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Tuesday, October 16, 2018

Port-au-Prince sur le qui-vive, Jovenel Moïse visite les commissariats

TRIBUNE DE LIBRE OPINION - EDITORIAl
Jovenel visite les commissariats - ( Photo le Nouvelliste)

Demain le 17 octobre, jour de l'anniversaire de l'assassinat de l'empereur Dessalines semble aussi  un jour qui va être une grande confrontation entre le  gouvernement d'Haiti et une gigantesque manifestation populaire. Cette manifestation  va se faire comme une protestation au refus du président Jovenel Moise de poursuivre en justice les présumés du vol concernant PetroCaribe. Cette affaire PetroCaribe semble être aujourd'hui l'aboutissement du départ d'un régime malsain, incompétent de continuité. Le climat de malaise que connait le pays depuis  les grandes révélations de cette affaire de vol et la volonté inébranlable du président de protéger ses amis politiques créent l'une des crises politiques la plus importante que le pays ait jamais connue. Il y a d'un coté l'énormité d'un scandale de vol gigantesque que tout le monde reprouve et de l'autre une volonté sans faille d'un président qui résiste dans un ultime effort de ne pas lâcher ses amis. Et le pays vit pendant ce temps dans un climat explosif permanent où  tout est paralysé, en d'autres termes un pays bloqué. Pourtant, le président a la solution en main et a aussi le  devoir de ne pas laisser la situation envenimée. Mais, il veut jouer au matador en s'appuyant sur une clique de corrompus, tout en ignorant vertement les appels bien fondés d'une population aux abois privés de tout. C'est qu'il oublie que les grandes qualités d'un président, c'est d'être à l'écoute de son peuple et non à celle d'une clique d'assassins du peuple.

Ce qu'on veut souhaiter, cependant, c'est une manifestation sans violence où les manifestants vont exprimer clairement et fermement leurs griefs et leurs  ressentiments. Malheur, toutefois, s'il y a provocations la faisant dégénérer en violences regrettables. Le président devra répondre par devant la nation et par devant l'histoire d'avoir failli à ses responsabilités sur une question de droit et de justice.
JM


Port-au-Prince sur le qui-vive, Jovenel Moïse visite les commissariats
Des magasins de la place se fortifient, des ambassades étrangères lancent des alertes à leurs ressortissants, les gens se bousculent dans les supermarchés pour s’approvisionner, des appels à manifestation pour le 17 octobre fusent de toutes parts… Port-au-Prince est sur le qui-vive. Le spectre de la violence hante les esprits et les séquelles des émeutes des 6 et 7 juillet sont encore visibles. Pour prendre le contrôle de la situation, le président de la République visite les commissariats de la capitale sans se faire accompagner du directeur général de la police Michel-Ange Gédéon ni des ministres en charge du secteur sécuritaire.

Les gens ont peur. Dans les supermarchés à Port-au-Prince, ils se bousculent pour s’approvisionner en produits de première nécessité. Victime d’un déficit de confiance, le gouvernement ne rassure pas. Le gouvernement ne peut pas rassurer. Les messages qui circulent sur les réseaux sociaux alimentent l'angoisse. Depuis les émeutes des 6 et 7 juillet, les commerçants de la capitale ont compris qu’ils devaient s’occuper eux-mêmes de leur sécurité. Pour ce faire, ils se barricadent derrière des murs de plus de trois mètres de hauteur.

À l’approche des manifestations prévues le mercredi 17 octobre, des institutions internationales et des ambassades étrangères en Haïti lancent des alertes à leurs fonctionnaires et à leurs ressortissants.

Parmi les messages envoyés, on peut lire des mises en garde comme : « Il est conseillé aux membres du personnel de rester chez eux le 17 octobre, car les membres de la police s'occuperont de sécuriser les manifestations et ne seront probablement pas disponibles pour répondre aux appels de service en cas d'urgence. Vous vous approvisionnez en eau, nourriture, médicaments, carburant et tout autre article que vous pourriez avoir besoin de mettre à l'abri sur place pendant trois jours ou plus… »

Ou encore des messages du genre : « Révisez votre plan de sécurité personnel ; réexaminez les projets de voyage au cours de cette période, en raison du risque de fermeture des routes ; surveillez les bulletins de nouvelles locales; évitez les manifestations et tout grand rassemblement de personnes; partagez vos coordonnées et vos projets de voyage avec votre famille, vos amis ou d’autres personnes; n'essayez pas de franchir des barrages routiers; si vous rencontrez un obstacle, faites demi-tour et rendez-vous dans un endroit sûr… »

La Banque centrale a dû sortir un avis lundi pour exiger des institutions financières du pays l'ouverture de leurs portes ce mardi 16 octobre. D’autres entreprises annoncent qu’elles fermeront leurs portes à partir de midi ce mardi.

Pour plus d’un, les manifestations des élèves des établissements scolaires publics vendredi dernier et ce lundi sont des avant-goût de ce qui attend le pays le 17 octobre prochain. Ils étaient des centaines d’écoliers à gagner les rues de la capitale pour exiger la construction d’écoles publiques avec l’argent de PetroCaribe. L’image des élèves en uniforme qui parcouraient les rues de Port-au-Prince scandant « Nous voulons l’argent du PetroCaribe » était sur tous les réseaux sociaux et le message fort.

À l’occasion de la commémoration de l’assassinat du père de la nation, Jean-Jacques Dessalines, ce 17 octobre qui est un jour férié en Haïti, des partis politiques de l’opposition, des internautes de mouvement #PetroCaribeChallenge, des groupes organisés dans la société appellent la population à gagner les rues pour exiger des explications sur l’utilisation du fonds PetroCaribe. Toutefois, les partis politiques eux, en plus de la reddition des comptes, vont manifester pour exiger le départ du président de la République.

D’autres structures de la société comptent aussi gagner les rues pour régler leurs comptes personnels avec le gouvernement. C’est le cas du puissant pasteur protestant Muscadin André, responsable de la Radio, télévision et église Shalom. Ce dernier reproche à la DGI d’avoir gelé les comptes en banque de ses institutions exigeant le payement de plus de 3 millions de de gourdes de taxes. Le pasteur appelle ses fidèles à manifester.

Selon des sources proches du gouvernement, l’église Shalom n’est pourtant pas visée dans les mesures de la DGI, mais la Radio et la Télévision Shalom qui sont considérées comme des entreprises commerciales et qui de ce fait doivent payer des taxes à l’État. « On est en train de faire le recouvrement des créances. Son compte est bloqué pour non-respect des engagements envers l'État estimés à de 3.5 millions de gourdes », affirment nos sources.

Parallèlement à ces différents griefs et revendications, la gourde poursuit sa descente aux enfers par rapport au dollar américain. Ce lundi, pour un dollar américain, il vous fallait pas moins de 73 gourdes. Un taux de change record. Conséquemment, les prix des produits de première nécessité grimpent. Une situation qui vient s’ajouter à la liste des frustrations de la population.

Pour montrer qu’il a le contrôle de la situation, le président de la République a entamé depuis vendredi dernier une série de visites dans les principaux commissariats de l’aire métropolitaine comme la Brigade d'opération et d'intervention départementale (BOID), le commissariat de Port-au-Prince, la base du Groupe d'intervention police nationale d'Haïti, la direction départementale de la PNH, la base du Corps d'intervention et du maintien de l'ordre (CIMO). Cependant, Jovenel Moïse ne s’était pas fait accompagner du directeur général de la police nationale dans ses différentes visites.

Le Premier ministre Jean-Henry Céant, président du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN), a, quant à lui, rendu visite lundi au directeur général de la police nationale, Michel-Ange Gédéon, au quartier général de la PNH à Pétion-Ville.

Dans un message préenregistré publié mardi soir, le directeur général de la PNH a donné la garantie que l'institution qu'il dirige continuera à remplir sa mission qui est de protéger et de servir sans prendre parti. Toutefois, Michel-Ange Gédéon a indiqué que devant la violence la police ne restera pas les bras croisés.

Des informations laissent croire que pendant ses visites aux commissariats de police, le chef de l’État aurait distribué de l’argent liquide aux policiers et aux responsables des commissariats. Le secrétaire d’État à la Sécurité publique, qui n’avait pas non plus accompagné Jovenel Moïse lors de ces visites, porte un démenti à ces informations.

Intervenant lundi soir à l’émission Haïti "Sa k ap kwit ?" sur Télé 20, Ronsard St-Cyr a fait savoir que plus de 1 500 policiers sont déjà déployés un peu partout à travers Port-au-Prince et des zones avoisinantes. Selon le secrétaire d’État à la Sécurité publique, toutes les dispositions ont été prises pour assurer la sécurité des vies et des biens de la population ce mercredi 17 octobre. Il a donné la garantie que contrairement aux événements des 6 et 7 juillet derniers, les forces de l’ordre sont mieux préparées à anticiper les éventuels actes de violence.

Source: Le Nouvelliste
Auteur : Robenson Geffrad

Sunday, September 4, 2016

Une missionnaire espagnole, dévouée aux pauvres et aux handicapées, abattue en Haïti.

 Sœur Isabel Sola Matas assassinée le 2 septembre 2016 en Haïti
Par: Herve Gilbert

La religieuse espagnole Isabel Sola Matas, 51 ans, est morte assassinée dans un “hold-up”  (braquage) à Port-au-Prince,  tout près de l’emplacement de la cathédrale de Port-au-Prince, Haïti, le vendredi 2  septembre 2016.  La victime appartenait à la congrégation religieuse de Jésus et de Marie, une organisation fonctionnant  en Haïti depuis 1997.

 À noter aussi que cette organisation caritative, dont le siège social est  à Rome, est   aussi présente  dans 13 autres provinces de l’Amérique latine  ainsi que dans 28 autres  pays à travers le monde.

Cette missionnaire originaire d'Espagne,  qui a consacré sa vie à aider les pauvres en Haïti,  a été tuée, selon les premières constatations, par balle dans la capitale haïtienne par deux hommes circulant à moto. Un autre passager, une femme haïtienne, se trouvant dans la même voiture au moment du meurtre   a, quant à elle, reçu deux projectiles. Elle a été   transportée elle aussi  à l’hôpital, mais on ne sait rien de son état de santé jusqu’à présent.

Le corps de Sœur Sola gisant dans une mare de sang aprés avoir été
abattue en pleine rue au volant de sa voiture.                                    

 Ce assassinat  a causé une grande tristesse.
À l’église Sacré-Cœur de Turgeau, le révérend père  Hans Alexandre, lors d’une déclaration à la presse,   décrit Sœur  Sola comme une «servante infatigable» de Dieu qui a notamment  aidé à construire plusieurs maisons.  Elle travaillait comme infirmière, nourrissait les affamés et avait créé un atelier de fabrication  de prothèses pour les handicapés et autres  amputés  après  le tremblement de terre dévastateur de 2010 en Haïti.

«La perte est immense… On n’a pas tué seulement une personne, ils ont tué les espoirs de beaucoup de gens", a ajouté  le père Alexandre…»

Le prélat  a aussi souligné que Sœur Sola l’avait hébergé ainsi que quatre  autres prêtres  dans sa maison  de deux étages pendant plus d’un an, après l’effondrement de l’ église et le presbytère de sa congrégation durant cette même catastrophe :  « Elle a permis aussi de collecter  des dizaines de milliers de dollars pour construire une école professionnelle  dans ma paroisse où les Haïtiens peuvent maintenant tout apprendre, comme par exemple: la  restauration des câblages  électriques,  la musique  etc… » .

Une  femme qui se trouvait au rez-de-chaussée de la maison de Sœur Sola s’est effondrée de tout son poids en apprenant la nouvelle de l’assassinat. Dans sa détresse et  sa colère, elle s’est exclamée :  «  Quel pays! Elle a beaucoup fait pour les gens d’ici et voilà ce qui lui est arrivé…»  Cette femme, du nom de Suzie Mathieu  se recouvre le visage  de ses mains et se met à rouler par terre…

Isabel Sola Matas posant avec les enfants d'Haïti
Derrière la grille métallique de la maison de la religieuse Sola, un homme échevelé avec des vêtements en lambeaux, les yeux tournés vers  le sol se met lui aussi à crier : « Elle était la personne qui prenait soin des gens comme moi.  « Elle me donnait de  la nourriture et  plusieurs autres choses, aujourd’hui, je suis très triste «dit-il»

À l’issue de la messe de ce dimanche 4 septembre au Vatican dans laquelle Mère Teresa de Calcutta a été canonisée, le pape François a dirigé des prières pour Sœur Isabel Sola Matas assassinée la semaine dernière en Haïti.

Une fois de plus, nous condamnons fermement ces atrocités qui ternissent l’image d’Haïti. Nos pensées vont à la congrégation  de Jésus et de Marie  qui a perdu  une religieuse de grand cœur en la personne de Sœur   Sola et  à l’autre victime qui l’accompagnait et à qui nous souhaitons un prompt rétablissement. Qui seront les autres victimes dans les prochains jours ? L’enquête se « poursuivra »certainement comme à l’ordinaire… Et les impunis continueront leurs actes criminels…

Par Herve  Gilbert


Sources :  FOX NEWS et Informativos/sociedad

Tuesday, December 19, 2006

Péligre et la crise énergétique en Haiti (Documentaire Audio-Video)

Par: Herve Gilbert : hergil55@yahoo.com
01-02-06
Définition d'une Centrale hydroélectrique :
Centrale de Péligre: Puissance installée 47.5 Mw
Centrale de production d'électricité dans laquelle le flux créé par l'eau amenée par écoulement libre (canaux) ou par des conduites en charge (conduites forcées) actionne la rotation des turboalternateurs, avant de retourner à la rivière comme débit turbiné. C'est une forme d'énergie renouvelable, propre et non polluante.

Une centrale hydroélectrique transforme l'énergie sauvage d'une chute d'eau en énergie mécanique grâce à une turbine, puis en énergie électrique grâce à un générateur.
Deux types d'installations existent à travers le monde :

Les installations qui fonctionnent par éclusées, c'est-à-dire de grands barrages dotés de réservoirs permettant de répondre aux pointes de consommation, comme l'Hydro-Québec .

Les centrales installées au fil de l'eau, ce qui est le cas de la Centrale hydroélectrique de Péligre.

Quelques détails techniques sur la centrale de Péligre:
A 52 kilomètres de Port-au-Prince, en suivant la route nationale no 3 , soit à 9 kilomètres de Mirebalais , se dressent la centrale de Péligre et son barrage.Le barrage est pourvu de sept vannes dont trois évacuateurs de crue et quatre vannes de chasses.C’est une centrale de moyenne chute. Elle est d'une hauteur de 172 m par rapport au niveau de la mer.

  Type: fil de l'eau, Nombre de groupes : 3 ;Hauteur de chute maximale du barrage : 172.00 mètres par rapport au niveau de la mer. Mise en service: Juillet 1971; Système hydrique: Fleuve de l'artibonite; Débit moyen du lac: 70.00 m3/s ,Superficie: N/A
Vue aérienne du Barrage de Péligre (Courtoisie Sakapfet.com)

Turbine type Francis
Système hydrique: Ensemble constitué par un cours d'eau, ou plusieurs cours d'eau reliés entre eux, et les ouvrages de génie civil qui y sont mis en place en vue d'agir sur les apports naturels en eau pour des fins d'utilisation ou de régulation de l'eau.
Trois types de turbines sont utilisés à travers le monde : Kaplan pour les basses chutes (5-10 m), Francis pour les chutes moyennes (10-100 m) et Francis et Pelton pour les hautes chutes (50 à 400 m).
Les centrales de basse chute consistent en un seuil qui dérive l'eau dans un canal d'amenée qui la conduit à la centrale. La restitution de l'eau se fait en aval dans le canal de fuite qui rejoint le cours d'eau dérivé.
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Les centrales de haute chute sont dotées d'une prise d'eau en montagne et d'une conduite forcée qui amène l'eau à la centrale puis la restitue.
La centrale de Péligre est dotée de trois turbines d'une capacité de 15,5 Mw chacune. Ces turbines de type francis ont été installées par une compagnie italienne. On peut dire que la centrale a une capacité moyenne de 45 MW. A l'inauguration de Péligre en juillet 1971, la consommation énergétique de la zone métropolitaine incluant Léogane, Croix-des-Bouquets était de 12 Mw en pointe . La demande a pris moins de 15 ans pour quadrupler, soit une augmentation de plus de 120 % en dix ans.
L'exode rural et l'expansion anarchique de Port-au-Prince, la multiplication des bidonvilles dans les périphéries de Port-au-Prince sont les principales causes qui ont occasionné le rationnement de l'électricité et la non-rentabilité de l'entreprise vers les années 1986, après le départ de Jean-Claude Duvalier. A mesure que la population de Port-au-Prince augmentait, la fraude et les « comberlandes » devenaient importantes . Vers l'année 1987 sur chaque kilowatt produit, 40 % était une perte sans compter des arriérés ou escrocs qui dépassaient plus de 15 % .. Alors, l'Electricité d'Haiti n'était plus une entreprise rentable après 1986.
 
Une vue du lac de Péligre, montrant la dégradation des terres vers le
                           barrage pendant les pluies diluviennes. Photo  prise en 2006                                               


 J'ai participé à la gestion de la centrale de Péligre et de la zone métropolitaine pendant plus d'une décennie entre 1982 -1994. On utilisait la centrale de Péligre de façon optimale en saison humide. En 1986, la demande de la zone métropolitaine passait à 95 Mw. Malgré la construction de deux autres centrales thermiques utilisant le mazout et le diesel: Varreux et Carrefour; 21 et 30 Mw respectivement, la demande n'a pas cessé de galoper; cette escalade a continué de façon vertigineuse...

D'autres facteurs, l'arrivée des bateaux « Pèpè » ont contribué également à l'effondrement de l'électricité d'Haiti. Tout le monde pouvait se procurer d'un téléviseur, d'un fer à repasser ou d'un micro-onde (micro-wave) en provenance de l'étranger . Autant de facteurs qui ont contribué à d'énormes pertes en énergie dans la distribution du courant aux usagers. L'utilisation des conducteurs inappropriés et la carence  d'infrastructures électriques en place pour faire face à la demande en sont d'autres exemples...
Il nous faut un renforcement des institutions en Haiti, la création des garde-fous qui puissent garantir le fonctionnement des institutions autonomes comme l'Ed'h, avant de penser à un projet d'électrification rentable en Haïti. 


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La partie ouset du batiment où se trouvent les turbines

Dans tous les pays, l'Etat est un mauvais gestionnaire... Si l'on veut vraiment attirer des investisseurs en Haïti, l'électricité est le secteur le plus important que le gouvernement haïtien doit prioriser, cela aiderait tout aussi bien à une décentralisation. La privatisation n'est pas possible tant que l'autorité de l'Etat haitien ne soit pas renforcée. l'Etat haïtien ne prend pas des mesures adéquates pouvant garantir un vrai fonctionnement des institutions... Dans un pays où l'Etat est absent, on ne peut avoir une institution autonome comme l'Ed'h de survivre. On utilise tous les voies et moyens pour avoir de l'électricité même à l'aide d'un fil de fer barbelé.

Je me rappelle qu'en 1986 que le fils d'un des plus riches industriels haïtiens avait perdu sa vie en tentant de connecter "une "comberlande" sur la cour de la Hasco à une heure avancée de la  nuit. Parfois ceux qui peuvent payer la facture utilisent les fraudes ou ne paient pas...

Dans tous les pays, on doit nécessairement avoir une capacité de production double par rapport à la demande pour palier aux déficiences mécaniques, techniques de la machinerie électrique et pour permettre une maintenance préventive,indispensable à la durée de toute centrale. Tout comme le moteur d'un véhicule, l'entretien est vital.  En Haïti on n'a jamais eu la chance d'avoir une production supérieure à la demande. Et les génératrices ne bénéficient d'aucun maintien préventif en raison de l'insuffisance de la production et de l'absence  de profitabilité pour l'approvisionement en pièces de rechange.


Une vue aérienne montrant l'expansion anarchique de Port-au-Prince
En Haiti, il y a deux saisons : la saison sèche et la période humide. Cette dernière étant la saison de la pluie, commence à partir de la mi-mai pour prendre fin au mois d'Octobre, Les pluies, mesurables au moyen de la pluviométrie, durant cette période facilitent le remplissage du barrage d'une hauteur de 172 mètres par rapport au niveau de la mer. Les arbres, les plantes et les herbes représentent une bonne couverture, ils ralentissent l'écoulement des eaux des pluies dans lesnappes aquifères, les mers et les rivières. Si ce tampon protecteur disparaît, le sol n'a plus de protection contre les pluies et est tout bonnement charrié vers les mers et cours d'eau (sédimentation) causant bien souvent des inondations massives de boue.

 Une deuxième implication dans les problèmes d'environnement du pays. Un barrage est une cuvette, plus le niveau d'eau est haut, plus le débit est fort pour produire et turbiner. Cependant, l'érosion accrue de l'environnement du lac dû à la coupe de bois continue, un phénomène qui s'est aggravée au fil des ans, a engendré le phénomène de sédimentation à un rythme accéléré, un problème néfaste à la durée du Lac. La sédimentation résulte de l'ensablement du barrage en saison humide. C'est un phénomène qui se produit en raison du déboisement dans la zone du barrage. Effet : une dégradation des terres vers le barrage pendant les pluies diluviennes. Comme conséquence négative, nous enregistrons une évaporation rapide du lac en période sèche et une réduction significative du volume de contenance causée par les alluvions et des sédiments qui continuent à s'entreposer tout au long du barrage à un rythme accéléré.

Une vue du lac de Péligre non loin de Plato. Photo prise lors de la  grande
sécheresse de 2005. Ce petit canot se trouvant par terre est souvent utilisé
pour la pêche lorsque le lac est rempli d'eau.                                                 
 La conduite forcée des turbines est située entre 153 mètres et 172 Mètres, c'est-à-dire le niveau minimal exploitable du lac pour tourner les turbines  est de 153 mètres. On peut toujours utiliser le lac pour l'irrigation en ouvrant les portes ou les vannes-secteurs. Autre point à signaler, en période sèche on peut seulement utiliser une turbine, parce qu'il n'y a pas d'apport-amont significatif pour une gestion à court terme du niveau d'eau restant. Le taux de sédimentation étant élevé et l'évaporation du lac du fait du manque de couverture en bois dans les périphéries ne permettent pas une utilisation effective de la centrale en période sèche (Nov-Mai ).

Par ailleurs, on ne peut pas augmenter d'autres turbines, pour une plus grande capacité, comme l'a souligné un  intervenant... Parce que toute tentative d'augmentation de débit ne serait pas rentable et causerait des inondations en aval du barrage, dans les petits canaux déversoirs. Et les canaux en aval  ne  supportent pas plus de 70m3/s d'eau .
De tels projets sont réalisables seulement avec d'autres micros-barrages en aval ou l'implantation des déversoirs et des évacuateurs de crue  en aval tout le long des canaux , c'est-à-dire d'autre ouvrage par lequel s'écoule le trop-plein des canaux. Une couverture forestière aux alentours du lac de Péligre s'avère nécessaire sinon même la vallée de l'artibonite et le bas plateau central et la plaine de l'ODVA  seront affectés. De tels projets coûteraient beaucoup plus que le coût actuel de la centrale.

Le reboisement représente la première étape pour un sauvetage du barrage. On pourrait tenter d'implanter des micro-centrales hydro-électriques en aval de Péligre comme celle de Drouet non loin de Pont Sondé désservant les villes des Gonaives, Sain-Marc et l'Estère en période humide. On ne connait pas le rythme du déboisement actuel  dans un pays en déliquescence institutionnelle. Existent-ils des Agents forestiers en Haïti ? 

Nous devons penser à développer d'autres types d'énergies renouvelables: 
- Vent : éolienne, houlomotrice.
- Soleil : thermique, photovoltaïque, thermodynamique.
- Chaleur terrestre : géothermie.
- Eau : hydroélectrique, marémotrice.
- Biodégradation : biomasse.
- Biocarburant.

Les énergies renouvelables sont ainsi multiples et fondamentalement diverses par leurs mécanismes physiques, chimiques ou biologiques.
Elles constituent un ensemble de filières diversifiées dont la mise en oeuvre n'entraîne en aucune façon l'extinction de la ressource initiale, et qui est renouvelable à l'échelle humaine.  

Pour finir, je dis que lorsqu'on navigue sur Haiti à l'aide d'imageries satellitaires, la Grand'Anse reste aujourd'hui  le seul coin vert d'Haiti. Tous les bassins versants présentent des signes avants-coureurs qui ne semblent intéresser nullement les gens aux commandes de l'Etat. Haiti vit l'imminence d'une catatrophe écologique irrémédiable à cause du laxisme des autorités. Je souhaite que le gouvernement haitien prenne des mesures drastiques  en vue de stopper le déboisement de la forêt des Pins, un fait qui a été déja signalé par les médias. Le réseau de transport et de distribution haïtien n'est pas intégré sauf à Port-au-Prince où il existe une ceinture de 69 kv,raccordant les différentes sous-stations de distribution. L'essentiel du réseau de distribution intégré se trouve dans la région de Port-au-Prince, alors que des réseaux de distribution locaux desservent des localités avoisinant de petites centrales avec une tension de transport de 12,47 kv ou 2,4 kv. Sur ses 1 500 Km environ de lignes à moyenne et basse tension, 620 Km sont situées dans la région de la capitale et plus de 1 100 Km s'étendent sur l'axe Port-au-Prince / St-Marc / Gonaïves / Cap-Haïtien, les Cayes, Miragoâne, Petit-Goâve où se concentre plus de 80 % de la clientèle d'EDH. L'unique ligne à haute tension du réseau est celle qui relie la centrale hydroélectrique de Péligre à Port-au-Prince (115 kV, 69 Kv), tandis que la majeure partie des autres lignes de transport fonctionne à 69 et 12,47 kV dans la zone métropolitaine. Des 175 000 clients officiels d'EDH, plus du quart était considéré comme inactif, c'est-à-dire débranché ou déconnecté. Environ 125 000 consommateurs, dont 450 petites industries alimentées en moyenne tension, constituent la clientèle d'EDH. (1994-2000)  

Une Ballade à Port-au-Prince vers les années 40
par: Herve Gilbert, Ingénieur électrique, hergil55@yahoo.com  ex Technicien-cadre de l'ED'H , ancien responsable de la Programmation  Informatique des Mouvements d'Energie.

Je vous invite à faire une visite en Haiti en cliquant ici : Naviguons en Haiti

Ceux ayant le DSL et le VGA card installés dans l'ordinateur auront une bonne résolution et peuvent  explorer Haiti dans tous les départements géographiques en utilisant la souris. Bonne découverte !
hg                 

Interview récente avec le directeur général de l'Ed'H, l'ingénieur Jean Erold Morose:
ou cliquez ici :http://bit.ly/1rGOCd1