Monday, April 24, 2017

Macron favori face à Le Pen pour le second tour

Marine Le pen (à g)et Emmanuel Macron (à d)vont au 2ème tour
Le jeune pro-européen Emmanuel Macron part favori dans la bataille lancée lundi pour le second tour de l'élection présidentielle française, le 7 mai, face à la dirigeante d'extrême droite anti-mondialisation Marine Le Pen, duel qui exclut les deux grands partis traditionnels.
Marine Le Pen qui réalise ses meilleurs scores dans les zones rurales, les petites communes, les régions qui ont pâti de la mondialisation est repartie sur le terrain dès lundi matin avec un déplacement dans le nord de la France.
Le premier tour du scrutin, marqué par une participation massive de près de 80%, signe l'élimination sans précédent des deux grandes formations de droite (Les Républicains) et de gauche (Parti socialiste) dans la course finale à l'Élysée, au profit de deux candidats aux antipodes portés par le désir de renouvellement politique des Français.
Au terme d'une campagne présidentielle de plusieurs mois riche en rebondissements et au suspense inédit, le centriste Emmanuel Macron, 39 ans, est arrivé en tête du premier tour dimanche, avec 23,75% des suffrages, suivi par la dirigeante du Front national, 48 ans, avec 21,53% des voix, selon des résultats définitifs.
Les «Unes» des quotidiens français résument le choc de ce premier tour et les enjeux à venir: «la droite K.-O.», titrait le journal de droite le Figaro. Le quotidien de gauche Libération affichait une photo de Macron avec le titre: «À une marche» (de l'Élysée), allusion à son mouvement En marche! «Jamais!» s'exclamait pour sa part le journal communiste l'Humanité avec une photo de Marine Le Pen.
«En une année, nous avons changé le visage de la vie politique française», a lancé Emmanuel Macron devant ses partisans réunis dimanche soir à Paris.
Le résultat de l'ancien ministre de l'Économie et les pronostics de victoire liés aux reports attendus des voix en sa faveur pour faire barrage à l'extrême droite est «le scénario parfait dont le marché rêvait désespérément», selon Sebastien Galy, analyste chez Deutsche Bank AG à New York, après le vote du Brexit en juin dernier au Royaume-Uni et l'accession du protectionniste Donald Trump à la Maison-Blanche outre-Atlantique.
Devant ses soutiens, Mme Le Pen s'est pour sa part réjouie d'un résultat «historique», avec un record de voix à 7,6 millions de voix, selon les résultats quasi-définitifs. «La première étape est franchie», a affirmé la candidate, dont la qualification au second tour était pronostiquée par tous les sondages depuis 2013.
Le conservateur François Fillon, plombé par le scandale autour des emplois fictifs présumés au profit de sa famille, a enregistré une humiliante défaite, à 19,91% des voix, au coude-à-coude avec le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon qui fait une percée record après sa campagne atypique axée sur la volonté d'une refonte des institutions de la République.
Le socialiste Benoît Hamon a lui subi de son propre aveu un «désastre», avec 6,35% des suffrages, à l'issue d'un quinquennat socialiste.
«Front républicain»
Jamais élu, M. Macron est en bonne position pour succéder au président sortant François Hollande et devenir le plus jeune président de la République de l'Histoire, devant Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873).
La majorité de la classe politique française de droite comme de gauche a appelé à «faire barrage» à l'extrême droite, dont les candidats battus François Fillon et Benoît Hamon.
Ce serait une «faute morale de ne pas barrer la route à l'extrême droite», a insisté lundi Thierry Solère, ex-porte-parole de M. Fillon.
Un «front républicain» qui rappelle l'élection présidentielle de 2002 qui avait vu le fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, père de Marine, se qualifier au second tour du scrutin face à Jacques Chirac avant d'être battu à plate couture (17,79%) du fait du rassemblement contre lui.
Aux antipodes sur plusieurs thèmes -ouverture/repli, identité/diversité, libéralisme/protectionnisme- , le duel du 7 mai prochain promet d'être polarisé autour de deux thèmes centraux: l'Europe et la mondialisation.
«Le grand enjeu de cette élection est la mondialisation sauvage qui met en danger notre civilisation», a affirmé Mme Le Pen qui prône fermeture des frontières, sortie de l'euro et moratoire sur l'immigration.
«Soit nous continuons sur la voie de la dérégulation totale, soit vous choisissez la France», a-t-elle dit dimanche.

Emmanuel Macron, lui, veut porter «la voix de l'espoir» pour la France et «pour l'Europe», et devenir «le président des patriotes face à la menace des nationalistes». Le candidat centriste a d'ores et déjà reçu un soutien appuyé de la chancellerie allemande.

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