Le gouvernement Trump met fin à un programme temporaire de
résidence ayant permis à quelque 60 000 Haïtiens de résider et de
travailler aux États-Unis depuis le puissant séisme de 2010 en Haïti. En fait,
le programme sera prolongé une dernière fois jusqu’en juillet 2019 afin de
donner aux Haïtiens du temps pour préparer leur retour dans leur pays natal,
selon l’annonce faite ce lundi par le département de la Sécurité intérieure.
Après avoir « passé en revue les conditions dans lesquelles
[les ressortissants haïtiens avaient] initialement obtenu » ce statut de
protection temporaire, la ministre par intérim du département de la Sécurité
intérieure (DHS), Elaine Duke, a établi que ces « conditions
extraordinaires mais temporaires […] n’existaient plus », a expliqué le
DHS dans un communiqué.
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a tué des dizaines
de milliers de personnes, détruit une grande partie de la capitale de Haïti,
Port-au-Prince, et déplacé plus d’un million de Haïtiens. C’est ce contexte qui
avait justifié la mise en place d’un statut de protection temporaire dont
58 700 Haïtiens bénéficient aux États-Unis, selon le DHS, et qui leur
permet de rester sur le sol américain après l’expiration de leurs visas et de
travailler légalement.
Une annonce plus tôt cette année indiquant que le statut était
réexaminé a entraîné un afflux de milliers de demandeurs d’asile à la frontière
entre les États-Unis et le Canada, particulièrement au Québec, prenant au
dépourvu le gouvernement libéral de Justin Trudeau.
Alors qu’une échéance sur le sort du programme arrivait jeudi, le
ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, disait croire plus tôt
que le Canada serait averti si les États-Unis décidaient de retirer le statut
de protection temporaire pour quelque 60 000 Haïtiens habitant aux
États-Unis.
M. Goodale soutenait que les ressources nécessaires à la
Gendarmerie royale du Canada (GRC) et aux agents frontaliers pour gérer un
afflux de demandeurs d’asile étaient en place, de même que des plans d’urgence
pour divers scénarios.
L’afflux de demandeurs d’asile avait mené à une campagne
canadienne auprès des communautés haïtiennes aux États-Unis, et deux députés
libéraux fédéraux se sont rendus à Miami et à New York à la fin de la semaine
dernière et au cours du week-end pour relancer ces efforts. Un troisième
député, le Canadien d’origine haïtienne Emmanuel Dubourg, doit se rendre à New
York mardi et s’entretenir avec des membres du bureau du maire et des groupes
de la diaspora.
M. Dubourg a affirmé que l’annonce récente que le Canada
acceptera près d’un million d’immigrants au cours des trois prochaines années a
été présentée dans un média haïtien comme si le pays ouvrait ses portes à un
million d’immigrants cette année. Elle a aussi été relayée comme une preuve de
l’accueil des Haïtiens.
M. Dubourg a dit avoir joint par téléphone la rédaction du
journal en question il y a deux semaines pour clarifier les choses, après avoir
réalisé que l’article avait été partagé des centaines de fois sur Facebook.
« J’y serai pour les informer : soyez prudents avant de
prendre une décision », disait-il en entrevue, lundi, avant l’annonce du
gouvernement Trump.
Le maire de New York, Bill de Blasio, a vivement critiqué cette
décision « cruelle » du département de la Sécurité intérieure, qui
affectera de « nombreuses familles » dans la grande ville.
« Nous devons nous battre contre cette décision sans coeur », a-t-il
écrit sur Twitter.
Sources combinées y compris Le DEvoir
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