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Friday, July 8, 2016

Ce qu'on sait sur la tuerie de Dallas


Cinq policiers ont été tués et sept autres blessés.
Les policiers ont été pris pour cible lors d'une manifestation au centre de Dallas vers 21H00 jeudi soir (02H00 GMT). Des centaines de manifestants, comme dans d'autres villes américaines, protestaient pacifiquement contre la mort de deux Noirs tués par la police ces derniers jours en Louisiane (sud) et dans le Minnesota.

La police de Dallas - une ville de 1,2 million d'habitants - a peu après évoqué dans un communiqué «deux snipers opérant depuis des positions en hauteur». Des vidéos amateurs ont capté des tirs nourris de fusil d'assaut, montré la foule s'enfuyant paniquée, et des policiers cherchant à se protéger derrière leurs voitures et aidant des collègues à terre.

Alton Sterling, a été abattu à Baton
 Rouge en Louisiane par deux          
policiers aux Etats-Unis.                    
Les détonations assourdissantes se sont répercutées sur les façades de downtown Dallas. Il est 20 h 58 ce jeudi soir. En quelques secondes, la cité texane où fut assassiné John Fitzgerald Kennedy en 1963 vient de replonger dans un très vieux cauchemar. Cette fois, ce sont des tirs d'armes de guerre, et les victimes qui tombent sont des policiers en exercice. La fusillade a éclaté alors qu'une manifestation se déroulait dans le calme, au nom du mouvement Black Lives Matter (les vies noires comptent). Les quelque huit cents personnes qui défilaient pour protester contre la vague d'homicides perpétrés par des agents des forces de l'ordre contre des Afro-Américains ont fui comme une volée de moineaux.

Philando Castile a été abattu lors 
d’un contrôle routier, dans l’Etat   
de Minnesota.                                   
Les cris de panique, consignés par les vidéos des badauds, se sont peu à peu estompés dans le vacarme ambiant. Des dizaines de véhicules de police convergent alors vers la scène du crime, d'où les témoins hurlent: «active shooter! (tueur en action)». Au carrefour de Main Street et Lamar Street, des cadavres d'hommes en uniformes jonchent le sol. Ils ont été abattus depuis le parking du collège universitaire El Centro, par un sniper à la mire bien réglée. Mais l'homme n'est peut-être pas venu seul: des complices semblent avoir convergé vers le groupe de policiers et contribué à cette exécution collective, et planifiée. Un témoin filme une scène terrifiante à l'aide de son téléphone portable. Un homme en tenue militaire, ses poches débordant littéralement de munitions, fait feu avec un fusil d'assaut, dissimulé derrière un pilier. Un policier déboule derrière lui, se protège contre un second pilier tout proche. Le suspect contourne l'obstacle et l'abat froidement dans le dos, avant de l'achever au sol.

Scène de guerre
Micah Johnson, le suspect tué par la Police, avait été
 déployé en Afghanistan de nov. 2013 à juillet 2014 se- 
   lon les informations communiquées par un porte-parole  
  de l'US Army.                                                            
Dans le chaos ambiant, le ou les auteurs de la fusillade s'évanouissent dans la nature. Au bout de deux heures, dans le centre-ville transformé en scène de guerre, un sniper est acculé. Le face-à-face avec la police durera 45 minutes, les négociateurs s'efforçant de faire parler un individu qui continue de faire le coup de feu. Le directeur de la police, David Brown, restituera vendredi matin la teneur de ces échanges surréalistes: «le suspect était très affecté par les récentes fusillades policières, en voulait aux Blancs, et voulait tuer des Blancs, en particulier des policiers blancs.» Pas de compromis possible, d'autant que le tireur avertit sombrement: «il a disposé des explosifs, et ceux qui l'assiègent vont bientôt s'en rendre compte». Afin de le «débusquer» sans causer de nouvelles victimes et de pouvoir le neutraliser promptement, un «robot piégé» emportant une charge explosive est dépêché dans les profondeurs du garage. La déflagration qui s'ensuit atteint mortellement le sniper qui voulait tuer «beaucoup de Blancs», identifié comme Micah Xavier Johnson. Selon les médias américains, cet Afro-Américain vivait seul avec sa mère dans la ville de Mesquite. Il avait servi en Afghanistan et était réserviste dans l'armée américaine, ce qui peut expliquer le caractère militaire de sa folie meurtrière.


Au total, trois suspects ont été interpellés vivants, dont une femme.
Sur l'autoroute, deux personnes ont, elles, été arrêtées, après s'être enfuies en trombe du centre-ville à bord de leur véhicule. Au total, trois suspects ont été interpellés vivants, dont une femme. Lèvres serrées, tous expriment la même colère que Xavier Johnson, la même volonté de tuer autant de policiers que possible. L'enquête ne fait que commencer, mais le bilan, lui, est effroyable: douze policiers touchés, parmi lesquels cinq décédés et plusieurs autres dans un état critique. Des policiers qui n'étaient pas tous Blancs. Devant la presse, le chief Brown peine à contenir son émotion. L'un de ses subordonnés assassinés, Brent Thompson, venait de se marier deux semaines auparavant.
Condoléances présidentielles
Président Barack Obama
De Varsovie où il assistait au sommet de l'Otan, le président Barack Obama a dénoncé une attaque «vicieuse, préméditée, méprisable». Sans précédent aussi: jamais, depuis le 11 septembre 2001, autant d'agents des forces de l'ordre n'avaient trouvé la mort dans une attaque en règle. Comme à Orlando le 12 juin (50 morts), les Américains se prennent à espérer une fin rapide du cauchemar. Mais l'agresseur, cette fois-ci, n'était pas un «loup solitaire» islamiste se revendiquant de Daech. Il s'est agi, manifestement, d'un ou de plusieurs Afro-Américains décidés à venger dans le sang la mort récente d'Aston Sterling à Baton Rouge, Philando Castile à St Paul, Delrawn Small à Brooklyn, jeunes Noirs abattus par des policiers blancs. Malgré les appels au calme, la spirale de la haine raciale est enclenchée, et pourrait fort jeter de l'huile sur le feu d'une campagne présidentielle déjà en ébullition. À Detroit, la police craint le pire à l'orée d'un week-end à hauts risques. L'été meurtrier que tous les Américains redoutaient pourrait avoir commencé.

Source : Le Figaro

Vidéo graphique diffusée à l'intérieur de la voiture en direct sur Facebook par la petite amie de Castille, Diamond "Lavish", froidement abattu  par un policier blanc, lors d’un contrôle routier dans l’Etat de Minnesota. 




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