Par:Louis Naud Pierre, Ph.D.
Haïti vit actuellement la plus grande crise de son histoire. Pour la surmonter, des propositions se multiplient. Leur point commun est l’établissement d’un lien de cause à effet entre : la défaillance personnelle des tenants du pouvoir actuels et le dysfonctionnement des institutions publiques, produisant la crise. La solution proposée est le départ de ces derniers et l’organisation d’une Conférence nationale. Le reste est un ensemble de formules qui se retrouvent déjà dans les divers documents-cadres de développement d’Haïti adoptés par l’État.
L’idée qui sera développée ici est la suivante : la crise actuelle est une crise de l’intégration et de la régulation de la société dont la structure de base, la Fanmi, se désorganise (Vieux S. H., 2007). Cette désorganisation consiste en une perte d’influence des valeurs et des règles du droit coutumier sur les attitudes des individus qui cherchent satisfaction à leurs désirs de biens rares que sont l’argent, le pouvoir et la gloire dans un monde de compétition sans foi ni loi autre que celle du plus fort et du plus impitoyable. Les institutions – comme l’école, l’entreprise, la religion et l’État, avec son cadre constitutionnel et légal – destinées à intégrer les individus dans ce monde et à y réguler leurs rapports, ont été détournées de leur fonction. Elles ont été transformées par une élite néo-esclavagiste et cupide en ressources pour aliéner, puis exploiter une population totalement zombifiée. La prégnance de l’esprit d’hostilité empêche les individus – qui souffrent de l’enfer inhérent à cette crise – de s’engager dans une discussion éthique en vue d’articuler les valeurs et les règles du droit coutumier avec celles du cadre constitutionnel et légal étatique et de se les approprier.
Louis Naud Pierre, Ph.D.
Sociologue/IDES.