Yolette Mengual |
Le Conseil électoral provisoire avance en pleine tempête. Yolette Mengual se met à l’écart. Ce serait sa nouvelle stratégie pour faire face au scandale de corruption qui éclabousse l’institution électorale et sa personne en particulier. Supportée par « Fanm Yo la », elle voudrait que lumière soit faite sur le dossier. Mieux vaut tard que jamais. En tout cas, avec la démission de deux conseillers déjà enregistrés et le dissident Jaccéus Joseph, de fait, en quarantaine, le CEP s’affaiblit, et la possibilité pour cet organisme d’organiser des élections le 24 janvier s’amenuise.
Personnage controversé, Yolette Mengual est aujourd’hui au cœur de ce tragique scénario électoral. Non pas pour cette dernière disposition adoptée, mais pour ses attitudes jugées inquiétantes depuis le début du processus qui indignent certains militants féministes. Déjà, son entrée au sein de l’organisme électoral miné, selon certains candidats par une corruption endémique, a divisé le secteur « Fanm ». La Sofa qui devait également coordonner son processus de nomination s’était rétractée. Une décision motivée par des malversations et autres actions déloyales pour propulser Mme Mengual au CEP, avait dénoncé cette organisation.
Vraie funambule, Yolette Mengual a su se maintenir au CEP, malgré tous les vents contraires. Dans un premier temps, elle avait été membre du Cep provisoire de Max Mathurin. Elle était désignée par le CSPJ, en dépit des nombreuses ressources qualifiées au sein du système judiciaire. Une désignation critiquée par Desras Simon Dieuseul qui accusait déjà Mme Mengual d’être une employée de la Primature. Après, c’est le secteur Fanm qui l’a désigné, malgré les critiques. Son retrait était longtemps réclamé. La puissance publique par le biais du parquet doit maintenant apporter des éclaircies sur cette affaire en vue de faciliter la rénovation du personnel électoral.
Surprenant, la décision de madame Mengual soulève de nombreux questionnements. Lors des cascades d’accusation de corruption, elle s’était enfermée dans un silence inquiétant. Juste avant d’apporter un démenti et que ses alliés du secteur « fanm » lui renouvellent sa solidarité. La démission ou le retrait n’était nullement à l’ordre du jour. Face aux dérives corruptrices dénoncées, plusieurs hypothèses sont aujourd’hui sur le tapis. Au-delà de sa volonté, si volonté il y a de faire la lumière sur le scandale qui balaie le CEP, Mme Mengual aurait été, rapporte-t-on, conseillée par une ancienne cheffe de file du mouvement féministe haïtien, afin qu’elle se retire.
L’autre hypothèse aujourd’hui agitée, serait le fait que cette mise à l’écart volontaire soit le signe annonciateur de grand chamboulement au sein de l’appareil électoral. L’éventualité d’une démission en bloc ne serait plus écartée si les élections ne peuvent se tenir comme prévu le 24 janvier. La sortie tonitruante de Marie Lucie Bonhomme Opont, épouse du président du CEP ainsi que le dialogue annoncé par le secteur protestant sonnent comme des confirmations à ce postulat.
Yolette Mengual rejoint Néhémie Joseph et Ricardo Augustin…
Le 9 août 2015, Mme Mengual a été la première a dénoncé les élections dans la Grand’Anse, notamment dans la ville de Jérémie, qui étaient, selon elle, entachées de graves irrégularités et qu’elles ne devaient pas être prises en compte. Pourtant, son rapport s’est longtemps fait attendre, selon une source au CEP. Le jour de la publication des résultats préliminaires, elle était absente. Pour cause médicale. Un argument douteux qui faisait déjà planer des suspicions sur sa crédibilité et sur ses déclarations le jour du scrutin.
Avec la quarantaine que s’inflige Jaccéus Joseph, qui n’a pas encore le courage de démissionner, le quorum est désormais fragile au CEP. Ricardo Augustin s’est retiré sans fournir aucune explication sérieuse à la population sur les accusations de corruption qui l’entachaient. Il a été l'une des personnalités les plus mouillées par les dénonciations des candidats. Le représentant de l’Église catholique garde depuis sa démission, un profond silence qui continue d’alimenter les suspicions autour de lui et du Conseil qui est copieusement décrié par les opposants à Martelly qui se tournent de plus en plus vers la transition.
M. Augustin rejoint Me Néhémy Joseph qui avait jeté l’éponge après la publication des résultats définitifs du premier tour des législatives. Depuis, il a repris du service dans son cabinet aux Gonaïves. Il aurait même été un des défenseurs d’un cartel à la mairie des Gonaïves, lors des séances de contestation au BCED de l’Artibonite. Bon! En tout cas, la République attend encore les explications de Me Joseph sur les raisons réelles qui l’ont poussé à démissionner. Des explications qu’il n’aurait même pas jugé nécessaire de fournir au secteur qui l’avait désigné, apprend-on.
Si le conseil a erré sur bien des sujets juridiques, selon les informations, Me Néhémy Joseph n’y serait pas étranger, considérant le fait que vu ses connaissances en droit, il a été le premier conseiller du conseil en la matière. Celui qui s’est voulu immaculé a été également, faut-il le mentionner, l’un des juges siégeant au BCEN qui avait accordé la victoire au premier tour à Youri Latortue, conseiller du président, dont la victoire a été remise en question par la commission de validation au Sénat de la
République, le lundi 11 janvier 2016.
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