Par Elizabeth Sévère
Le magnifique éditorial que Marvel Dandin a présenté le jeudi 2
mars 2017 dans l’émission “Di-m ma di-w” sur les ondes de Radio Kiskeya a été
bien reçu par tous ceux qui jusuq’ici ont horreur de la grivoiserie. Il l’avait
fait dans le but de répondre aux obscénités qu’a proférées Joseph Michel
Martelly, l’éternel Sweet Micky, au cours du dernier défilé carnavalesque qui a
eu lieu aux Cayes à l’endroit des journalistes Liliane Pierre-Paul et Jean
Monard Métellus. En très grande partie, je suis d’accord avec M. Dandin. Il
existe un seul point sur lequel je suis en désaccord avec le courageux
éditorialiste de “Kiskeya”. C’est quand il appelle Michel Martelly “Sweet
Micky, Ti Simone, ancien président avadra”.
Il n’y a aucun doute que Joseph Michel Martelly est né “avadra”, a
vécu toute sa vie en “avadra” et va sans aucun doute mourir
“avadra”. Cependant, c’est manquer d’égard à Ti Simone que de vouloir la
comparer avec ce “bandit légal”. Peut-être que notre estimable Dandin et
d’autres encore sont trop jeunes pour connaître Ti Simone. C’est injuste de
comparer Joseph Michel Martelly à Ti Simone. Et sans aucun doute, M. Dandin a
fait cette comparaison de bonne foi. Vers 1965-1966, celle-ci était une jeune
fille du peuple, âgée d’une vingtaine d’années, qui se tenait devant le char
carnavalesque de certains jazz, en dansant de façon indécente. Si c’était en
1995 que Ti Simone avait fait ce qu’elle faisait sur les chars en 1965,
aujourd’hui, elle serait député, mairesse ou même présidente de la République.
Si Joseph Michel Martelly a pu devenir président d’Haïti, n’importe quel
chenapan peut l’être également, car jamais notre nation a accouché d’un vaurien
aussi répugnant comme Joseph Michel Martelly.
Ti Simone avait plus de classe que Gracia Delva et Joseph Michel
Martelly, dit Sweet Micky. Personne ne peut dire qu’elle a une seule fois
entendu en public sortir des bouches de Ti Simone des insanités comme celles
que Joseph Michel Martelly profère dans le pays depuis près de 30 années. C’est
un monsieur qui a descendu son pantalon en public – comme il l’a fait dans
l’administration haïtienne. Personne ne peut dire avoir vu une seule fois en
public la culotte de Ti Simone comme on avait vu l’année dernière le caleçon de
Gracia Delva au cours d’un meeting électoral. Pourquoi s’étonner que Jovenel
Moïse ait applaudi Joseph Michel Martelly, ancien president-avadra? Qui se
ressemble, s’assemble. Qui dit Sweet Micky dit Jovenel Moïse. N’est-ce pas
Michel Martelly qui avait recommandé Jovenel Moïse?
Autrefois, dans le pays, on arrêtait et condamnait à de lourdes
amendes les gens qui proféraient des insanités dans les rues. En 1968, le
régime de Duvalier, un régime certes criminel, avait interdit la chanson “
Juge, juje-m bien” de Coupé Cloué, car celui-ci y avait dit quelques mots qui
constituaient des entraves à la morale publique. Aujourd’hui, on voit Jovenel
Moïse et sa femme, tout en souriant, danser aux Cayes les insanités de Michel
Martelly. De toutes façons, c’est seulement dans l’Haïti d’aujourd’hui qu’un
homme sans relief comme Jovenel Moïse peut en devenir le premier magistrat.
Où est passé le sens de la décence et de la moralité dans le pays?
Où se trouvent nos autorités religieuses? Où se trouve le cardinal Chibly
Langlois? Où se trouvent nos autorités intellectuelles, les Franck Etienne, les
Dany Laferrière, les Michaëlle Jean, les Myrlande Manigat, les Lyonel
Trouillot, les Arnold Antonin, etc? Où sont-elles passées les associations de
défense des droits des femmes? Dans cette affaire, ce serait bien d’entendre la
voix d’une grande dame telle que Odette Roy-Frombrun. N’existe-t-il pas en
Haïti des associations de professeurs pour dénoncer et condamner publiquement
cet acte de vagabondage de Joseph Michel Martelly? Il n’existe pas
d’associations de parents dans le pays? Il ne s’agit pas de défendre ni Liliane
Pierre-Paul ni Jean Monard Métellus. Ce sont deux adultes qui peuvent se
défendre tout seuls. Il s’agit tout simplement de crier son ras-le-bol face à
une situation qui porte atteinte à la dignité humaine.
Si le pays avait aux autres branches de son gouvernment
(législative et judiciare) des dirigeants valables et compétents, qui se
soucient de l’avenir de la jeunesse, ceux-ci auraient dû punir sévèrement
Joseph Michel Martelly. Et ce ne serait même pas étonnant si dans cinq ans le
même galipiat redevienne président du pays. Car c’est justement le silence, la
complaisance et la démission des élites qui avaient permis à un chenapan tel
que Joseph Michel Martelly de briguer en 2011 la magistrature suprême de l’Etat
haïtien. Cela peut arriver car certains des gens dont nous avons cité plus haut
leur nom ne font pas leur travail. Quelle autorité administrative digne de ce
nom peut délivrer un certificat de bonne vie et mœurs à un dévergondé, un
vagabond comme Joseph Michel Martelly? Ce qu’il a fait représente clairement un
outrage public à la pudeur et aux bonnes mœurs et constitue une atteinte à
la décence publique.
En son article 278, le Code pénal haïtien stipule clairement: «
Toute personne qui aura commis un outrage public à la pudeur sera punie d’un
emprisonnement de trois mois à un an, et d’une amende de seize gourdes à
quarante-huit gourdes. Définissons alors l’expression “outrage public à la
pudeur.” Selon René Garraud, dans son « Traité de droit pénal »: “L’outrage à
la pudeur résulte d’un fait physique, acte, attitude ou geste, de nature à
offenser la pudeur d’autrui.” L’auteur continue: “Les éléments
constitutifs de l’outrage public à la pudeur sont au nombre de trois. Il faut
qu’un fait matériel, contraire à la pudeur, ait été publiquement commis, sans
nécessité et volontairement.”
Il est lamentable le fait qu’un homme peu recommandable comme
Michel “Sweet Micky” Martelly ait attaqué sans raison deux journalistes qui
n’ont commis comme crime que dénoncer ses dérives à la tête de l’Etat. Mais
certains membres de la presse haïtienne doivent avoir le courage de dire
aujourd’hui “mea culpa… mea culpa… mea maxima culpa”. C’est que, en grande
partie, ils sont responsables de la popularité de Michel Martelly en Haïti.
C’est un vaurien qui dit ouvertement des insanités dans le pays depuis près de
trois décennies, qui a plus d’une fois descendu son pantalon en public, qui
s’est masturbé en public. En dépit de tout, jamais la presse n’a pris une
position ferme pour dire le danger qu’un tel sacripant représente pour la
jeunesse du pays. Devenu président, il a continué à faire les mêmes choses. Par
exemple, le 26 juin 2011, voilà Michel Martelly qui se déhanche au
Kreyòl Festival à Wingate High School, à New York. Daniel Supplice, ancien
tonton macoute certes, mais un homme quand même éduqué, présent, sourit et
applaudit ces gestes de son infréquenatble ami. C’est que, pour Daniel
Supplice, l’argent n’a pas d’odeur. De son côté, au lieu de dénoncer d’obscènes
les gestes de ce vaurien, l’un des journalistes du Nouvelliste les a apppelés “
les petits gestes comiques du président de la République”.
De nos jours, n’importe qui peut aspirer à n’importe quelle
fonction dans le pays! N’importe qui, n’ayant fait aucune étude secondaire,
peut se tenir devant un microphone pour parler au sujet de n’importe quelle
science sociale. Récemment, j’ai entendu dans une de nos stations de radio un
monsieur citer le nom de Jean Price Mars, ceux de J.B. Romain, d’Emmanuel C.
Paul pendant que clairement il n’a jamais lu pas un seul livre de ces grands
hommes. Il mésinterprétait tout et faisait un véritable galimatias. Et le
public l’appelait au téléphone pour l’applaudir. Donc, un aveugle conduisait
des milliers d’autres aveugles. Cela ne m’étonnerait pas si dans cinq ans
celui-ci, à cause de son charisme, il deviendrait député, sénateur ou président
d’Haïti.
Joseph Michel Martelly, un soi-disant ancien president du pays,
l’ancien soi-disant premier magistrat de la nation, a violé aux Cayes tous ces
principes. Toute peine doit être proportionelle à tout crime commis. Après un
tel acte, un homme comme Joseph Michel Martelly aurait dû être banni de toute
fonction publique ou / et élective au moins pendant 50 ans. Nous nous montrons
durs à l’endroit de jeunes filles du peuple sans boussole, sans aucune
ressource financière qui se prostituent malgré elles et nous offrons la
magistrature suprême de l’Etat haïtien à un malandrin comme Joseph Michel
Martelly. Trop, c’en est trop!
Non, Ti Simone n’est pas Michel Martelly! Ti Simone était une
sainte comparée à un “fatras, un déchet toxique, un mardi gras mal masqué”
comme Joseph Michel Martelly, à un avadra tel que Gracia Delva. La société
haïtienne n’a jamais connu un vagabond de la trempe de Joseph Michel Martelly.
Ce vaurien est une honte pour le nom et le prestige de la nation haïtienne.
Elizabeth Sévère severeelizabeth@yahoo.com
Fontamara, Haïti
Fontamara, Haïti
5 mars 2017
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