Sept religieux catholiques, cinq Haïtiens et deux Français, ont
été enlevés dimanche à Haïti, a indiqué le porte-parole de la
Conférence des évêques de ce pays pauvre des Caraïbes en proie à une forte
insécurité.
Le groupe,
composé de cinq Haïtiens et de deux Français, a été kidnappé dans la matinée à
la Croix-des-Bouquets, près de la capitale Port-au-Prince, alors qu’il « se
rendait à l’installation d’un nouveau curé », a expliqué le
père Loudger Mazile.
Les
ravisseurs réclament un million de dollars de rançon, a-t-il précisé.
Outre
les deux Français, une religieuse et un prêtre, le groupe comprend quatre
prêtres et une religieuse haïtiens.
La
police soupçonne un gang armé actif dans le secteur, baptisé « 400
Mawozo », d’être à l’origine de cet enlèvement, selon une
source dans ses rangs.
Contactée,
l’ambassade de France n’a pas commenté dans l’immédiat.
Les
enlèvements contre rançon ont connu une recrudescence ces derniers mois à
Port-au-Prince comme en province, témoignant de l’emprise grandissante des
gangs armés sur le territoire haïtien.
« C’en est trop. L’heure
est venue pour que ces actes inhumains s’arrêtent », a réagi dimanche Mgr
Pierre-André Dumas, évêque de Miragoâne joint par téléphone. « L’Église
prie et se fait solidaire de toutes les victimes de cet acte crapuleux »,
a-t-il ajouté.
État d’urgence
En mars, le pouvoir exécutif haïtien avait
décrété l’état d’urgence pour un mois dans certains quartiers de la capitale et
une région de province afin de « restaurer l’autorité de l’État » dans
des zones contrôlées par des gangs.
La mesure est motivée par les actions de
bandes armées qui « séquestrent des personnes contre rançon en le
déclarant ouvertement, volent et pillent des biens publics et privés, et
affrontent ouvertement les forces de sécurité publique », selon l’arrêté
présidentiel.
La violence des gangs et l’instabilité
politique dans le pays ont conduit récemment à des manifestations dans les rues
de la capitale.
Le 3 avril, plusieurs centaines de femmes
ont défilé à Port-au-Prince pour dénoncer l’emprise grandissante des gangs sur
le territoire. Les enlèvements contre rançon touchent indistinctement les
habitants les plus riches, et la majorité vivant sous le seuil de pauvreté.
Haïti, le pays le plus
pauvre du continent américain, est plongé depuis plusieurs mois dans une
profonde crise politique.
Le président Jovenel
Moïse estime que son mandat prendra fin le 7 février 2022, alors que pour
l’opposition et une partie de la société civile celui-ci s’est achevé le
7 février 2021.
Ce désaccord tient au fait que M. Moïse avait
été élu lors d’un scrutin annulé pour fraudes, puis réélu un an plus tard.
Privé de Parlement, le pays s’est encore
davantage enfoncé dans la crise en 2020 et le président Moïse gouverne par
décret, alimentant une défiance croissante à son encontre.
Dans ce contexte politique instable, M. Moïse
a décidé l’organisation d’un référendum constitutionnel en juin.
Source: AFP