Marine Le pen (à g)et Emmanuel Macron (à d)vont au 2ème tour |
Le
jeune pro-européen Emmanuel Macron part favori dans la bataille lancée lundi
pour le second tour de l'élection présidentielle française, le 7 mai, face à la
dirigeante d'extrême droite anti-mondialisation Marine Le Pen, duel qui exclut
les deux grands partis traditionnels.
Marine Le Pen qui réalise
ses meilleurs scores dans les zones rurales, les petites communes, les régions
qui ont pâti de la mondialisation est repartie sur le terrain dès lundi matin
avec un déplacement dans le nord de la France.
Le premier tour du
scrutin, marqué par une participation massive de près de 80%, signe
l'élimination sans précédent des deux grandes formations de droite (Les
Républicains) et de gauche (Parti socialiste) dans la course finale à l'Élysée,
au profit de deux candidats aux antipodes portés par le désir de renouvellement
politique des Français.
Au terme d'une campagne
présidentielle de plusieurs mois riche en rebondissements et au suspense
inédit, le centriste Emmanuel Macron, 39 ans, est arrivé en tête du premier
tour dimanche, avec 23,75% des suffrages, suivi par la dirigeante du Front
national, 48 ans, avec 21,53% des voix, selon des résultats définitifs.
Les «Unes» des quotidiens
français résument le choc de ce premier tour et les enjeux à venir: «la droite
K.-O.», titrait le journal de droite le Figaro. Le quotidien de gauche
Libération affichait une photo de Macron avec le titre: «À une marche» (de
l'Élysée), allusion à son mouvement En marche! «Jamais!» s'exclamait pour sa
part le journal communiste l'Humanité avec une photo de Marine Le Pen.
«En une année, nous avons
changé le visage de la vie politique française», a lancé Emmanuel Macron devant
ses partisans réunis dimanche soir à Paris.
Le résultat de l'ancien ministre de l'Économie et les
pronostics de victoire liés aux reports attendus des voix en sa faveur pour
faire barrage à l'extrême droite est «le scénario parfait dont le marché rêvait
désespérément», selon Sebastien Galy, analyste chez Deutsche Bank AG à New
York, après le vote du Brexit en juin dernier au Royaume-Uni et l'accession du
protectionniste Donald Trump à la Maison-Blanche outre-Atlantique.
Devant ses soutiens, Mme Le Pen s'est pour sa part réjouie
d'un résultat «historique», avec un record de voix à 7,6 millions de voix,
selon les résultats quasi-définitifs. «La première étape est franchie», a
affirmé la candidate, dont la qualification au second tour était pronostiquée
par tous les sondages depuis 2013.
Le conservateur François Fillon, plombé par le scandale
autour des emplois fictifs présumés au profit de sa famille, a enregistré une
humiliante défaite, à 19,91% des voix, au coude-à-coude avec le leader de la
gauche radicale Jean-Luc Mélenchon qui fait une percée record après sa campagne
atypique axée sur la volonté d'une refonte des institutions de la République.
Le socialiste Benoît Hamon a lui subi de son propre aveu
un «désastre», avec 6,35% des suffrages, à l'issue d'un quinquennat socialiste.
«Front républicain»
Jamais élu, M. Macron est en bonne position pour succéder
au président sortant François Hollande et devenir le plus jeune président de la
République de l'Histoire, devant Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873).
La majorité de la classe politique française de droite
comme de gauche a appelé à «faire barrage» à l'extrême droite, dont les
candidats battus François Fillon et Benoît Hamon.
Ce serait une «faute morale de ne pas barrer la route à
l'extrême droite», a insisté lundi Thierry Solère, ex-porte-parole de M.
Fillon.
Un «front républicain» qui rappelle l'élection
présidentielle de 2002 qui avait vu le fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, père
de Marine, se qualifier au second tour du scrutin face à Jacques Chirac avant
d'être battu à plate couture (17,79%) du fait du rassemblement contre lui.
Aux antipodes sur plusieurs thèmes -ouverture/repli,
identité/diversité, libéralisme/protectionnisme- , le duel du 7 mai prochain
promet d'être polarisé autour de deux thèmes centraux: l'Europe et la
mondialisation.
«Le grand enjeu de cette élection est la mondialisation
sauvage qui met en danger notre civilisation», a affirmé Mme Le Pen qui prône
fermeture des frontières, sortie de l'euro et moratoire sur l'immigration.
«Soit nous continuons sur la voie de la dérégulation totale,
soit vous choisissez la France», a-t-elle dit dimanche.
Emmanuel Macron, lui, veut porter «la voix de l'espoir»
pour la France et «pour l'Europe», et devenir «le président des patriotes face
à la menace des nationalistes». Le candidat centriste a d'ores et déjà reçu un
soutien appuyé de la chancellerie allemande.
No comments:
Post a Comment