Sunday, February 7, 2016

Michel Martelly quitte le pouvoir, Haïti n'a plus de président

Sunday, February 7, 2016

Michel Martelly quitte le pouvoir, Haïti n'a plus de président

Michel Martelly a officiellement quitté son poste de chef d'Etat,
 ici accompagné de sa femme Sophia, au Parlement, à Port-au
-Prince,le 7 février 2016                                                             
Michel Martelly a achevé son mandat sans transmettre le pouvoir à un successeur à cause du report sine die des élections. En donnant hier son dernier discours à la nation, il a exprimé ses regrets face à cette situation inédite pour le pays.

Michel Martelly a expliqué qu'il assumait seul ses échecs et son plus grand regret a été « celui d'élections présidentielles différées ». Il n'a donc pas transmis son écharpe bicolore à son successeur, mais c'est le président de l'Assemblée nationale qui l'a reçue avant que ce symbole du pouvoir exécutif ne soit déposé au musée national, pour l'histoire.
Dans son discours écrit en français et en créole, Michel Martelly a été solennel, en appelant les Haïtiens à continuer à croire au changement, mais, fidèle à son fort tempérament, il a aussi taclé ses détracteurs, saluant au passage sa femme et son fils aîné, accusés par les opposants de détournements de fonds publics. Devant les députés, sénateurs, ambassadeurs étrangers et journalistes, Michel Martelly s'est dit lui prêt à répondre devant le tribunal de l'Histoire.
L'Histoire se rappellera, malgré vents et marées, bon gré, mal gré, la pierre que j'aurai apportée à l'édification d'une Haïti plus belle. Elle se rappellera aussi de mes échecs que j'assume, seul ! Je voudrais vous dire, vous, peuple haïtien, que je vous aime
Source : RFI  via la  correspondante à Port-au-Prince,  Amélie Baron

Saturday, February 6, 2016

FLASH: Haiti - US Marines READY to be Deployed on Haitian Soil

US MARINES OFF SHORE – READY TO INTERVENE AT THE FIRST SUGGESTION OF VIOLENCE, AS PRESIDENT MARTELLY LEAVES A POWER VACUUM, WITH HIS DEPARTURE

Secretary of State John Kerry deployed Ambassador Kenneth Merten to Haiti last night, for a meeting with outgoing President Martelly – to ensure his safe departure is guaranteed Sunday Feb 7th.

As a precautionary measure, SOUTHCOM has ordered the mobilization of a Strategic Amphibious Platoon, of the United States Marine Corp, based at Camp Lejeune, North Carolina

A unit of this type is made up of 300 officers and men.
This is a precautionary measure, in case of civil unrest in Haiti where over 25,000 United States Citizens reside. The so-called political opposition has promised violence, starting Sunday afternoon.
SOUTHCOM is planning this contingency to protect American lives against any violent acts.
Troops can be launched off a Tarawa Class assault vessel, probably holding off the coast of Haiti, at this time.

Haiti- Crise: le G8 dénonce le "prétendu" accord entre Martelly et "certains parlementaires"

                                               
Le G8 s’est prononcé contre la signature de l’accord entre l’Exécutif et le Législatif ce samedi 6 février 2016. Le Groupe des 8 candidats qui a tenu tête jusqu’ici au Président Martelly et au Core Group a  dénoncé le caractère anti-peuple et antidémocratique de l’accord
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Le G-8 condamne le caractère anti-peuple et antidémocratique du prétendu accord intervenu entre le président Michel Joseph Martelly et certains parlementaires.Le groupe des candidats à la Présidence engagés dans le processus électoral communément appelé Groupe des 8 (G-8), a pris connaissance, par voie de presse, de la signature d’un prétendu accord intervenu entre le président Michel Joseph Martelly, les sénateur et député Jocelerme Privert et Cholzer Chancy agissant au nom du Parlement, lequel est partie du problème.
Le G-8 note que ce prétendu accord tente de valider les élections de 2015 comme si elles étaient régulières, sans tenir compte des contestations populaires ayant entraîné de nombreuses victimes au sein du peuple revendicatif et des casses au niveau de la société. Il s’agit là d’une provocation, d’un mépris inacceptable par les signataires du prétendu accord pour les masses populaires et paysannes ainsi que les classes moyennes.
Le G-8 condamne les manœuvres grossières de certains acteurs qui, pour tenter de se justifier, entreprennent, de manière malsaine et éhontée, une campagne de désinformation contre le G-8 prétextant qu’une rencontre aurait eu lieu entre le G-8 et le président Michel Joseph Martelly en vue de dissoudre le parlement. Le G-8 n’est pas un groupe clandestin : toutes ses positions sont publiques.Les détracteurs du G-8 laissent aussi entendre que le G-8 supporte le Président de la Cour de Cassation, Me Jules Cantave, dont le mandat serait arrivé à terme en décembre 2015. En plus que c’est faux, le G-8 n’a jamais cité le nom d’un juge dans sa proposition, mais a toujours souhaité que ce soit : « le président de la Cour de Cassation à défaut le vice-président ou le juge le plus ancien ». Quel juge de la Cour de Cassation dont le mandat serait arrivé à terme pourrait continuer à siéger, à rendre des décisions au nom de la République, la loi et la justice ? Quel serait le sort des décisions rendues par ce Magistrat de la Cour? Quelle absurdité !
Ces gens prétendent aussi que les juges de la Cour de Cassation qui siègent depuis six, sept ans ou plus étaient mal nommés. Pourtant les partisans de cette thèse font promotion pour l’élection comme président de la République d’un sénateur frappé d’inéligibilité absolue parce qu’il est entré au Sénat sans la décharge obligatoire de sa fonction, un responsable de la falsification de la constitution amendée. Quelle imposture !
Le G-8 renouvelle sa proposition de sortie de crise passant par la Cour de Cassation et conteste la proposition du président Michel Joseph Martelly, du sénateur Jocelerme Privert et de Cholzer Chancy pour les raisons suivantes :
1.- Le Parlement fait partie de la crise et ne peut pas, par voie de conséquence, décider de la solution ;
2.- Ce prétendu accord est la position d’une frange de l’International supportée par les classes dominantes et leurs serviteurs ;
3.- Ce prétendu accord tente de valider en douceur les élections de 2015 sans aucun égard pour le peuple revendicatif ;
4.- Ce prétendu accord ne symbolise aucun espoir pour les masses populaires et paysannes ni pour les classes moyennes ;
5.- Ce prétendu accord ne prend pas en compte le consensus général intervenu dans la société pour confier le pouvoir à la Cour de Cassation qui a toujours fait preuve de désintérêt pour les fonctions politiques et qui a toujours joué un rôle positif en matière de résolution de crise politique ;
6.- Ce prétendu accord vise à différer une crise qu’il faut plutôt résoudre ;
7.- Ce prétendu accord est intervenu au moment où des anciens militaires sont déployés par le pouvoir pour bloquer les élans démocratiques du peuple haïtien. Les signataires de ce prétendu accord approuvent cette tactique en passant sous silence dans leur proposition un événement si grave intervenu justement le jour de leur accord ;
8.- Ce prétendu accord tend à récompenser le gouvernement en place coupable de détournements de fonds publics en faveur des candidats du pouvoir au cours de ces élections ;
9. Les présidents des deux chambres ne peuvent engager les assemblées sans un vote majoritaire préalable ;
10. Les accords politiques entre les pouvoirs exécutif et législatif ne sont pas prévus par la Constitution.
Le G-8 renouvelle son engagement à rechercher avec le peuple revendicatif une solution consensuelle capable de faire renaître l’espoir et d’arriver à la tranquillité des rues.
Le G-8 renouvelle, une fois de plus, sa volonté ferme et inébranlable de continuer à accompagner le peuple haïtien dans la défense de ses justes revendications.
Le G-8 appuie les manifestations populaires pacifiques organisées un peu partout à travers le pays en vue de forcer les responsables de l’Etat à respecter le verdict des urnes.
Plus que jamais Uni et Solidaire, le G-8 renouvelle sa volonté de tout entreprendre, dans le cadre de la loi, pour faire respecter la volonté populaire.
Fait à Port-au-Prince, le 6 février 2016

Michel Martelly seeks immunity from prosecution

CSMS Magazine 
Less than 48 hours before he vacates the presidency, the Haitian president embarks upon a mission to win security guarantee from his adversaries. He wants to make sure that all prospective charges against him be kept at bay and that he be allowed to roam freely like his predecessor René Préval. In a desperate attempt to reclaim the initiative, Martelly has called for an OAS mission which has been completely shunned. Then he tried to negotiate his exit, dumping his Congo Sapeur Jovenel Moise in exchange for names like Deeb and others—people whose records are dubious at best. So far, all has failed. Like a trapped bobcat in the Florida Everglades, his political faith has been sealed. He can only run, but the swamp is too shallow for him to hide.
As a man who suffers from obsessive compulsive disorder (OCD), Martelly can’t imagine himself benched on a docket while waiting to be sentenced for crime against the State—for pillaging the State treasury, for embezzling millions of dollars, for abandonment of an endangered people and for degrading the Office of the presidency to which he had sworn to upload to the highest standard.  
Instead of building democracy, he fomented a kleptocracy and morphed its members into international panhandlers like a parasitic drain, using Haiti’s misery as their best public relation scheme to raise money for themselves and their close associates.    
Martelly’s vulgarism reigns supreme to the very last minutes of his term in office. He is now using bribery and intimidation to win concessions. The problem with that is there is no one in Haiti who can deliver such immunity he is seeking. As it stands now, no Haitian has neither the moral nor the political authority to provide the safe haven he is dying for. Consequently, he has been using scare tactic to force the hands of his enemies. He has activated his wild dogs headed by death squad leader Guy Phillipe, unleashing them to take on unarmed demonstrators who are demanding that he be trialed for treason.
Conceding defeat, he wants to make Haiti pay for her temerity. He has ordered his henchmen to create a bloodbath in order to provoke a US military intervention in the hope that his estranged master would come to the rescue or at the very least would provide him the elusive security he is looking for. In a stunning reversal of fortune, Michel Martelly is learning the harsh reality of those who live at the receiving end of insults, humiliation and starvation. Rolling in the deep was never meant for only those who live in the outer boundaries of society.    
Michel Martelly aka Sweet Micky goes down in history as the most grotesque, queered, indecent, indelicate, offensive, coarse, crude, distasteful, bawdy, pornographic and ultimately X-rated head of state Haiti has ever known. He will not be allowed to shoot his way out of this spider web. The Duvaliers were sadistic, but Micky’s regime, which operated in the narrowest sphere of dictatorship, was never allowed to spoil the show. As an apprentice proxy, he was in constant containment.  
This week, his vulgarism reaches a new high when, in a released soundtrack, he took aim at flamboyant and prolific journalist Lilianne Piere-Paul, throwing all kinds of insults—sexually charged. Indignation has poured in from all corners of Haiti. This also shows an urgency for responsible Haitians to start getting involved in politics. They can’t sit idle and let dirty-foot vagabonds, eccentric charlatans, imbeciles and arrivistes to rule their lives. In the absence of responsible individuals, the boogeymen will fill the void.   
So ill-mannered, Martelly never understood the power that was bestowed in him. As a crack-headed stooge who only bows and wags his tail before his white masters, he could only foresee the presidency as nothing but an opportunity to steal and squander lavishly while millions of his fellow countrymen have resorted to selling their pride, their dignity just to make it through the day.
The next few hours are critical. Haitian compatriots, do not play in the enemy’s own game. Martelly’s provocation must be met with the strongest show of unity. Haiti will live through the dark tunnel to see the better days that lie ahead. Hold firm! Kenbe djanm!

Thursday, February 4, 2016

Haïti: le président Martelly, sans successeur, fait ses adieux

Le président haïtien Michel Martelly
Photo: HECTOR RETAMAL, AFP
Le président haïtien Michel Martelly, sans successeur suite au report des élections, a déclaré jeudi qu'il ne «regrette pas un jour» des cinq années passées à la tête de l'État dans un discours prononcé à 48 heures de la fin de son mandat.

«Je dis merci à tous ceux qui m'ont permis de servir mon pays. C'était un honneur pour moi. Je ne regrette pas un jour, je ne sens pas que j'ai failli une journée», a déclaré ému le président lors de l'inauguration d'un bâtiment du ministère de l'Intérieur, détruit lors du séisme de 2010.
Devant les contestations de l'opposition dénonçant un «coup d'État électoral» fomenté par l'exécutif, le processus électoral a été stoppé, le second tour de la présidentielle reporté sine die.
Levant les doutes sur son éventuel maintien au pouvoir au-delà du 7 février, date fixée par la constitution pour la fin de son mandat, Michel Martelly a confirmé qu'il allait quitter son poste dimanche.
Michel Martelly, dans l'édifice
flambant neuf du  M.I.C.T     
«Je ne veux pas garder le pouvoir un jour supplémentaire, rien ne m'en donne l'envie, je n'ai peur de rien», a-t-il déclaré d'une voix faible en ajoutant qu'il partait «sans regret, sans envie, sans attache. Au contraire je me sentirai plus libre, car les problèmes que je gérais ne seront plus de ma responsabilité».
Dans l'édifice ministériel flambant neuf construit grâce à l'aide internationale, Michel Martelly a fustigé les accusations d'ingérence de pays étrangers.
«On parle de l'ingérence des pays amis avec des termes qui ne sont pas toujours gentils. Moi je dis un gros merci à la coopération parce que je pourrais citer un tas de choses qu'on a réalisé grâce à la coopération», a salué le président devant quelques ambassadeurs étrangers.
Prés. Martelly découvrant la plaque
inaugurale du nouveau bâtiment.   
Alors qu'il était toujours en fonction, le président, vedette de la chanson avant son entrée en politique, a sorti dimanche dernier un tube carnavalesque dans lequel il attaque ses détracteurs dans des paroles à fortes connotations sexuelles, dirigées notamment contre une célèbre journaliste.
Michel Martelly a assumé pleinement la polémique tout en déclarant être «d'accord pour qu'il y en ait qui soient contre». Connu pour son fort caractère, c'est tout de même en murmurant qu'il a avoué: «je voulais le faire, je l'ai fait».
Michel Martelly a versé quelques larmes en embrassant ses ministres avant de quitter les lieux à pied en refusant toute question des journalistes, saluant la foule de curieux gardés à distance par des rangées de policiers lourdement armés.
Agence France-Presse
PORT-AU-PRINCE


Nouveau bâtiment du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales
Courtoisie - Michel Martelly / Facebook
Dévoilement de la plaque inaugurale du nouveau batiment
Vue de la cour du bâtiment



Haiti urgently needs international help overcoming its political crisis

A suporter of presidential candidate Jovenel Moise waves a Haitian
national flag during a march to demand elections be reinstated in
Port-au-Prince, Haiti, on Feb,2                                                    
 


AFTER MONTHS of mounting instability and political violence, Haiti now is days away from a full-bore leadership crisis. The way out of the impasse is unclear. What is clear is that the current, failed president, Michel Martelly, must go.
Under Haiti’s constitution, Mr. Martelly, who took office in 2011, must step down when his term ends Sunday. However, a runoff election to choose his successor was canceled amid street protests and political upheaval last month, leaving no alternate date for a vote and no plan for a democratic transition.
Now Mr. Martelly is suggesting that he may remain in office if there is no consensus on replacing him. That should be a non-starter, given his record of thuggish conduct, mismanagement and poor governance, his contempt for democratic processes, and his complicity in leading the country into its current dead end. Should Mr. Martelly be permitted to retain power, there is every reason to fear that Haiti, with its history of political turmoil, would be in danger of bloody upheaval. The international community cannot allow that to happen.
Demonstrators chant "Down with Martelly" as they
 protest against President Michel Martelly's gover
nment in Port-au-Prince, Haiti, on Jan. 24.          
 (Dieu Nalio Chery/Associated Press)      
There are a number of conceivable exits from the stalemate. None of them would be easily arranged in the absence of strong institutions and trusted legal bodies in Haiti. Any chance of a peaceful resolution will require timely and assertive diplomacy by the Organization of American States, the United States and other influential international actors.
One way forward would be the formation of an interim government — ideally chosen by the National Assembly, not by Mr. Martelly — charged with promptly overseeing new elections. Such a transition might be led by a Haitian Supreme Court justice, by Senate President Jocelerme Privert, by former president René Préval or by another respected figure, and would need to reorganize Haiti’s discredited electoral commission so the country can proceed to a new vote.
Granted, no such interim government would enjoy complete constitutional legitimacy, and there are precious few public figures in Haiti who enjoy broad public backing. Unfortunately, Mr. Martelly is not among them.
If an interim government is constituted, its sole task should be to organize elections as quickly as possible. That would be a difficult job given that six of Haiti’s nine electoral council members have resigned. Moreover, the country’s contentious political culture, poisoned by the autocratic Mr. Martelly, is ill-suited to compromise.
That’s why a strong international hand is required, one that can encourage or, if necessary, coerce the country’s political, civic and business leaders to come to terms on a Haitian resolution.
The history of international intervention in Haiti’s affairs is mixed, at best, and it is undeniable that many Haitians distrust outside meddling. Still, the uncomfortable truth is that Haiti, the hemisphere’s poorest and in some ways most dysfunctional nation, seems ill-equipped for now to manage a transparent democratic transition of leadership on its own. The risk of a vacuum of power is real, and the economy, beset by inflation and a weak currency, is teetering. The country desperately needs an effective government and international help in arranging elections that produce one.

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The Post’s View: After canceling its presidential election, Haiti heads toward chaos

The Post’s View: Haiti on the brink

The Post’s View: Haiti’s expiring democracy

Wednesday, February 3, 2016

Haïti Pour en finir avec l’arnaque

Par:Guy Taillefer Le Devoir 
Guy Taillefer
L’impasse électorale sans précédent dans laquelle se trouve Haïti découle du renversement de Jean-Bertrand Aristide, expulsé de la présidence en 2004 par la communauté internationale. Les Haïtiens réclament ici qu’on leur rende leur souveraineté et les rênes de leur développement démocratique. Leur exaspération n’exprime pas autre chose.


Il ne s’agit pas tant d’aider Haïti que « d’aider les Haïtiens à s’aider eux-mêmes parce que c’est à eux de choisir leur chemin »Dixit le Brésilien Celso Amorim, chef de la mission électorale de l’Organisation des États américains (OEA). On y croirait davantage si la communauté internationale (États-Unis, France et Canada, plus précisément) ne s’était pas employée depuis dix ans à coopter les élites nationales et à leur imposer ses desiderata. En fait, on y croirait davantage si les Haïtiens y croyaient, eux : il est au contraire devenu clair depuis des années qu’ils n’ont plus aucunement confiance dans le système électoral et les politiciens corrompus et corruptibles qui en émergent — ainsi qu’en témoignent les taux de participation proches de zéro qui caractérisent la tenue des scrutins. C’est qu’a succédé au renversement d’Aristide, chassé du pouvoir sous prétexte officiel qu’il souffrait de dérive autoritaire, une espèce de dictature internationale qui ne dit pas son nom.


La société haïtienne aura enduré le très mal élu président Michel Martelly, imposé en 2010 par les États-Unis au terme d’une présidentielle désertée par les électeurs et entachée par la fraude. Elle refuse aujourd’hui de se résigner à la mascarade électorale qui vise à porter non moins frauduleusement au pouvoir son successeur désigné, Jovenel Moïse. Ce qui est encourageant, c’est qu’une dizaine de candidats de l’opposition, à commencer par Jude Célestin, arrivé deuxième au premier tour tenu en octobre, se soient coalisés pour dénoncer les manipulations électorales. Et que, contre l’avis des donateurs internationaux exigeant que se tienne à tout prix le deuxième tour, le Conseil électoral provisoire (CEP) ait eu la lucidité, fût-elle momentanée, de suspendre, pour « des raisons évidentes de sécurité », la tenue du scrutin qui devait avoir lieu dimanche. Cela pourrait annoncer l’amorce d’une reconfiguration utile de la scène politique haïtienne.

Vrai qu’Haïti est à tous égards dans un état épouvantable. Reste que les événements des dernières semaines sont l’expression exceptionnelle de la colère et du désenchantement de la rue haïtienne face à une communauté internationale qui, sous le couvert d’assistance à personne en difficulté, a usurpé le pouvoir et disqualifié les tentatives de construction d’un État un tant soit peu indépendant. « C’est la première fois que les choses sont aussi nettes, disait l’écrivain Lyonel Trouillot la semaine dernière, en entrevue au quotidien LibérationUn conflit s’est installé entre la population haïtienne et “l’international”. C’est la première fois que les Haïtiens expriment un rejet massif de ce diktat sur la réalité haïtienne. »


Se présente ici une occasion pour les Haïtiens de faire un certain ménage. Encore faudra-t-il qu’ils soient entendus. Dans un premier temps, qu’on laisse retomber la poussière dans la mesure du possible. Et que le Canada, pour ne parler que de lui, aide vraiment les Haïtiens « à s’aider eux-mêmes ». Dans cette veine, il est impensable que Martelly soit autorisé à rester au pouvoir au-delà de la fin de son mandat, le 7 février prochain. Il faudra, en toute logique, qu’un gouvernement de transition consensuel soit mis sur pied et qu’un nouveau CEP, recrédibilisé, reprenne depuis le début le processus électoral afin que les électeurs puissent enfin se doter d’un président qui ne leur aura pas été imposé.