Après deux jours de garde à vue,
l’ancien chef de l’Etat français a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire mercredi soir dans le cadre de
l’enquête sur le présumé financement libyen de sa campagne présidentielle de
2007.
Nicolas Sarkozy, le 21 mars à Paris. |
Nouveau séisme
judiciaire pour Nicolas Sarkozy. Après deux jours de garde à
vue, l’ex-président de
la République a été mis en examen mercredi soir et placé sous contrôle judiciaire pour «corruption passive»,
«financement illégal de campagne électorale» et «recel de fonds publics
libyens». Déjà renvoyé en correctionnelle pour «financement
illégal de campagne» dans l’affaire Bygmalion et mis en examen pour
«corruption», «trafic d’influence» et «recel de violation du secret
professionnel» dans le dossier «Bismuth», voilà donc Nicolas Sarkozy officiellement
empêtré dans un nouveau dossier.
L’affaire s’est nouée en
avril 2012, lorsque Mediapart a
révélé l’existence d’une note secrète signée par le chef des services secrets
extérieurs libyens, actant le déblocage de 50 millions d’euros pour la
campagne de Sarkozy. L’ex-président dénonce alors un «faux grossier». Mais six ans plus tard, les juges
disposent de nombreux éléments accréditant les soupçons d’un financement
occulte libyen. L’homme par qui le scandale arrive, l’intermédiaire
franco-libanais Ziad Takieddine, a affirmé avoir transporté lui-même
5 millions d’euros en liquide de Tripoli à Paris entre fin 2006 et
début 2007, avant de les remettre en mains propres à Claude Guéant, puis
directement à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. Des propos étayés
par les déclarations d’Abdallah Senoussi, ex-directeur du renseignement
militaire libyen, et le carnet de l’ancien ministre libyen du Pétrole Choukri
Ghanem.
Plusieurs opérations suspectes
Nicolas Sarkozy a toujours nié d'avoir bénéficié pour sa campagne victorieuse de 2007, d'argent du régime lybien Mouamar Kadhafi. |
Reste cette question : en échange
de quelles contreparties auraient eu lieu ces versements du clan Kadhafi ? Plusieurs épisodes
démontrent
le réchauffement des relations franco-libyennes après la
victoire de Nicolas Sarkozy, en 2007. Il y a d’abord la libération
des infirmières bulgares, élément essentiel à la normalisation entre les deux pays. Puis,
quelques mois plus tard, la réception en grande pompe du «Guide» à Paris. Les
investigations ont depuis mis en lumière plusieurs opérations suspectes, dont
ce virement de 500 000 euros
sur le compte de Guéant en mars 2008. L’ex-secrétaire général de l’Elysée a été
mis en examen depuis pour «blanchiment de fraude fiscale en bande organisée».
D’autres personnages clés du dossier, comme l’intermédiaire
Alexandre Djouhri, pourraient bientôt être entendus par les juges.
Autre front ouvert en
marge du volet corruption : le financement illégal de campagne. Dans un rapport
de septembre 2017, les enquêteurs estimaient avoir découvert de nouvelles «qualifications pénales». En l’espèce : un système de
caisse noire mise en place au sein de l’association de
financement de la campagne de Nicolas Sarkozy afin de payer certaines
petites mains en liquide.
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