distingue les artistes musicaux aux États-Unis. Il est reconnu comme un inventeur musical, comme un modèle pour de nombreux musiciens actuels. Et ce ne sont pas des artistes comme Pharrell Williams qui connaissent le succès aujourd'hui qui diront le contraire…
Prince lors de sa dernière performance 



Parmi les meilleurs albums de Prince :
1999 (sorti en 1982), Purple Rain (1984), Around The World In A Day (1985), Parade (1986), Sign O'The Times (1987), Diamonds And Pearls (1991).
Source : 1jour1actu.com

Saturday, April 16, 2016

Michel Martelly écrit au Président Provisoire Jocelerme Privert


Son Excellence
Monsieur Jocelerme PRIVERT
Président Provisoire
Palais National

Monsieur le Président Provisoire,

Deux mois après la fin de mon mandat et après avoir négocié et signé avec vous, en votre qualité de Président du Sénat, conjointement avec le Président de la Chambre des Députés, un accord de sortie de crise,  le pays est menacé par une crise plus profonde que je voulais éviter.

En effet, en signant cet accord, j’ai voulu éviter au pays une crise politique après le coup du 22 janvier 2016 et contribuer  à l'exercice du jeu démocratique; c’est dans cet esprit que j’ai quitté mes fonctions  à la date prévue par la Constitution, en m’assurant, comme il a été prévu, que le pouvoir soit transmis, le 14 mai 2016, à un Président légitime, issu d’élections.

Dois-je encore vous rappeler, Monsieur le Président Provisoire, que cet accord a été rédigé par vos soins, suivant vos propres termes et conditions et vous en êtes, par la suite, devenu le principal bénéficiaire, responsable direct de sa mise en œuvre ?

Il  est inconcevable qu'après deux présidences à vie consécutives, ayant duré trente ans, le pays ne parvienne, trente ans plus tard,  à organiser des élections qui ne fassent l’objet de contestation et qu’il soit toujours utile de se référer à l’arbitrage de la communauté internationale pour trancher. Ce constat choque tant les observateurs nationaux qu’étrangers.

Il est anormal que certains politiciens haïtiens recourent à tous les stratagèmes, du mieux qu'ils peuvent, pour empêcher la tenue d’élections et que l'on offre au monde entier le spectacle navrant qu'eux tous n’étaient motivés que par des intérêts personnels et mesquins. Un grand nombre de ceux qui se sont montrés hostiles à la tenue des élections se sont fait nommer au gouvernement de transition qu’ils veulent convertir en gouvernement définitif, sans recourir à la voie des urnes, en utilisant tous les artifices. La nouvelle donne consiste à séparer à l’amiable, copain-copain, le pouvoir exécutif avec les sénateurs, comme une sorte de butin de guerre que l’on repartit entre des officiers vainqueurs. Le Sénat est rendu quasiment dysfonctionnel aujourd’hui parce qu’aux sénateurs sont offertes des fonctions administratives à titre de récompense - les Sénateurs abandonnant le Parlement pour devenir ministres.  Cette approche ne va pas tenir la route, Monsieur le Président provisoire.

Le Gouvernement actuel se donne un agenda étendu voire illimité qui ne correspond nullement à son mandat, circonscrit dans l’accord signé entre vous et moi  le 5 février 2016. Cette démarche  ne va pas permettre de résoudre la crise, elle va plutôt l’aggraver.

Il est urgent d'engager le processus d'organisation du second tour des élections présidentielles et qu’un gouvernement légitime soit mis en place dans les délais prévus.  Il serait raisonnable que l'on cesse d'utiliser des subterfuges pour grignoter quelques mois sur les mandats des élus à des fins inavouables.  Le pays ne pourra pas tirer avantage de la répétition de cette situation consistant en cette pratique de vouloir remplacer un gouvernement constitutionnel par un gouvernement provisoire, et le renvoi des élections réglementaires sine die pour laisser un certain temps de gestion à ce gouvernement provisoire.  Je voudrais en connaitre la motivation... Une telle situation va continuer à augmenter la précarité et entacher l'image du pays aux yeux de nos partenaires- bien entendu ceux qui n'ont aucun intérêt dans cette situation... C’est la  raison principale qui m’a porté à choisir, parmi toutes les options, de signer  l'accord du 5 février et partir le 7 février suivant.

Les stratèges de ce gouvernement, qui se croient seuls sur la planète, instaurent  la persécution sous toutes ses formes pour parvenir à leurs  fins. Leur programme majeur a pour nom la "demartellisation".  Ce programme consiste à humilier mes anciens collaborateurs et paradoxalement, ceux-là même qui m'ont accompagné jusqu'aux derniers jours de mon mandat. Cette manière de faire démontre l'incohérence et l'inconsistance de ces persécutions qui fragilisent la démocratie et anéantissent l'esprit démocratique. Une première tactique a consisté à les accuser de choses auxquelles ils sont complètement étrangers, que personne n'a établi. Quand ils considèrent devoir se défendre, ils sont directement menacés, accusés de contester des déclarations du Président et privés de leur liberté de mouvement. Un Commissaire du Gouvernement, ex-député du peuple, qui n’est pas juge des comptes des fonctionnaires  et des Grands commis de l’Etat, commence par établir une liste d’interdiction de départ avant même d’avoir  entendu ses victimes ou d’avoir vu les dossiers qui leur seraient imputables.
Je crois en la nécessité de tout administrateur de l’Etat de rendre compte de sa gestion, cependant si la justice est aveugle, elle ne doit pas se laisser aveugler.

Que la nation prenne garde et reste vigilante pour que la nécessaire et indispensable lutte contre la corruption ne fournisse l’occasion de commettre des injustices criardes, même au nom de la raison d’Etat, autrement comme l’avait si bien dit le Président René Préval, dans une situation semblable «peu de citoyens honnêtes, compétents et sérieux accepteront de se mettre au service de leur pays en se persuadant que l’Etat ne peut être habité que par des malveillants et des médiocres» (sic)

Je n’ai pas signé l’accord du 5 février pour encourager la violation des droits individuels. Combien de fois ne vous est-il pas arrivé, Monsieur le Président provisoire,  de vous prononcer dans des domaines qui ne sont pas les vôtres, en déni des prérogatives et responsabilités des institutions légalement constituées. En déclarant par exemple, plus d'une fois, aux membres du PHTK que leur candidat à la Présidence est classé en 5eme position alors que vous n’êtes pas membre du Conseil électoral !  Qui donc  comptez-vous classer en première position, Monsieur le Président ?

Je vous invite patriotiquement à vous dépasser et à vous éloigner du chant des sirènes, car les chantres ne connaissent pas la douleur ni les responsabilités d’un président de la République. Eux croient que tout lui est possible. Malheur à un président qui croit qu’il peut tout faire. Le seul recours d’un chef d’Etat devant ces situations, c’est la loi ; il doit avoir recours en permanence à la loi. Cela m’a évité bien des égarements même s’il m’a laissé des inimitiés au sein de mon propre camp.  De toute manière, il y a un choix à faire. Il y a beaucoup de voies. Moi j’ai choisi de voir les choses avec hauteur, sans roublardise. Nous devons laisser le temps des dictatures et des violences politiques derrière nous et renoncer à vouloir contrôler le pouvoir par tous les moyens, au risque de maintenir le pays dans l’indignité et le dénuement de ses citoyens.

Si nous voulons travailler à l’instauration de la démocratie en Haïti, nous devons nous y consacrer de manière déterminée et sérieuse, de toute notre force, de tout notre être et de toute notre pensée, tellement la tentation d’aller dans le sens contraire est grande. Le seul garant, c’est le respect de nos institutions. 

C’est dans ce sens que j’avais choisi de rendre visite à tous les anciens Chefs d’Etat vivant dans le pays. Cette décision n’avait pas fait l’unanimité autour de moi. Mais ma volonté de rassembler toutes les élites et toutes les forces du pays pour l’avènement d’une ère de progrès me l’avait dicté. Je l’ai fait pour rassurer. Durant mon 
administration, les libertés politiques ont atteint leur apogée, la presse, le paroxysme de la liberté.  Mes ministres s’exprimaient librement et je n’ai jamais trouvé aucun mal à l’expression de positions contraires. Je n’étais pas le Chef mais le coordonnateur. Je n’ai jamais considéré que j’étais le juge des actes de mes prédécesseurs ou de leurs ministres. Je n’étais pas obligé de marcher sur leurs voies, je pouvais revenir sur certaines de leurs décisions, sans essayer de les mettre en cause. Parce que  la Constitution, qui doit être notre boussole, a fixé la responsabilité de chacun et de chaque institution. Sur mon bureau et ma table de chevet, il y avait toujours un exemplaire de la Constitution. Un Président de la République ne doit jamais être lassé de lire et de relire la Constitution.

Je sais que vous connaissez ce texte par cœur.  On vous attribue, à tort ou à raison, une connaissance approfondie des questions administratives. Je vous encourage à lire et à relire la Constitution, nos lois administratives, les textes de procédure administrative et civile tous les jours et à ne pas vous en écarter, comme je vous supplie, pour le bien du pays, de ne pas vous écarter du texte de l’accord du 5 février que nous avons signé. La patrie vous sera reconnaissante. Ainsi votre rêve sera comblé, vos vœux exhaussés. Vous aurez acquis estime et respect aux yeux des Haïtiens et des partenaires internationaux engagés à nos côtés dans la rédemption du pays. L’Histoire vous rendra témoignage comme un grand patriote…  Avant vous, d’autres ont essayé d’aller dans le sens contraire de l’Histoire, ils l’ont tous regretté.

Les évènements de ces derniers jours m’ont motivé à vous écrire cette lettre. Je le fais en toute humilité et dans un élan patriotique, pendant qu’il est encore temps. Mon patriotisme me commande de vous recommander de ne pas céder à la tentation de ceux qui n’attendront pas le second chant du coq pour vous lâcher.

Veuillez agréer, Monsieur le Président provisoire, les assurances de ma très haute considération. 

Michel Joseph MARTELLY

56è Président de la République d'Haïti

(Sic)