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Le Premier ministre Jean-Henry Céant renvoyé par la Chambre des Députés
La Chambre des députés haïtienne
a voté lundi une motion de censure contre le gouvernement de Jean-Henry Céant,
entraînant le départ d'un premier ministre fragilisé par de récentes
manifestations.
Sur
les 103 députés ayant pris part à cette séance expéditive, 93 députés ont voté
pour le renvoi du premier ministre Jean-Henry Céant et de son gouvernement. Six
ont voté contre et 3 se sont abstenus.
«Une
correspondance va être adressée au président de la République. Un autre premier
ministre va être désigné en concertation entre le chef de l'État et les
présidents des deux branches du parlement», a annoncé le député Gary Bodeau,
président de la Chambre des députés à l'issue du vote.
Les
députés reprochent au premier ministre Jean-Henry Céant de n'avoir rien fait
pour améliorer les conditions de vie de la population six mois après avoir été
installé à la tête du gouvernement.
Au
cours de son mandat, Jean-Henry Céant a dû faire face à de violents mouvements
de protestations. En février, des milliers de gens ont gagné les rues à travers
le pays pour exiger de meilleures conditions de vie et le départ du chef de
l'État.
Pendant
environ onze jours, toutes les activités ont été paralysées à Port-au-Prince et
dans la plupart des villes de province du pays.
Le nouveau Premier ministre veut «mettre tout le monde ensemble»
Fritz Alphonse Jean Premier ministre haïtien
Dans son discours d'investiture au palais national ce vendredi 26
février, le nouveau Premier ministre Fritz Alphonse Jean a indiqué qu'il occupe
la Primature « avec un esprit de dépassement, de concorde et de grande humilité
». Passant en revue divers problèmes auxquels le pays fait face, Fritz Jean
estime que l'on doit « entreprendre des actions dans le très court terme qui,
certes, aborderont les urgences, mais seront aussi structurantes de façon à
poser des jalons pour le long terme ». Nous publions son discours dans son
intégralité.
Mesdames, Messieurs
Monsieur le Président de la République, je vous remercie de la
confiance placée en ma personne. Choisir a certainement été difficile dans le
contexte actuel où tout le monde veut servir et proposer leur expertise.
Je me félicite néanmoins de cet engouement légitime et je tâcherai
de mettre à contribution ce désir de chacun de servir son pays pour avancer et
réussir avec plus de chance.
Monsieur le Président, je suis conscient que la principale mission
que vous me confiez est de gagner la confiance de tous les acteurs, partie
prenante de cette crise politique aiguë. J’accepte d’occuper la Primature avec
un esprit de dépassement, de concorde et de grande humilité.
Chaque arrivée d’une nouvelle équipe au pouvoir, chaque ouverture
d’une situation exceptionnelle suscite un ensemble d’espoirs de changement et
au bout du compte, à la fin de l’expérience, à l’enchantement du début prennent
place les déceptions et les désillusions.
Sur plusieurs décennies, notre pays a par conséquent cumulé un
ensemble de frustrations dues à des promesses non tenues. Les progrès souhaités
ne sont pas arrivés et les problèmes non résolus ont créé des paralysies et une
situation de moins en moins gérable.
Trente années après l’ouverture de la transition démocratique,
notre pays se trouve en face de gros défis issus de nos errements. Aujourd’hui,
il s’agit de se mettre ensemble, de lier nos énergies pour faire naître la
volonté de faire les choses autrement.
Il s’agit autant de sortir le pays de l’improvisation et le faire
entrer dans une nouvelle ère de planification, de rendre fonctionnelles ses
institutions pour réorganiser l’Etat, le réorienter en fonction des services à
fournir à la population.
Prendre en compte les besoins de la femme et de l’homme haïtien,
agir désormais en fonction de la quête du bonheur du peuple haïtien, voilà ce
que doit être la mission principale de l’Etat. L’Etat de droit où chaque
citoyen est égal devant la loi, où chacun est comptable de ses actes. Cet Etat
qui inspire confiance où les entreprises prennent en compte leurs
responsabilités sociales, le devoir de partage pour la restauration et le
rapatriement de notre dignité tant individuelle que collective.
Avec le chef de l’Etat nous avons une mission courte, mettre tout
le monde ensemble, faire participer tout le monde dans la construction de la
base qui provoquera à plus long terme le miracle de la renaissance haïtienne !
Dans l’urgence, nous devons créer les conditions nécessaires à la
réalisation d’élections crédibles, honnêtes et transparentes et, parallèlement,
rétablir la stabilité macroéconomique en procédant au redressement des finances
publiques.
Nous sommes venus pour permettre par des actes et des gestes
citoyens le retour de la confiance entre nous, dans la divergence mais dans une
finalité de concorde.
Les défis sont énormes, mais en regardant d’où nous sommes sortis,
prenons comme modèle la mise en commun de nos ancêtres et leur leitmotiv «
L’union fait la force » pour doper nos esprits et notre énergie, pour partir
gagnants !
Monsieur le Président, en concertation avec vous et l’ensemble des
secteurs concernés, et particulièrement le Parlement, nous ne tarirons pas
d’efforts pour adresser les préoccupations de la population, et nous assurer
que la paix et la stabilité, garantes de son mieux-être, règne. Les choix sont
difficiles, et nous aurons à agir avec intelligence, discernement, mais aussi
avec fermeté et rigueur.
Il nous appartient d’entreprendre des actions dans le très court
terme, qui certes, adresseront les urgences, mais seront aussi structurantes de
façon à poser des jalons pour le long terme.
Merci.
Fritz Alphonse Jean,
Premier ministre Palais national,
le 26 Février 2016
Cérémonie
d’installation du Premier ministre Fritz Jean