Le ministre de la Justice, Me Camille Junior Edouard |
La police judiciaire a bouclé son enquête sur l’attaque perpétrée
contre le commissariat central, la prison civile des Cayes et l’Unité
départementale de maintien d’ordre du Sud dans la nuit du dimanche 15 au lundi
16 mai 2016 qui avait coûté la vie au policier Tison Jean Louis et fait des
blessés, dont les policiers Wendy Dorléan et Dubé Jean Baptiste. Le rapport
d’enquête du Bureau des affaires criminelles (BAC) communiqué au commissaire du
gouvernement près le tribunal de première instance des Cayes le 29 juin indique
que cinq individus, Pierre Bremus Duréus, Jean Ceance, Mercidieu Douyon, Claudy
Charles, Wilnord Dary et Jean Claude Alcénat, ont été arrêtés pour leur
implication présumée, dans le cadre de ce dossier, « pour des actes de
terrorisme, d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, d’assassinat, de
tentative d’assassinat, de vol à main armée de véhicules et d’armes à feu, de
port et détention illégaux d’armes à feu, d’usurpation de titre, d’association
de malfaiteurs ».
Le Bureau des affaires criminelles, selon le rapport d’enquête, «
souhaiterait que des mandats d’amener soient émis par les autorités compétentes
à l’encontre des nommés Guy Philippe, Yves Jeudy, Michel Alophène Lafalaise,
Joseph Willy, Camy, Ricot, Vital Aslin, Marcelus Delande, Téléus Joseph Rémy,
Komandan Cedras, Komandan Renard, Ketelie, Jean Marc, Athanaël Joseph, Rony,
Wesmy, Ti Mousson, Renald St Villier, Cénat ey kòmandan Désir, tous ainsi
connus, pour implication présumée dans cette affaire ». Le rapport a indiqué
que des « informations recueillies ont fait croire que le dimanche 15 mai 2016,
cette attaque a été planifiée au cours d’une rencontre tenue par un groupe de
présumés bandits se faisant passer pour des membres des FAD’H, sous l’égide du
nommé Guy Philippe, assisté de ses chefs de troupes… ».
« En ce qui a trait aux présumés auteurs et coauteurs ou complices
de ces actes répréhensibles, les premières informations obtenues ont laissé
croire que les suspects avaient préalablement planifié ces attaques lors d’une
réunion tenue à Pestel, dans le département de la Grand-Anse. Selon les
renseignements obtenus, leur mission principale consistait à déstabiliser le pays
en s’attaquant à la force publique », lit-on dans ce rapport qui cite une «
source » indiquant que les assaillants, environ une cinquantaine, « sont partis
de l’usine sucrière dénommée centrale Dessalines.
« Entre autres, poursuit le rapport, les dénonciations faites par
le nommé Joseph Remy Téléus avant qu’il ait rendu l’âme ont démontré le rôle
joué par le nommé Guy Philippe et ses pairs dans ce complot visant à
déstabiliser le pays. Selon les déclarations du mourant, ce dernier est
l’auteur intellectuel de cette attaque ». Le rapport d’enquête du BAC, citant
un inspecteur de police, a révélé que les assaillants ont emporté 19 fusils de
calibre 12, deux fusils M1, 5 fusils Lyncher, des munitions et des radios de
communication. L’audition d’un autre policier, selon le rapport, indique que
les assaillants ont pris 1 fusil Galil, deux chargeurs, 5 pistolets, quatre
gilets pare-balles, un véhicule de service Nissan 3-01551.
Contacté, le ministre de la Justice, Me Camille Junior Edouard, a
confié au journal, vendredi soir , que le « parquet a pour devoir de s’assurer
que toute personne indexée dans ce dossier soit mise à la disposition de la
justice ». La police a fait son travail, le dossier étant complet, acheminé au
parquet, a-t-il dit, soulignant que les commissaires du gouvernement sont
instruits pour ne pas classer sans suite. Le parquet a pour devoir de relever
des indices conformément à l’article 13 du code d’instruction criminelle et
donner suite. La justice a pour devoir de faire un suivi sur les recommandations
du BAC. C’est une obligation », a expliqué Me Camille Junior Edouard.
Pierre Ésperance, coordonnateur du RNDDH, a salué le « bon travail
» du Bureau des affaires criminelles qui a assumé ses responsabilités. Le
militant des droits de l’homme a par ailleurs estimé que les autorités
policières et judiciaires, au plus haut niveau, ont fait des calculs politiques
en laissant trainer le dossier en longueur alors qu’elles connaissaient les
instigateurs de cet acte très grave. Le comportement de ces responsables avait
participé à démobiliser les policiers, a analysé Pierre Espérance. «
Maintenant, nous allons observer l’agissement des autorités policières et
judiciaires dans ce dossier. Pour moi, on doit poursuivre tous les gens indexés
dans le rapport sans considération d’ordre politique, économique et sociale »,
a affirmé Pierre Espérance.
Il n’y a pas eu de calcul politique comme le prétend Pierre
Espérance. « Cette opinion est plutôt légère », a estimé le ministre de la
Justice, soulignant qu’il fallait prendre le temps nécessaire pour bien faire,
pour que « l’enquête arrive à maturation ».
Guy Philippe, ex-commissaire de police, ex-chef rebelle pendant la
présidence de Jean-Bertrand Aristide, homme politique, candidat au Sénat dans
la Grand-Anse, avait boudé une convocation de la justice. Il avait, dans la
presse, nié avoir une quelconque implication dans l’attaque des Cayes dans la
nuit du 15 au 16 mai 2016. Il avait indiqué dans la presse que les policiers
étaient comme ses frères, comme ses enfants. Guy Philippe avait aussi indiqué
qu'il peut se défendre militairement si on l’attaquait dans son fief, à Pestel.
Par :Roberson Alphonse robersonalphonse@lenouvelliste.com
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