Saturday, February 17, 2007

A la recherche des personnages légendaires d'Haiti

 Par : Herve Gilbert 02-16-07
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Jérémie n'a pas produit seulement des poêtes, des hommes de lettres et des écrivains... Il y a des noms, des personnages légendaires comme Louis Jean Beaugé, Antoine Nan Gonmye qui ont traversé le temps et l'espace...


Qui est Louis Jean Beaugé ? « Ou Sé yon Louis Jean Beaugé »

Guyrlène Beaugé
Louis Jean Beaugé fut un militaire cantonné à la garnison de Jérémie au début du 20ème siècle. C'est un ascendant de l'illustre famille Beaugé de Jérémie qui a donné à la ville un brillant directeur de Lycée, Maitre Clément Beaugé, professeur de langue par surcroît au cours des années 1960, un écrivain poête; un amant du microphone Max Beaugé qui milite dans la radiodiffusion au Canada jusqu' à aujourd'hui ; Guyrlène Beaugé, la première Noire nommée Juge à la Cour supérieure au Québec. Et une autre belle tête de femme, Jacqueline Beaugé Rosier qui est l'auteure du poème « Conte de l'enfance aveugle » dit par Anthony Phelps sur son disque. Jacqueline  a également écrit un roman sur l'une des plus belles plage de Jérémie : Les Yeux de l'Anse-du-Clair. C'est un récit où se dénouent les boucles temporelles de la jeunesse, un long métrage de l'autrefois qui expose les détails de l'époque où la jeune fille que fut l'auteure cherchait sa place dans le monde, entre « la lampe clignotante des autels de marbre » et le parfum de l'encens émanant du « disque d'or de l'encensoir ».Ils ont presque tous émigré au Canada entre les décennies1960 et 1970 à part Guylène Beaugé descendant de la famille, née au Canada. 

Louis Jean Beaugé était craint dans le milieu de Jérémie où il était en service parce qu'il ne mâchait pas ses mots. Ses ordres devaient être respectés, il n'avait  peur de personne; c'était un homme debout, un vaillant garçon, un nègre "guinen", un adepte du vaudou. Il était l'héritier d'un "lwa" familial qui habite non loin de la ville des Roseaux à 5 ou 6 kilomètres de la ville de Jérémie.

Max Beaugé
Louis Jean Beaugé ne reculait devant aucun danger parce qu'il était assisté ou protégé par son saint ou « loa » qui veillait sur ses pas. Son pouvoir mystique avait été mis à l'épreuve le jour où un événement politique provoqua lesoulèvement de toute la population ayant mis alors les forces de l'ordre en échec.

Le Commandant de la Place était aux abois. Louis Jean Beaugé se détacha de sa troupe et donna l'assurance à son Chef hiérarchique qu'il pouvait rétablir seul l'ordre dans la ville. C'est sur cette épave de Ti Simone où se tient debout le garçonnet que Louis-Jean Beaugé s'immortalisa en un personnage légendaire.


Louis Jean Beaugé se rendit au bord de mer de Jérémie; se saisit d'une chaloupe. Il pagaya jusqu'au fond de la mer pour accoster les épaves d'un bateau connu sous le nom de Ti Simone, lesquelles étaient plantées non loin du port de Jérémie. Ce bateau qui avait fait naufrage dans le temps laissait émerger une plate-forme qui a servi de reposoir à des générations de nageurs, y compris celle de mon époque, quand ils faisaient sportivement des va-et-vient dans la mer avant de regagner le rivage.

Jacqueline Beaugé Rosier
Au vu et au su de tout le monde Louis Jean Beaugé se hissa sur Ti Simone comme podium et tourna sa face vers la ville de Jérémie. Il leva ses deux bras pour exécuter des tours mystiques que tout le monde perçut. Parpeur, ou par pression purement psychologique tout le monde s'empressa  de vider les lieux. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudreà travers la ville de Jérémie qui se calma tout de suite comme l'avait promis ce soldat sans peur. Louis Jean Beaugé s'immortalisa en devenant un personnage légendaire qui a traversé le temps et l'espace. Ainsi on appelle Louis Jean Beaugé ordinairement en Haïti celui qui fait montred'une bravoure extraordinaire ou qui n'éprouve aucune crainte face au danger.


Ces informations nous ont été communiquées par l'un des membres de la famille de Louis Jean Beaugé, ce membre vit à Ottawa.  





Une vue de la rade de Jérémie
 



Une vue de le rivière de la grand'Anse, les "pipirites" construites en roseaux sont utilisées pour transporter les aliments dans les banlieues avoisinantes telles que: Moron, Marfranc,Tessier, Voldrogue, Gébeau etc...





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C'est sur cette épave de Ti Simone ou se tient debout le garçonnet  que  Louis-Jean  Beaugé   s'immortalisa en un personnage légendaire.

Une vue du pont de la Grand'Anse, ce pont a été bâti par le Gouvernemennt de Durmasais Estimé
                                                   
 Qui est Antoine nan Gonmye ?  
Sa’m wè pouwou, antwàn nan Gonmye pa wè’l
(ce que je prévois pour vous, Antoine Nan Gommier lui-même ne peut le voir)
Antoine Nan Gonmye (dans le Sud) habitait la plaine des Gommiers (4ème section commune des Roseaux, arrondissement de Corail, département de la Grande-Anse).  La dénomination de cette localité non loin de Jérémie est due à l’abondance d’arbres producteurs de gommes ou résines.  Rulx Léon renseigne que le vrai nom de Nan Gommier était Antoine Pintro et qu’il était un griffe clair.


Une vue de la grand-rue ( basse ville de Jérémie)

Antoine était un “houngan”, selon des gens dont il aurait servi les grands-parents.  Il possédait des facultés surnaturelles et aurait prédit beaucoup d’évènements qui se sont réellement passé par la suite.  Il faisait des prédictions pour les régions du sud et pour les gens qui venaient le consulter.  Il était, disait-on, doté de puissances invisibles qui lui permettaient de lire dans le passé, le présent et l’avenir.  La tradition voulait qu’Antoine fût toujours au courant à l’avance de l’arrivée de ceux qui venaient chez lui.  “et, chaque fois qu’il s’agissait d’une personnalité de marque, politique, militaire ou civile, il envoyait une monture à sa rencontre pour l’impressionner.”  Le consultant n’avait jamais besoin d’exposer l’objet de sa visite, ceci étant déjà connu d’Antoine. 

Ofoulio, ce cubain d'origine, était un coiffeur
 ambulant à Jérémie
Selon Dr. Léon, Antoine avait le don de télépathie; il n’avait qu’à fermer ses yeux, se recueillir et regarder en lui-même avant d’exprimer ses révélations.  L’auteur cité relate des faits qui lui ont été révélé par MM. Jean-Joseph et Etzer Vilaire.  Antoine était en mesure de prévoir le nombre de visiteurs; quand ces derniers devaient rester à dîner, il savait la quantité de mets et de couverts à préparer.
Voyons Antoine Nan Gommier à l’oeuvre: une fois, il gronda un jeune homme qui, en cours de route, rechignait pour venir chercher un remède pour un parent malade.  Une autre fois, Mlle Eugénie Vilaire, institutrice, emmenait ses élèves en promenade.  Antoine les vit passer et s’écria: “Promenade de malheur!…” Peu après, un des enfants manqua à l’appel et fut retrouvé la tête broyée entre deux chalands en réparation sur le rivage.  Un directeur d’usine avait perduun révolver et désespérait de le retrouver.  Il fut conseillé de voir Antoine qui lui annonça à raison de sa visite, puis lui décrivit le voleur et lui indiqua un panier à linge sale où l’arme se trouvait.  Celui-là trouva l’arme là où Antoine lui avait indiqué.  Quelqu’un disparut à jérémie; après maintes recherches, on pensa à Antoine qui révéla l’objet de sa visite et dit d’aller sur X habitation, qu’un chien les mettrait sur la piste du cadavre.  Arrivés sur les lieux, le chien de leur ami sorti d’un bosquet et montra les dépouilles de son maître.  Deux personnalités visitaient Antoine, il insista pour que l’un des deux partit, l’autre demanda pourquoi.  Antoine répondit qu’il n’avait pas beaucoup de temps à vivre et qu’il ne voulait pas que l’homme mourût chez lui; celui-ci mourut avant d’atteindre son domicile.  Mlle vilaire raconta qu’étant fillette, Antoine sortait du cabinet d’avocat de son père et dit:” Votre enfant a une grande t­âche au dos, ce n’est pas grave.” Au départ d’Antoine, une large dépigmentation que personne n’avait remarqué y fut réellement constatée.
Antoine Nan Gommier a laissé une réputation qui a largement dépassé les limites territoriales de Jérémie et même du Sud de l’Île”.  Les haïtiens ont coutume de dire: “Sa’m wè pou wou, antwàn nan Gonmye pa wè’l(ce que je prévois pour vous, Antoine Nan Gommier lui-même ne peut le voir).
Sources:
Milo Rigaud, La Tradition voudoo et le Voudoo haïtien (son temple, ses mystères, sa magie), Editions Niclaus,Paris 1953, pp 71, 72.
Rulx Léon, simples propos d’histoire, Imprimerie H. Deschamps, Pau-P, 1979, pp 133,134.


Par : Herve Gilbert hergil55@yahoo.com
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Une vue aérienne partielle de Jérémie, une ville à la forme d'ampitheâtre.



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