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Wednesday, November 30, 2016

L'élection de Jovenel Moïse, «une catastrophe» pour Haïti selon Frédéric Thomas

Le candidat à la présidentielle Jovenel Moise (G) lors d'une
déclaration à la Presse après l'annonce des résultats partiels
le 28 novembre 2016 par le Conseil Electoral Provisoire.     

Par Aude Massiot 


Frédéric Thomas, spécialiste du pays, voit dans la victoire de ce PDG à la carrière opaque un retour en arrière pour les Haïtiens, avec une poursuite des mesures ultralibérales engagées par son prédécesseur et parrain, Michel Martelly.



Lundi, le Conseil électoral provisoire (CEP) haïtien a annoncé, dans un climat de tensions national, les résultats préliminaires de la présidentielle, donnant Jovenel Moïse, 48 ans, vainqueur dès le premier tour, avec 55,6 % des voix. Pour Frédéric Thomas, chercheur en sciences politiques au Centre tricontinental de Louvain-la-Neuve (Belgique), ce scénario est dramatique pour un pays qui tentait, tant bien que mal, de reconstruire ses institutions démocratiques. Jovenel Moïse, choisi par l’ancien président libéral, Michel Martelly, compte renforcer la dépendance de Haïti envers l’aide internationale et les Etats-Unis.



Que savez-vous de Jovenel Moïse ?

Il est le dauphin de Michel Martelly, l’ancien président élu en 2010 [peu après le séisme qui a tué 220 000 personnes, le 12 janvier 2010, ndlr], et qui a terminé son mandat en février. Jovenel Moïse est un homme d’affaires qui vient du nord-est du pays. Il est surtout connu pour être le PDG d’Agritrans, une entreprise de production et d’exportation de bananes biologiques, à destination surtout de l’Allemagne, et première zone franche agricole du pays. C’est un méga projet de 987 hectares, pour lequel Moïse a obtenu 6 millions de dollars [5,6 millions d’euros]du gouvernement Martelly. Ce dernier avait déjà pour objectif de créer plusieurs zones franches, Jovenel Moïse l’a repris dans son programme. Comme l’ancien président, le jeune homme d’affaires a fait sa campagne sur son image d’outsider. Agritrans est néanmoins un projet vitrine très opaque qui rappelle l’opacité de la carrière de Moïse. D’après une récente enquête, il posséderait 14 comptes bancaires et ferait l’objet de soupçons de blanchiment d’argent. Il est très probablement l’homme de paille derrière lequel se cache l’élite économique locale, et Michel Martelly.
Comment expliquer qu’un homme d’affaires impliqué dans de telles affaires soit élu dès le premier tour ?
Il faut déjà noter que le taux de participation a été, une nouvelle fois, très faible : 21 %, selon le CEP. Si on le rapporte à la population totale, cela veut dire que Moïse aurait été élu par 10 % des Haïtiens. Cela montre bien le discrédit de la classe politique pour la population. Si Moïse est arrivé premier, c’est que, pour beaucoup, l’espoir réside en dehors de la classe politique. Martelly était aussi considéré comme un outsider [c’est une ancienne star de kompa, ancêtre du zouk, ndlr], comme avant lui, René Préval (2006-2011), et bien sûr Jean-Bertrand Aristide (2001-2004). Les importants moyens financiers du parti de Moïse, le PHTK, ont aussi joué un rôle dans sa victoire.
Quelles conséquences cette élection peut-elle avoir sur le pays ?
C’est une catastrophe. Il faut regarder le bilan de Martelly pour comprendre : on a observé un recul des droits des femmes ; la société civile a dénoncé l’aggravation des menaces et des violences à leur encontre ; l’ex-président fait l’objet de soupçons de corruption à grande échelle. Jovenel Moïse va poursuivre cette politique ultralibérale. Il a une image moins «showbiz» que son mentor, mais les sources de financement de sa campagne sont opaques. On ne sait pas qui il y a derrière lui.
Est-ce une bonne nouvelle pour les Etats-Unis ?
En effet. Michel Martelly, malgré ses frasques, a reçu jusqu’au bout le soutien des Etats-Unis, de l’Union européenne et de l’OAE [Organisation des Etats américains, un espace de coopération entre 35 Etats américains, ndlr]. Jovenel Moïse aussi. Les autres candidats face à lui s’étaient montrés, eux, plus indépendants. Du moins dans les paroles. En octobre 2015, l’Occident avait condamné le choix du Conseil électoral provisoire d’annuler, pour fraude, les résultats du premier tour de la présidentielle qui donnaient déjà Moïse vainqueur. L’UE avait même retiré sa mission d’observation des élections. Finalement, ce scrutin s’est déroulé sans incident majeur et, pourtant, avec beaucoup moins de financements. C’est un très bon signe, mais l’élection de Moïse va signifier un retour en arrière, et la mise à mal d’institutions démocratiques déjà fragiles.
Comment expliquer ce taux de participation très faible ?
L’abstention dans le pays est généralement de cette ampleur. Avec 21 % de participation, cette fois-ci, on a à peu près le même taux qu’en 2015, et un peu moins qu’en 2010. Cela reflète le clivage très grand qui persiste entre les élites politiques déconnectées et la population confrontée à une urgence quasiment quotidienne. Au-delà des élections, il existe très peu d’activités politiques en dehors du gouvernement. Les partis politiques sont des coquilles vides qui s’animent à chaque scrutin. Le cynisme de la population vis-à-vis de leurs dirigeants est donc justifié. Il faut rappeler que Haïti est le pays le plus pauvre et le plus inégalitaire du continent américain.
Source :Libération




Saturday, April 16, 2016

Michel Martelly écrit au Président Provisoire Jocelerme Privert


Son Excellence
Monsieur Jocelerme PRIVERT
Président Provisoire
Palais National

Monsieur le Président Provisoire,

Deux mois après la fin de mon mandat et après avoir négocié et signé avec vous, en votre qualité de Président du Sénat, conjointement avec le Président de la Chambre des Députés, un accord de sortie de crise,  le pays est menacé par une crise plus profonde que je voulais éviter.

En effet, en signant cet accord, j’ai voulu éviter au pays une crise politique après le coup du 22 janvier 2016 et contribuer  à l'exercice du jeu démocratique; c’est dans cet esprit que j’ai quitté mes fonctions  à la date prévue par la Constitution, en m’assurant, comme il a été prévu, que le pouvoir soit transmis, le 14 mai 2016, à un Président légitime, issu d’élections.

Dois-je encore vous rappeler, Monsieur le Président Provisoire, que cet accord a été rédigé par vos soins, suivant vos propres termes et conditions et vous en êtes, par la suite, devenu le principal bénéficiaire, responsable direct de sa mise en œuvre ?

Il  est inconcevable qu'après deux présidences à vie consécutives, ayant duré trente ans, le pays ne parvienne, trente ans plus tard,  à organiser des élections qui ne fassent l’objet de contestation et qu’il soit toujours utile de se référer à l’arbitrage de la communauté internationale pour trancher. Ce constat choque tant les observateurs nationaux qu’étrangers.

Il est anormal que certains politiciens haïtiens recourent à tous les stratagèmes, du mieux qu'ils peuvent, pour empêcher la tenue d’élections et que l'on offre au monde entier le spectacle navrant qu'eux tous n’étaient motivés que par des intérêts personnels et mesquins. Un grand nombre de ceux qui se sont montrés hostiles à la tenue des élections se sont fait nommer au gouvernement de transition qu’ils veulent convertir en gouvernement définitif, sans recourir à la voie des urnes, en utilisant tous les artifices. La nouvelle donne consiste à séparer à l’amiable, copain-copain, le pouvoir exécutif avec les sénateurs, comme une sorte de butin de guerre que l’on repartit entre des officiers vainqueurs. Le Sénat est rendu quasiment dysfonctionnel aujourd’hui parce qu’aux sénateurs sont offertes des fonctions administratives à titre de récompense - les Sénateurs abandonnant le Parlement pour devenir ministres.  Cette approche ne va pas tenir la route, Monsieur le Président provisoire.

Le Gouvernement actuel se donne un agenda étendu voire illimité qui ne correspond nullement à son mandat, circonscrit dans l’accord signé entre vous et moi  le 5 février 2016. Cette démarche  ne va pas permettre de résoudre la crise, elle va plutôt l’aggraver.

Il est urgent d'engager le processus d'organisation du second tour des élections présidentielles et qu’un gouvernement légitime soit mis en place dans les délais prévus.  Il serait raisonnable que l'on cesse d'utiliser des subterfuges pour grignoter quelques mois sur les mandats des élus à des fins inavouables.  Le pays ne pourra pas tirer avantage de la répétition de cette situation consistant en cette pratique de vouloir remplacer un gouvernement constitutionnel par un gouvernement provisoire, et le renvoi des élections réglementaires sine die pour laisser un certain temps de gestion à ce gouvernement provisoire.  Je voudrais en connaitre la motivation... Une telle situation va continuer à augmenter la précarité et entacher l'image du pays aux yeux de nos partenaires- bien entendu ceux qui n'ont aucun intérêt dans cette situation... C’est la  raison principale qui m’a porté à choisir, parmi toutes les options, de signer  l'accord du 5 février et partir le 7 février suivant.

Les stratèges de ce gouvernement, qui se croient seuls sur la planète, instaurent  la persécution sous toutes ses formes pour parvenir à leurs  fins. Leur programme majeur a pour nom la "demartellisation".  Ce programme consiste à humilier mes anciens collaborateurs et paradoxalement, ceux-là même qui m'ont accompagné jusqu'aux derniers jours de mon mandat. Cette manière de faire démontre l'incohérence et l'inconsistance de ces persécutions qui fragilisent la démocratie et anéantissent l'esprit démocratique. Une première tactique a consisté à les accuser de choses auxquelles ils sont complètement étrangers, que personne n'a établi. Quand ils considèrent devoir se défendre, ils sont directement menacés, accusés de contester des déclarations du Président et privés de leur liberté de mouvement. Un Commissaire du Gouvernement, ex-député du peuple, qui n’est pas juge des comptes des fonctionnaires  et des Grands commis de l’Etat, commence par établir une liste d’interdiction de départ avant même d’avoir  entendu ses victimes ou d’avoir vu les dossiers qui leur seraient imputables.
Je crois en la nécessité de tout administrateur de l’Etat de rendre compte de sa gestion, cependant si la justice est aveugle, elle ne doit pas se laisser aveugler.

Que la nation prenne garde et reste vigilante pour que la nécessaire et indispensable lutte contre la corruption ne fournisse l’occasion de commettre des injustices criardes, même au nom de la raison d’Etat, autrement comme l’avait si bien dit le Président René Préval, dans une situation semblable «peu de citoyens honnêtes, compétents et sérieux accepteront de se mettre au service de leur pays en se persuadant que l’Etat ne peut être habité que par des malveillants et des médiocres» (sic)

Je n’ai pas signé l’accord du 5 février pour encourager la violation des droits individuels. Combien de fois ne vous est-il pas arrivé, Monsieur le Président provisoire,  de vous prononcer dans des domaines qui ne sont pas les vôtres, en déni des prérogatives et responsabilités des institutions légalement constituées. En déclarant par exemple, plus d'une fois, aux membres du PHTK que leur candidat à la Présidence est classé en 5eme position alors que vous n’êtes pas membre du Conseil électoral !  Qui donc  comptez-vous classer en première position, Monsieur le Président ?

Je vous invite patriotiquement à vous dépasser et à vous éloigner du chant des sirènes, car les chantres ne connaissent pas la douleur ni les responsabilités d’un président de la République. Eux croient que tout lui est possible. Malheur à un président qui croit qu’il peut tout faire. Le seul recours d’un chef d’Etat devant ces situations, c’est la loi ; il doit avoir recours en permanence à la loi. Cela m’a évité bien des égarements même s’il m’a laissé des inimitiés au sein de mon propre camp.  De toute manière, il y a un choix à faire. Il y a beaucoup de voies. Moi j’ai choisi de voir les choses avec hauteur, sans roublardise. Nous devons laisser le temps des dictatures et des violences politiques derrière nous et renoncer à vouloir contrôler le pouvoir par tous les moyens, au risque de maintenir le pays dans l’indignité et le dénuement de ses citoyens.

Si nous voulons travailler à l’instauration de la démocratie en Haïti, nous devons nous y consacrer de manière déterminée et sérieuse, de toute notre force, de tout notre être et de toute notre pensée, tellement la tentation d’aller dans le sens contraire est grande. Le seul garant, c’est le respect de nos institutions. 

C’est dans ce sens que j’avais choisi de rendre visite à tous les anciens Chefs d’Etat vivant dans le pays. Cette décision n’avait pas fait l’unanimité autour de moi. Mais ma volonté de rassembler toutes les élites et toutes les forces du pays pour l’avènement d’une ère de progrès me l’avait dicté. Je l’ai fait pour rassurer. Durant mon 
administration, les libertés politiques ont atteint leur apogée, la presse, le paroxysme de la liberté.  Mes ministres s’exprimaient librement et je n’ai jamais trouvé aucun mal à l’expression de positions contraires. Je n’étais pas le Chef mais le coordonnateur. Je n’ai jamais considéré que j’étais le juge des actes de mes prédécesseurs ou de leurs ministres. Je n’étais pas obligé de marcher sur leurs voies, je pouvais revenir sur certaines de leurs décisions, sans essayer de les mettre en cause. Parce que  la Constitution, qui doit être notre boussole, a fixé la responsabilité de chacun et de chaque institution. Sur mon bureau et ma table de chevet, il y avait toujours un exemplaire de la Constitution. Un Président de la République ne doit jamais être lassé de lire et de relire la Constitution.

Je sais que vous connaissez ce texte par cœur.  On vous attribue, à tort ou à raison, une connaissance approfondie des questions administratives. Je vous encourage à lire et à relire la Constitution, nos lois administratives, les textes de procédure administrative et civile tous les jours et à ne pas vous en écarter, comme je vous supplie, pour le bien du pays, de ne pas vous écarter du texte de l’accord du 5 février que nous avons signé. La patrie vous sera reconnaissante. Ainsi votre rêve sera comblé, vos vœux exhaussés. Vous aurez acquis estime et respect aux yeux des Haïtiens et des partenaires internationaux engagés à nos côtés dans la rédemption du pays. L’Histoire vous rendra témoignage comme un grand patriote…  Avant vous, d’autres ont essayé d’aller dans le sens contraire de l’Histoire, ils l’ont tous regretté.

Les évènements de ces derniers jours m’ont motivé à vous écrire cette lettre. Je le fais en toute humilité et dans un élan patriotique, pendant qu’il est encore temps. Mon patriotisme me commande de vous recommander de ne pas céder à la tentation de ceux qui n’attendront pas le second chant du coq pour vous lâcher.

Veuillez agréer, Monsieur le Président provisoire, les assurances de ma très haute considération. 

Michel Joseph MARTELLY

56è Président de la République d'Haïti

(Sic) 







Sunday, March 13, 2016

Le Canada lorgne Haïti pour son retour

Aide ou occupation?
Le Devoir affirmait mercredi qu’Ottawa étudiait l’idée de prendre le relais du Brésil à la tête de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Il y aurait, à notre avis, mieux à faire pour contribuer au développement d’Haïti que d’y envoyer en masse nos Casques bleus.

Ottawa n’a pas encore tranché, mais déciderait-il d’investir l’île de ses Casques bleus que nous jugerions l’initiative mal avisée. Le fait est que la MINUSTAH, créée dans la foulée du renversement de Jean-Bertrand Aristide en février 2004, est devenue avec le temps une force d’occupation ou, du moins, perçue comme telle par beaucoup d’Haïtiens. Ce qu’il serait extraordinaire d’entendre Justin Trudeau dire aujourd’hui, c’est que le Canada a commis une erreur grave en appuyant l’éviction d’Aristide par les États-Unis. On peut toujours rêver. Le renversement du gouvernement d’Aristide n’a pas rendu service au peuple haïtien ; il a servi les intérêts de l’oligarchie locale, des anciens militaires et des néoduvaliéristes.


Que des enjeux de sécurité se posent encore, c’est l’évidence. Que la classe politique haïtienne cafouille épouvantablement — au point qu’a été reporté deux fois le second tour de l’élection présidentielle sans qu’on sache très bien quand il pourra finalement se tenir — et que l’État haïtien soit complètement dysfonctionnel, on en convient. Mais il ne faudrait pas que ces réalités nationales fassent oublier les responsabilités des pays étrangers (États-Unis, Canada, France) dans cet état de déliquescence politique, sociale et économique.

Il n’est pas exagéré de dire qu’Haïti est aujourd’hui dans une situation pire, plus corrompue et plus antidémocratique, qu’elle ne l’était quand Aristide a été chassé du pouvoir. Vrai que s’est produit l’effrayant séisme de janvier 2010, qui a fait plus de 200 000 morts. Comment néanmoins expliquer que, malgré les gigantesques ressources dont disposent tous ses « amis » internationaux qui disent voler à son secours et vouloir accompagner son développement, la société haïtienne ait si peu réussi à sortir la tête de l’eau ? Comment expliquer que, selon des informations récemment publiées par le Programme alimentaire mondial (PAM), Haïti traverse actuellement sa plus grave crise d’insécurité alimentaire depuis 2001 ?

Une partie de l’explication tient en ceci : sous le couvert de l’aide — d’une aide diachylon, au final — s’est installée une tutelle internationale qui empêche le peuple haïtien d’influencer son développement et de faire ses propres choix. Les manipulations qui ont donné lieu à l’élection de Michel Martelly à la présidence en 2011 et le cul-de-sac électoral dans lequel se trouve maintenant le pays en sont des preuves politiques.

Mais c’est aussi une tutelle qui s’inscrit dans le prolongement de l’assujettissement où se trouve Haïti depuis son indépendance, arrachée aux Français il y a 210 ans. Jamais ne lui a été donné le droit de respirer librement sur le plan économique.

Premier ministre Justin Trudeau
Le gouvernement de Justin Trudeau, premier ministre soi-disant progressiste, pourrait faire oeuvre utile en contribuant, par exemple, à humaniser le marché du travail haïtien. Lire à y défendre les droits syndicaux. Prenez le cas de Gildan, multinationale du textile fondée à Montréal. L’entreprise sous-traite depuis 2009 sa production de t-shirts aux Apaid, une famille duvaliériste de Port-au-Prince qui a soutenu Baby Doc en son temps, qui s’est opposée à Aristide et dont le lobby contre toute hausse du salaire minimum est obstiné. Si bien que les travailleuses du textile en Haïti, payées 5,61 $ par jour, sont les plus mal rémunérées au monde, après celles du Bangladesh et du Cambodge.

On est à des années-lumière de faire du travail un bien commun et un outil de développement démocratique, se tue à répéter le philosophe Alain Deneault. C’est vrai partout dans le monde. Ça l’est particulièrement dans un pays comme Haïti.

A suivre ...



Thursday, February 4, 2016

Haïti: le président Martelly, sans successeur, fait ses adieux

Le président haïtien Michel Martelly
Photo: HECTOR RETAMAL, AFP
Le président haïtien Michel Martelly, sans successeur suite au report des élections, a déclaré jeudi qu'il ne «regrette pas un jour» des cinq années passées à la tête de l'État dans un discours prononcé à 48 heures de la fin de son mandat.

«Je dis merci à tous ceux qui m'ont permis de servir mon pays. C'était un honneur pour moi. Je ne regrette pas un jour, je ne sens pas que j'ai failli une journée», a déclaré ému le président lors de l'inauguration d'un bâtiment du ministère de l'Intérieur, détruit lors du séisme de 2010.
Devant les contestations de l'opposition dénonçant un «coup d'État électoral» fomenté par l'exécutif, le processus électoral a été stoppé, le second tour de la présidentielle reporté sine die.
Levant les doutes sur son éventuel maintien au pouvoir au-delà du 7 février, date fixée par la constitution pour la fin de son mandat, Michel Martelly a confirmé qu'il allait quitter son poste dimanche.
Michel Martelly, dans l'édifice
flambant neuf du  M.I.C.T     
«Je ne veux pas garder le pouvoir un jour supplémentaire, rien ne m'en donne l'envie, je n'ai peur de rien», a-t-il déclaré d'une voix faible en ajoutant qu'il partait «sans regret, sans envie, sans attache. Au contraire je me sentirai plus libre, car les problèmes que je gérais ne seront plus de ma responsabilité».
Dans l'édifice ministériel flambant neuf construit grâce à l'aide internationale, Michel Martelly a fustigé les accusations d'ingérence de pays étrangers.
«On parle de l'ingérence des pays amis avec des termes qui ne sont pas toujours gentils. Moi je dis un gros merci à la coopération parce que je pourrais citer un tas de choses qu'on a réalisé grâce à la coopération», a salué le président devant quelques ambassadeurs étrangers.
Prés. Martelly découvrant la plaque
inaugurale du nouveau bâtiment.   
Alors qu'il était toujours en fonction, le président, vedette de la chanson avant son entrée en politique, a sorti dimanche dernier un tube carnavalesque dans lequel il attaque ses détracteurs dans des paroles à fortes connotations sexuelles, dirigées notamment contre une célèbre journaliste.
Michel Martelly a assumé pleinement la polémique tout en déclarant être «d'accord pour qu'il y en ait qui soient contre». Connu pour son fort caractère, c'est tout de même en murmurant qu'il a avoué: «je voulais le faire, je l'ai fait».
Michel Martelly a versé quelques larmes en embrassant ses ministres avant de quitter les lieux à pied en refusant toute question des journalistes, saluant la foule de curieux gardés à distance par des rangées de policiers lourdement armés.
Agence France-Presse
PORT-AU-PRINCE


Nouveau bâtiment du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales
Courtoisie - Michel Martelly / Facebook
Dévoilement de la plaque inaugurale du nouveau batiment
Vue de la cour du bâtiment



Tuesday, February 2, 2016

TÈT KALE: OU LA MACHINE DE GUERRE À L'ARGENT


L'avidité qui caractérise le Gouvernement Tèt Kale depuis 2011 jusqu'au moment où nous écrivons ce texte mérite d'être connue et analysée pour que les générations à venir soient bien informées de cette frénésie absolue en matière d'argent qui définit ce pouvoir. C'est un pouvoir né dans le mensonge et la corruption. (C'est connu de tous, la déclaration de Pierre Louis OPONT, l'actuel président du Conseil Électoral Provisoire (CEP) 2015 en a confirmé au micro de Valéry NUMA:" Rezilta eleksyon 2010 yo se pa yo ki te pibliye" Tout compte fait, Michel MARTELLY n'est pas à sa place, selon M. OPONT.)

Les actes de corruption orchestrés par le pouvoir Tèt Kale constituent le fort de ce papier.

Tout a commencé le 15 juin 2011 quand M. MARTELLY a décidé et ordonné, par une simple circulaire de la Banque de la République d'Haïti(BRH), de prélever $1.50 sur chaque transfert d'argents entrants et sortants.

Ces millions de dollars américains sont perçus pour le célèbre "Fonds national pour l'éducation (FNE), créé le 15 juin 2011." Voir Le Nouvelliste publié en date du 16 décembre 2011.


Une telle démarche est contraire à la loi car toutes taxes perçues doivent être l'apanage d'une loi. Selon l’article 218 de la Constitution haïtienne, nous lisons: « Aucun impôt au profit de l’Etat ne peut être établi que par une loi…. »


Par cet acte ignoble, qui osera passer outre de cet article pour défendre ce pouvoir viscéralement et originellement corrompu? Le Gouverneur de la Banque centrale l'avait compris quand il a eu à déclarer: "Charles Castel, gouverneur de la BRH, dit attendre une décision de l'Exécutif et du Législatif pour pouvoir transférer cette somme au FNE. Un cadre légal dudit fonds n'existe pas encore." (Source : op.ct.)
Un tel acte constitue une violation flagrante de la Constitution et les lois haïtiennes.


Seulement un mois au pouvoir.

Alors que, MARTELLY n'avait qu'un mois au pouvoir, sans aucune norme juridique, il percevait déjà des taxes à son gré. Il y a lieu de rappeler: Malgré les dénonciations et les alertes de certains acteurs dont parlementaires, citoyens avisés, hommes engagés et organisations de la société civile, le pouvoir Tèt Kale ne fait qu'enfoncer le grand trou déjà creusé par lui même. Têtu, il avance. Dans le même article précité, on peut lire: " Lors du lancement du FNE, le 26 mai 2011, des parlementaires avaient critiqué la façon par laquelle le président de la République, Michel MARTELLY, a procédé pour créer ce fonds qu'ils ont jugé illégal."


Et pourtant, ce n'était rien par rapport aux autres gabegies administratives succédantes, les unes plus graves, plus inconcevables que les autres.


À ce sujet brûlant et scandaleux, un rapport du Sénat de la République allait dévoiler une vaste activité de corruption relative à ce Fonds "perdu" et d'autres catastrophes planifiées par ce gouvernement à double vitesse en matière d'argent et de rente. Dans un long article publié par AlterPresse le 12 septembre 2013 titré: "Haiti: Quand les «bandits légaux» enlèvent aux Haïtiens toute dignité (1 de 2)" C'est un véritable scandale que les chercheurs,   étudiants et élèves haïtiens  doivent étudier comme cas particulier. Et les résultats de la Commission du Sénat...


 "La Commission d’Enquête du Sénat présidée par le Sénateur Willian Jeanty le 22 mai 2013 a fait le jour sur cette véritable bacchanale que les bandits légaux font dans les finances publiques. C’est encore plus grave que le scandale de la Consolidation sous le gouvernement de Nord Alexis en 1902. L’équipe actuelle a décidé d’augmenter de 5 centimes le prix de l’appel téléphonique entrant par une note circulaire du Conseil National des Télécommunications (CONATEL) suivi d’un Arrêté présidentiel en date du 9 septembre 2011 publié dans Le Moniteur du 14 septembre 2011. Ainsi la minute de communication est passée de 18 centimes américains à 23 centimes américains sous le gouvernement Martelly. Ceci a été fait avec toupet, en violation de l’article 218 de la Constitution qui dispose : « aucun impôt au profit de l’Etat ne peut être établi que par une loi…. » Défendre un tel groupe de malfaiteurs revient à perdre tout sens de la dignité humaine ou encore, comme on le dit en créole, « fok ou pa gen nen nan figi’w ».

Les gargotes financières révélées par la Commission d’Enquête donnent la nausée. Déjà en novembre dernier, le ministre des TPTC et le Directeur Général du CONATEL avaient révélé que 30 millions de dollars avaient été virés de manière irrégulière à un compte spécial du trésor public à partir des deux comptes courants de la Banque de la République d’Haïti (BRH# 1316066267) et de la Banque Nationale de Crédit (BNC# 1661017435). Alors, le CONATEL prétendait avoir collecté cinquante (50) millions de dollars américains sur les appels internationaux entrants. Or, selon Jocelerme Privert, président de la commission permanente de l’économie et des finances du Sénat, le montant collecté aurait du être 69 millions de dollars américains au lieu de 50 millions. Où sont passés les 19 millions manquants ?

Une entreprise de mystification et de corruption
Dénonçant la corruption dans la gestion des fonds collectés, le rapport de la Commission d’Enquête du Sénat indique que 50 millions de dollar ont été collectés par le CONATEL, du 15 juin 2011 au 16 avril 2013, des trois opérateurs DIGICEL, COMCEL/VOILA et NATCOM. De ces 50 millions, seulement 60% ou 30 million USD ont été transférés dans les deux comptes à la BNC et à la BRH. Le CONATEL a décidé d’utiliser $ 5 millions pour acheter des équipements anti-fraude et encore $4 millions pour passer un contrat avec la firme Suisse Société Générale de Surveillance S.A. (SGS) pour assurer la sécurité contre la fraude. Ces contrats ont été passés sans appel d’offres, en violation de la loi de passation des marchés publics. Il y a donc une tranche de 11 millions de dollars qui a disparu aussi dans la nature."(AlterPresse)
Ici, nous pouvons comprendre comment, malgré les alertes,  le pouvoir continue de prendre la pente de la corruption et comment l'argent des contribuables haïtiens se distribuent entre copains.


L'autre fait majeur qui doit être mentionné dans ce papier, c'est la fameuse question de Perdiem du Président. Tandis que le perdiem sous la présidence de René G. PRÉVAL était à 5 000 dollars américains par jour à chaque voyage à l'étranger. Une fois arrivé au pouvoir, MARTELLY fait passer cette somme de 5 000 à 20 000 dollars américains.

Haïti, est-t-elle devenue plus riche qu'avant? Telle sera la question de tout Haïtien conscient de ce phénomène-Martelly, le TGV en matière de gaspillage d'argents.

Et ce n'est pas fini. Sans vouloir nous répéter... Dans "Corruption et crise financière aux temps du choléra haïtien" publié par le journal Le National, on a eu peine d'apprendre que "Le président Martelly s’amuse à s’enfoncer irrémédiablement dans la bêtise. On se rappelle qu’en août 2013, il avait fait un voyage à l’étranger avec 84 courtisans pour la rondelette somme de 5 364 000 $US (5 millions trois cent soixante quatre mille dollars américain).


Trois millions huit cent vingt mille (3 820 000) dollars US de perdiem à Martelly
Le président Martelly récidive donc, persuadé qu’il peut tout se permettre, se disant en substance qu’il n’y aura aucune réaction, car le peuple est zombifié et n’osera pas prendre les moyens pour le renverser immédiatement du pouvoir. Depuis sa prise du pouvoir le 14 mai 2011, le président Martelly a effectué au moins quarante (40) voyages à l’étranger, totalisant 191 jours au perdiem de vingt mille (20 000) dollars par jour, soit un total de trois millions huit cent vingt mille (3 820 000) dollars américains. Comme l’a dénoncé le sénateur Moïse Jean-Charles en décembre 2011, le président Martelly a quadruplé le montant du perdiem alloué au Président qui était de cinq mille (5 000) dollars US par jour sous le gouvernement Préval..." (Le National).

Sommes-nous devenus réellement une République d'étonnement? À un moment où tous les pays utilisent leut budget de manière rationnelle, M. MARTELLY, de son côté, augmente son compte en banque en multipliant les voyages pour recueillir les perdiem.


Il faudra des tomes d'ouvrages, des licences et  des thèses de doctorat pour comprendre cette boulimie d'argent constituant la toile de fond de ce pouvoir inclassable au point de vue de détournement de fonds de l'État.


Il convient de citer, pour finir, des sommes annoncées et engagées lors des "Gouvènman lakay ou" sans pour autant que les réalisations aient eu lieu:


■ 5 millions pour l'aménagement de la ville de  Port-de-Paix. Annonce faite par le "Premier Ministre" Laurent LAMOTHE lors de la fameuse activité dénommée "Gouvènman lakay";

■ 45 millions de gourdes pour le Palais National" en vue de renforcer la sécurité du président" et que l'insécurité fait rage partout dans le pays;

■ 85 millions de gourdes pour le Ministère du Tourisme à seulement 4 mois de l'exercice fiscale (décembre 2015);
■Aéroport des Cayes (sud) projet raté/argent gaspillé: 26.5 millions de dollars(signalfmhaiti.com)
■ 50 millions pour Smartmatic;
Smartmatic s’est installée dans le pays à la suite d’un contrat entre le Venezuela, Haïti et SAM en 2010. Le projet est financé à hauteur de 48 millions de dollars et s’inscrit dans le cadre du programme PetroCaribe. (lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/123803/Smartmatic-Nous-ne-sommes-pas-impliques-dans-les-elections)
■ Un Hélicoptère loué et au service du Palais National pour un montant tiré du Fond Petro Caribe de 2 millions 40 milles dollars américains(Source: Laurent LAMOTHE, juin 2015)
■ " le pays avait bénéficié d’une annulation de la dette suite au séisme du 12 janvier 2010. La République bolivarienne avait annulé officiellement 395 millions de dollars américains pour le pays. « Par conséquent, la dette effective d'Haïti au 31 décembre 2014 est estimée à 1,588,193,029.66 US », affirme le BMPAD.
« A la Banque nationale de crédit (BNC), les fonds Petro Caribe accusent des soldes bancaires de 6,000,643,33 US sur un compte en dollars américains et de 3,543,723,032.62 de gourdes sur un compte en gourdes. À la Banque de la République d’Haïti (BRH), les fonds Petro Caribe accusent un solde bancaire de 176,953,772.63 gourdes », révèle le BMPAD."(radiotelevisioncaraibes.com)

Il faut ajouter à cela la fameuse question de contrats sans appel d’offres négociés avec les firmes étrangères au détriment des firmes locales..." nou fè lot peyi, lòt antrepriz rich sou nou ak fon Petro Caribe".

Ces faits avancés ne sont qu'une partie d'une tonne de gabegies entrant dans l'actif du pouvoir Tèt Kale.  Nous ne saurions, dans un seul article,  reveler toutes les malversations de la bande à MARTELLY. Il est connu des plus avisés, le pouvoir Tèt Kale, c'est l'incarnation absolue de la corruption et de l'argent facile. Jusqu'à ce qu'une étude vienne prouver le contraire, au regard des documents, articles, contrats "anba tab", rapports, dénonciations, analyses et fonctionnement de ce pouvoir, nous sommes en mesure d'avancer que le Gouvernement Tèt Kale reste jusque-là,  le plus corrompu, le plus scandaleux, le plus pillard, le plus comprador de toute l'histoire politique d'Haïti. Nous avons un devoir de dire la vérité. Il faut dire quelque chose quand ça va mal car demain, les enfants nous demanderont: "Qu'aviez-vous fait face à ces hommes d'État destructeurs et prédateurs de la République?




Quelques sources utilisées pour réaliser ce papier:
1- lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/100551/48-millions-de-dollars-preleves-sur-les-transferts

2. www.alterpresse.org/spip.php?article15108#.VnnOSDPCq20
B
3. lenational.ht/corruption-et-crise-financiere-aux-temps-du-cholera-haitien/

4. www.signalfmhaiti.com/gouvernement/188-haiti-pose-de-la-premiere-pierre-de-l-aeroport-des-cayes.html

5. radiotelevisioncaraibes.com/mobile/nouvelles/haiti/le_fonds_petro_caribe_en_chiffres.html

6. Certaines émissions à caractère socio politique


Iléus PAPILLON
Haïtien engagé

Tuesday, January 19, 2016

Le CEP en « situation d’implosion », Martelly et la petite porte le 7 février

Mr. Adelante
Le Conseil électoral provisoire (CEP) se démembre. En situation d'implosion, il n'est pas encore à terre. Qu'importe, pour Michel Martelly, à moins d'un improbable arrangement extraconstitutionel, la probabilité de sortir par le petite porte, sans passer l'écharpe à son successeur élu, n'est plus négligeable. Destins liés.2
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Les rangs du CEP de Pierre-Louis Opont se dégarnissent. Officiellement, deux conseillers électoraux manquent à l’appel. Le docteur Ricardo Augustin, désigné par les évêques catholiques d’Haïti, a démissionné il y a quelques jours sans dire pourquoi. Le pêcheur d’âmes, le pasteur Vijonet Déméro, représentant de la Fédération protestante n’a pas noyé le poisson. Il a présenté ce vendredi sa démission au chef de l’Etat, Michel Martelly. « Je présente ma démission pour des raisons indépendantes de ma volonté », a révélé Vijonet Déméro, accusé par des candidats d’avoir magouillé au BCEN en échange de pot-de-vin. Ce que l’intéressé avait démenti.

Deux autres conseillers, Yolette Mengual et Jaccéus Joseph, entretiennent un flou artistique sur leur avenir au CEP. L’ex-journaliste et militante féministe Yolette Mengual, jusqu’au bout dans des acrobaties sémantiques, a annoncé avoir pris un recul temporaire parce qu’elle a un dossier d’accusation de corruption pendant devant la justice. Le conseiller Jaccéus Joseph, après une conférence de presse au cours de laquelle il a liquidé le CEP sans pour autant présenter sa lettre de démission, est aux abonnés absents.

Mr. Michel Martelly (Dwèt sou bouch)
Le temps, entre-temps, passe. Et à neuf jours des élections à candidat unique annoncées pour le 24 janvier avec l’annonce jeudi, sur Radio Kiskeya, de Jude Célestin de ne pas participer aux élections avec ce CEP responsable de la « mascarade électorale du 25 octobre », l’institution électorale emprunte la dernière ligne de sa vie, dans sa composition actuelle. Avec cette déclaration de Jude Célestin, en attendant sa lettre formelle au CEP, « le CEP est en pleine situation d’implosion », a souligné le président de l’ANMH, Hérold Jean-François.

En accord avec Pierre Manigat Junior, ex-rédacteur en chef du journal Le Nouvelliste, sur le fait qu’il a été désigné et qu’il n’est pas le représentant de la presse au CEP, Hérold Jean-François a confié avoir eu « une rencontre amicale » avec le concerné vendredi dernier. « Nous lui avons exprimé nos inquiétudes par rapport à sa présence au sein du CEP », a expliqué Hérold Jean-François, soulignant que la situation a évolué avec la dernière sortie de Jude Célestin.

« Nous pensons que la situation a évolué. Et je ne vois pas comment un démocrate peut s’associer à une telle situation où l'on a une élection avec un seul candidat. C’est notre point de vue. Comme les autres membres ont compris, Pierre Manigat pourra, de façon autonome, démissionner de l’institution par rapport à cette situation. Ce serait une décision personnelle », a expliqué Hérold Jean-François. « Je sais qu’il a la même grille de lecture que nous par rapport à ces élections-là pour lesquelles l’histoire va condamner tous les protagonistes qui se seraient associés jusqu’au bout à ce processus électoral pour le moins bizarre », a révélé Hérold Jean- François.

« Le représentant de la presse au CEP a toujours la confiance de l’AJH. La possibilité de démissionner ou pas est un acte personnel qui revient à la personne qui est au sein de l’institution. Il a à faire une analyse par rapport aux informations dont il dispose », a confié Jacques Desrosiers, secrétaire général de l’AJH. Il a indiqué que des personnalités ayant démissionné du CEP ont été décriées et indexées par la CEEI.

Pierre Louis Opont
Tèt dwat nan eleksyon
Pour Joseph Guyler C. Delva, les secteurs ayant encouragé les personnalités qu’elles ont désignées a démissionner ont peut-être leur raison de le faire. « Je n’ai aucun problème avec Manigat. Absolument aucun problème. 100 % Manigat. » « Nous avons confiance en Manigat. Nous savons qu’il est honnête. Nous savons qu’il ne ferait jamais des choses incorrectes. Les choses peuvent être difficiles mais nous lui faisons confiance », a insisté Guyler C. Delva.

Les tentatives pour entrer en contact avec le responsable d’Alterpresse, Godson Pierre, qui a critiqué le CEP comme un tout, d’autant que le Conseil a toujours affiché sa solidarité après la prise de décision controversée, ont été infructueuses.

Pour Josué Mérilien, le coordonnateur de l’UNOH, « le CEP devrait partir en bloc parce qu’il a perdu toute sa crédibilité ». « Il y a des accusations de corruption. Il y a des faits presque avérés », a dit le syndicaliste. « Si Lourdes Edith Joseph se souvient d’où elle vient et de ses combats, elle devrait être la première personne à partir. Je ne sais pas si elle a oublié d’où elle vient », a dit Josué Mérilien. Lourdes Edith Joseph, accusé elle aussi en rapport à son travail au BCEN, n’a pas fait de vagues.

Pierre Espérance du RNDDH a rappelé que depuis le 25 août, le RNDDH et les organisations membres de la plateforme des organisations de défense des droits de l’homme (POHDH) n’ont jamais rencontré Me Jaccéus Joseph. Le 30 novembre, il a été décidé que le secteur se désolidarise avec ce CEP qui n’était plus crédible, a rappelé Pierre Espérance qui dit avoir pensé que Me Jaccéus Joseph avait démissionné après la conférence de presse de vendredi dernier. « S'i reste après ces critiques envers le CEP c’est parce qu’il est attaché aux privilèges de sa fonction », a estimé Pierre Espérance.

« Pour l’instant, le Forum économique du secteur privé n’a pris aucune décision concernant la situation électorale. On suit ça de très près. On ne fait pas de déclaration pour l’instant », a confié en off une source proche de cette structure regroupant les principales associations patronales en Haïti.

« Opont n’est pas notre représentant. Il y a un distinguo à faire. Quand on désigne quelqu’un dans une institution, la personne est indépendante. Elle agit seule. On ne peut pas la rappeler. Elle peut elle-même démissionner comme cela se fait aujourd’hui. Je ne peux pas écrire et dire à la personne de se retirer. Techniquement et légalement, cela ne se fait pas », a insisté cette source. « Opont n’est pas mandaté par nous. Nous avons choisi Opont. Nous avons envoyé deux noms au président. Chaque secteur devait présenter deux noms pour le représenter », a-t-elle souligné, rappellant que Serge Villard, président de la Chambre de commerce du Nord, a été le membre du secteur privé à représenter le secteur privé au CEP de 1987.

Sur la conjoncture politique et l’interrogation quant à la possibilité ou non que le pouvoir soit transmis à un président élu le 7 février 2015, le Forum n’a tenu aucune discussion. « Non, nous n’avons pas discuté de cela . Nous avons beaucoup trop d’absences. Il y a des membres en voyage. « Nous suivons les évènements. Nous avons entendu la déclaration de Jude Célestin. Nous ne savons pas s’il va ou non envoyer la lettre au CEP, a indiqué cette source. « Nous suivons mais ne faisons pas d’intervention publique », a martelé cette source. Le journal a aussi appris que des membres du secteur privé ont souhaité voir un forum plus actif. Il semble être en mode marronnage alors que le CEP est en mode implosion, a souligné une autre source du secteur privé.

« J’accueille favorablement ces démissions. Elles favorisent le déblocage de la situation politique », a confié un sénateur de la République.

La CEEI avait recommandé aux secteurs ayant désigné des personnalités au CEP accusées de corruption de les rappeler pour que la justice puisse faire jaillir la lumière de la vérité. Cette commission avait aussi proposé un examen en profondeur du scrutin et un dialogue politique entre les acteurs. En mode "Adelante", le président Michel Martelly, avec un CEP yo-yo par rapport à la date du second tour de la présidentielle, s’est appuyé sur la communauté internationale qui redoute comme la peste le vide institutionnel si l’écharpe présidentielle n’est pas passée à un élu le 7 février.


Face à des réactions outrées, des condamnations de la préparation d’une élection singulière à candidat unique et devant le refus ferme de Jude Célestin de se plier aux demandes répétées des Américains et d’autres émissaires étrangers de participer au second tour, des positions se sont infléchies au niveau de certaines ambassades, a appris le journal. Une ou deux autres démissions au CEP dans les prochains jours confirmeraient que Michel Martelly risque fort probablement de quitter le pouvoir par la petite porte, sans passer le maillet à son remplaçant élu. Entre-temps, des lignes bougent. Très vite. On est encore