Friday, December 27, 2013

Vas voir Haïti et laisse parler ton coeur …



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Je viens tout juste d’effectuer un voyage en Haïti au cours duquel  j’ai profité pour jeter un regard curieux et critique sur le pays. J’ai    rencontré quelques amis qui sont des gens avisés, honnêtes et impartiaux avec qui j’ai eu du plaisir à échanger sur la situation générale.  Pour résumer mes impressions, tout d’abord, ce n’est pas un fait nouveau d’affirmer qu’un gouvernement Haïtien accuse des faiblesses à plusieurs niveaux.
Dans le cas de M. Martelly, on s’y attendait compte tenu de son amateurisme au niveau politique et son manque d’expérience  en économie.  Son refus de soumettre la loi électorale au prime abord servait de prétexte pour les récents remous de l’opposition. Maintenant que la loi électorale a été approuvée et soumise pour publication dans le moniteur,  l’opposition continue à scander le départ du Président.  Il est donc certain que celle-ci n’envisageait qu’une reprise du pouvoir à tout prix selon les traditions politiques historiques en Haiti.
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En dépit des faiblesses institutionnelles, le gouvernement de Martelly travaille et a réalisé bon nombre de travaux à travers le pays.  On espérait que la croissance économique s’élèverait à 6% pour l’année 2013 en raison des nombreux projets de construction et le relancement de l’agriculture, elle est plutôt à 4%, ce qui est déjà un très grand effort par rapport aux années précédentes.  Cependant, comparé à la République Dominicaine dont le FDI (Investissements Directs Etrangers) s’élève à 4 milliards pour l’année en cours, en Haïti, notre FDI s’élève seulement à 300 millions.  La gestion d’Haïti n'a pas encore retrouvé la confiance des investisseurs étrangers.  L’appel « Haïti Is open for Business » ne résonnera pas si vite chez des investisseurs qui ne sont pas convaincus que l’atmosphère est propice aux affaires.   Et si effectivement ils hésitaient, les récentes manifestations leur auront encore assurés qu’Haïti n’est pas prêt pour l’investissement externe.  Les moyens mis en œuvre pour les séduire ne sont pas suffisants.  C’est le terrain de jeu des politiciens qui ne discernent pas le développement à court, moyen et au long terme.

Les Dominicains, contrairement aux Haïtiens, ont compris l’importance de l’investissement et ont décidé de faire un pacte entre eux afin de favoriser la stabilité pour permettre à la République Dominicaine d’évoluer et d’avancer.   C’est à travers des années de stabilité qu’ils sont arrivés à atteindre un plafond d’investissement de 4 milliard de dollars en un an.  En réfléchissant sur  l’émigration des Haïtiens vers la République Dominicaine à la recherche d’une vie meilleure, on constatera  que leur choix de stabilité dans leur partie de l’ile aura contribué à créer une plateforme pour l’investissement,  une solution économique que les Haïtiens n’arrivent pas à comprendre et à assimiler.  Le premier Ministre essaie tant bien que mal de promouvoir l’investissement, une action qui a toutes ses mérites mais la réussite de ces initiatives dépendrait grandement d’un consensus national entre tous les secteurs de la population en particulier, les politiciens et des organisations de société civile en faveur de la stabilité à court, moyen et au long terme.

Le Président Martelly emploie majoritairement les firmes dominicaines dans les projets de construction,  cela n’a pas empêché que la Cour Suprême Dominicaine ait frappé durement les Haïtiens d’origine en RD.  Bien entendu, Il arrive que les firmes Haïtiennes n’aient pas les mêmes capacités que les grandes firmes Dominicaines bien que certaines firmes de la République voisine accusent aussi des carences au niveau de leur capacité technique.  En Haïti, il n’existe pas de grandes firmes capables d’absorber de très longs kilomètres de routes.  C’est pourquoi dans le passé, les projets de la BID contractaient plusieurs firmes haïtiennes pour l’exécution d’un projet, partageant ainsi entre elles la construction de plusieurs kilomètres de route.   Cette modalité d’exécution s’était avérée inefficace à cause des problèmes de coordination qui s’en résultaient.  Des firmes haïtiennes sont retenues surtout pour la supervision et l’évaluation.

Ceux qui analysent la situation du conflit entre la RD et Haïti se rendent compte du silence de Martelly en Haïti face à ce conflit.  Y aurait-il des deals entre le gouvernement Haïtien et la RD ? on n’en sait rien mais toujours est-il que son silence est particulièrement suspect dans les milieux intellectuels.

La commission des Marchés publics a été créée sous le gouvernement de transition pour plus de transparence dans l’exécution des projets de l’Etat Haïtien.  Le gouvernement semble passer outre des règlementations de la Commission pour attribuer des contrats sans appel d’offres, c’est ainsi que des firmes dominicaines dominent le marché de la construction.  Est-ce parce que les firmes Haïtiennes ne sont pas sérieuses ou est-ce à cause des pots de vins perçus des Dominicains ? Il est un fait certain que beaucoup de firmes haïtiennes ne sont pas fiables cependant il est important de responsabiliser les firmes et les entrepreneurs Haïtiens afin qu’ils s’améliorent dans un contexte ou la compétitivité demeure un facteur clé du développement d’Haïti.

En analysant les activités du Ministère des Affaires sociales, l’équipe gouvernementale fait preuve de progressisme dans sa manière de gérer le pays.  Les divers programmes sociaux du Président font de lui un homme d’Etat penché vers la gauche plus que vers l’extrême droite au travers duquel on l’identifie.  Beaucoup le reconnaissent cependant le rôle de sa femme au sein de son gouvernement est mal vu par le public.   Son Statut de première dame ne lui confère aucune autorité pour gérer des projets ni des fonds du gouvernement.  Ils devraient savoir que l’implication de leur fils au sein du gouvernement constitue un conflit d’intérêt.  Il est évident que son salaire exorbitant ferait froncer des sourcils.  En tout cas, beaucoup de spéculations semblent planer sur l’équipe présidentielle qui doit prendre des dispositions pour afficher plus de transparence dans la gestion des affaires gouvernementales.  La transparence, le sens du dialogue et une certaine visibilité sur la gestion du gouvernement réduirait les inquiétudes et les spéculations.

Le Ministre des Finances a été présenté comme un homme très sérieux cependant, il peut être contraint à dévier de ses objectifs sur demande d’un exécutif qui se croit tout puissant.  Espérons que les membres de la cour supérieure des comptes soient installés non à travers des pro et anti-Mickistes mais par des citoyens neutres qui remplisseraient leur fonction de contrôle.

En traversant la route « neuf », je me suis heurtée à  des fouilles et des barricades, il parait que les gangs de cité soleil sont de nouveau à l’action.  Ce quartier est redevenu une zone de non-droit que des groupes austères au gouvernement veulent transformer en siège de gangs armés.  On comprendra alors pourquoi Haïti n’est pas prêt à avancer.   C’est bien dommage !

Il est grand temps pour que des Haïtiens sérieux, compétents, intègres et désintéressés au pouvoir politique s’impliquent pour effectuer le changement nécessaire à la base de manière à établir les fondations de base pour le renforcement des institutions et pour une meilleure gestion de l’administration haïtienne.


Par: Emmanuelle Gilles

Port-au-Prince, Haïti vers les années 40 ...

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