Le Conseil électoral provisoire (CEP) se
démembre. En situation d'implosion, il n'est pas encore à terre. Qu'importe,
pour Michel Martelly, à moins d'un improbable arrangement extraconstitutionel,
la probabilité de sortir par le petite porte, sans passer l'écharpe à son
successeur élu, n'est plus négligeable. Destins liés.2
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Les rangs du CEP de Pierre-Louis Opont se dégarnissent.
Officiellement, deux conseillers électoraux manquent à l’appel. Le docteur
Ricardo Augustin, désigné par les évêques catholiques d’Haïti, a démissionné il
y a quelques jours sans dire pourquoi. Le pêcheur d’âmes, le pasteur Vijonet
Déméro, représentant de la Fédération protestante n’a pas noyé le poisson. Il a
présenté ce vendredi sa démission au chef de l’Etat, Michel Martelly. « Je
présente ma démission pour des raisons indépendantes de ma volonté », a révélé
Vijonet Déméro, accusé par des candidats d’avoir magouillé au BCEN en échange
de pot-de-vin. Ce que l’intéressé avait démenti.
Deux autres conseillers, Yolette Mengual et Jaccéus Joseph,
entretiennent un flou artistique sur leur avenir au CEP. L’ex-journaliste et
militante féministe Yolette Mengual, jusqu’au bout dans des acrobaties
sémantiques, a annoncé avoir pris un recul temporaire parce qu’elle a un
dossier d’accusation de corruption pendant devant la justice. Le conseiller
Jaccéus Joseph, après une conférence de presse au cours de laquelle il a
liquidé le CEP sans pour autant présenter sa lettre de démission, est aux
abonnés absents.
Mr. Michel Martelly (Dwèt sou bouch) |
En accord avec Pierre Manigat Junior, ex-rédacteur en chef du journal
Le Nouvelliste, sur le fait qu’il a été désigné et qu’il n’est pas le
représentant de la presse au CEP, Hérold Jean-François a confié avoir eu « une
rencontre amicale » avec le concerné vendredi dernier. « Nous lui avons exprimé
nos inquiétudes par rapport à sa présence au sein du CEP », a expliqué Hérold
Jean-François, soulignant que la situation a évolué avec la dernière sortie de
Jude Célestin.
« Nous pensons que la situation a évolué. Et je ne vois pas
comment un démocrate peut s’associer à une telle situation où l'on a une
élection avec un seul candidat. C’est notre point de vue. Comme les autres
membres ont compris, Pierre Manigat pourra, de façon autonome, démissionner de
l’institution par rapport à cette situation. Ce serait une décision personnelle
», a expliqué Hérold Jean-François. « Je sais qu’il a la même grille de lecture
que nous par rapport à ces élections-là pour lesquelles l’histoire va condamner
tous les protagonistes qui se seraient associés jusqu’au bout à ce processus
électoral pour le moins bizarre », a révélé Hérold Jean- François.
« Le représentant de la presse au CEP a toujours la confiance de
l’AJH. La possibilité de démissionner ou pas est un acte personnel qui revient
à la personne qui est au sein de l’institution. Il a à faire une analyse par
rapport aux informations dont il dispose », a confié Jacques Desrosiers,
secrétaire général de l’AJH. Il a indiqué que des personnalités ayant
démissionné du CEP ont été décriées et indexées par la CEEI.
Pour Joseph Guyler C. Delva, les secteurs ayant encouragé les
personnalités qu’elles ont désignées a démissionner ont peut-être leur raison
de le faire. « Je n’ai aucun problème avec Manigat. Absolument aucun problème.
100 % Manigat. » « Nous avons confiance en Manigat. Nous savons qu’il est
honnête. Nous savons qu’il ne ferait jamais des choses incorrectes. Les choses
peuvent être difficiles mais nous lui faisons confiance », a insisté Guyler C.
Delva.
Les tentatives pour entrer en contact avec le responsable
d’Alterpresse, Godson Pierre, qui a critiqué le CEP comme un tout, d’autant que
le Conseil a toujours affiché sa solidarité après la prise de décision
controversée, ont été infructueuses.
Pour Josué Mérilien, le coordonnateur de l’UNOH, « le CEP devrait
partir en bloc parce qu’il a perdu toute sa crédibilité ». « Il y a des
accusations de corruption. Il y a des faits presque avérés », a dit le
syndicaliste. « Si Lourdes Edith Joseph se souvient d’où elle vient et de ses
combats, elle devrait être la première personne à partir. Je ne sais pas si
elle a oublié d’où elle vient », a dit Josué Mérilien. Lourdes Edith Joseph,
accusé elle aussi en rapport à son travail au BCEN, n’a pas fait de vagues.
Pierre Espérance du RNDDH a rappelé que depuis le 25 août, le
RNDDH et les organisations membres de la plateforme des organisations de
défense des droits de l’homme (POHDH) n’ont jamais rencontré Me Jaccéus Joseph.
Le 30 novembre, il a été décidé que le secteur se désolidarise avec ce CEP qui
n’était plus crédible, a rappelé Pierre Espérance qui dit avoir pensé que Me
Jaccéus Joseph avait démissionné après la conférence de presse de vendredi
dernier. « S'i reste après ces critiques envers le CEP c’est parce qu’il est
attaché aux privilèges de sa fonction », a estimé Pierre Espérance.
« Pour l’instant, le Forum économique du secteur privé n’a pris
aucune décision concernant la situation électorale. On suit ça de très près. On
ne fait pas de déclaration pour l’instant », a confié en off une source proche
de cette structure regroupant les principales associations patronales en Haïti.
« Opont n’est pas notre représentant. Il y a un distinguo à faire.
Quand on désigne quelqu’un dans une institution, la personne est indépendante.
Elle agit seule. On ne peut pas la rappeler. Elle peut elle-même démissionner comme
cela se fait aujourd’hui. Je ne peux pas écrire et dire à la personne de se
retirer. Techniquement et légalement, cela ne se fait pas », a insisté cette
source. « Opont n’est pas mandaté par nous. Nous avons choisi Opont. Nous avons
envoyé deux noms au président. Chaque secteur devait présenter deux noms pour
le représenter », a-t-elle souligné, rappellant que Serge Villard, président de
la Chambre de commerce du Nord, a été le membre du secteur privé à représenter
le secteur privé au CEP de 1987.
Sur la conjoncture politique et l’interrogation quant à la
possibilité ou non que le pouvoir soit transmis à un président élu le 7 février
2015, le Forum n’a tenu aucune discussion. « Non, nous n’avons pas discuté de
cela . Nous avons beaucoup trop d’absences. Il y a des membres en voyage. «
Nous suivons les évènements. Nous avons entendu la déclaration de Jude
Célestin. Nous ne savons pas s’il va ou non envoyer la lettre au CEP, a indiqué
cette source. « Nous suivons mais ne faisons pas d’intervention publique », a
martelé cette source. Le journal a aussi appris que des membres du secteur
privé ont souhaité voir un forum plus actif. Il semble être en mode marronnage
alors que le CEP est en mode implosion, a souligné une autre source du secteur
privé.
« J’accueille favorablement ces démissions. Elles favorisent le
déblocage de la situation politique », a confié un sénateur de la République.
La CEEI avait recommandé aux secteurs ayant désigné des
personnalités au CEP accusées de corruption de les rappeler pour que la justice
puisse faire jaillir la lumière de la vérité. Cette commission avait aussi
proposé un examen en profondeur du scrutin et un dialogue politique entre les
acteurs. En mode "Adelante", le président Michel Martelly, avec un
CEP yo-yo par rapport à la date du second tour de la présidentielle, s’est
appuyé sur la communauté internationale qui redoute comme la peste le vide
institutionnel si l’écharpe présidentielle n’est pas passée à un élu le 7
février.
Face à des réactions
outrées, des condamnations de la préparation d’une élection singulière à
candidat unique et devant le refus ferme de Jude Célestin de se plier aux
demandes répétées des Américains et d’autres émissaires étrangers de participer
au second tour, des positions se sont infléchies au niveau de certaines
ambassades, a appris le journal. Une ou deux autres démissions au CEP dans les
prochains jours confirmeraient que Michel Martelly risque fort probablement de
quitter le pouvoir par la petite porte, sans passer le maillet à son remplaçant
élu. Entre-temps, des lignes bougent. Très vite. On est encore
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