INFOGRAPHIE - L'ancienne patronne de Hewlett Packard a répondu aux attaques du remuant Donald Trump tout en se montrant convaincante sur le débat d'idées. D'autres candidats ont également créé la surprise
Si quelqu'un, ce mercredi soir, a marqué des points sur le podium des candidats présidentiels républicains qui débattaient pour la deuxième fois, en direct sur CNN pendant trois longues heures, c'est bien Carly Fiorina. L'ancienne patronne de Hewlett Packard, l'air résolu et grave, la voix claire et la formule économe, n'a pas ménagé ses coups contre le milliardaire Donald Trump, qui l'avait grossièrement attaquée sur son physique, en disant «Regardez cette face! Est-ce que quelqu'un voterait pour?» «Je pense que les femmes de ce pays ont entendu très clairement ce que Mr Trump a dit», a-t-elle répondu avec une sobriété efficace, quand l'un des animateurs lui a demandé ce qu'elle pensait, elle, de la personne du milliardaire. Le public a applaudi vivement tandis que Trump s'empêtrait. «Je pense qu'elle a un très beau visage et que c'est une très belle femme», a-t-il dit, aggravant son cas. Carly Fiorina ne s'est pas arrêtée là, attaquant Trump sur ses faillites dans le business des casinos, alors qu'il affirmait que le passage de la femme d'affaires à la tête de HP avait été un désastre.
Sur tous les sujets, elle s'est montrée souvent plus percutante que les autres, un atout énorme dans un exercice électoral qui, à 11 sur le plateau, tient plus de la performance théâtrale que du débat d'idées.«Elle a été très bonne et devrait monter dans les sondages», a affirmé David Axelrod, ancien conseiller de Barack Obama, reflétant un avis partagé. Fiorina a projeté une image de fermeté, d'énergie et de concision. Les commentateurs ont noté aussi la touche très émouvante qu'elle avait apportée au débat sur la légalisation de la marijuana, s'y déclarant opposée et ajoutant avoir «enterré un enfant à cause de la drogue». «La drogue est une épidémie ; nous devons dire à nos enfants que la marijuana n'est pas comme la bière». Saluant son image de dame de fer, certains ont toutefois noté qu'elle n'avait pas souri de la soirée, «une remarque qu'on n'aurait pas faite pour un homme», a toutefois tempéré le consultant démocrate Van Jones.
«Georges W. Bush nous a gardés en sécurité»Jeb Bush, candidat à la primaire et frère de l'ancien président américain
Jeb Bush |
Décidé à attaquer l'insolente position de domination que s'est taillé le milliardaire de New York depuis le début de la campagne,Jeb Bush, qui plafonne au dessous de 10%n'a pas été en reste lui non plus pour lancer ses coups, accusant Trump d'avoir tenté sans succès d'installer des casinos en Floride, en soudoyant les politiques. «Oui, vous avez essayé, je ne vais pas me faire acheter par qui que ce soit», a-t-il dit, pour contrer l'accusation du milliardaire new yorkais, selon laquelle tous les politiciens seraient corrompus. Bush a aussi vivement critiqué une remarque de l'homme d'affaire, qui l'avait accusé de parler espagnol en campagne, parce qu'il a une femme mexicaine américaine. «Le fait d'avoir mêlé ma femme à ce débat est tout à fait déplacé, j'espère que vous allez vous excuser, ma femme est là, vous devriez vous excuser maintenant», a-t-il lancé. Il a aussi défendu son frère dont Trump accusait le bilan «catastrophique». «Il nous a gardés en sécurité», a répliqué Jeb Bush, tandis que le public applaudissait chaudement. Beaucoup des autres candidats ont eux aussi volé au secours de «W», un fait remarqué par tous les commentateurs.
Marco Rubio |
Pris aussi à partie par Rand Paul, Scott Walker, Marco Rubio pour son côté bateleur et ses insultes contre tout le monde, Trump a répliqué avoir un «super caractère» et promis, comme il le fait toujours, de remettre l'Amérique en marche par la seule force de son expérience et de sa personnalité. «Je m'entendrai avec Poutine, avec les Chinois et avec les autres» , a-t-il dit. Mais il est apparu en défaut quand il a été prié d'être plus spécifique, ne reprenant l'avantage que sur la question de l'immigration illégale.
Droitisation du discours
Sur ce sujet, et aussi sur la question de la coupure des financements à l'organisation Planning parental, qui pratique des avortements mais s'occupe aussi des soins gynécologiques de nombreuses femmes des classes populaires, la plupart des candidats ont presque tous droitisé leur discours. «Ils ont répété les mêmes erreurs qu'en 2012», a noté l'ancien conseiller démocrate de Barack Obama, David Axelrod, rappelant qu'un discours trop extrême sur l'immigration et sur l'avortement avait nui à Mitt Romney pendant l'élection générale.
Une surenchère de critiques s'est déversée aussi sur l'accord nucléaire signé par Obama avec l'Iran, Ted Cruz, Mike Huckabee, Fiorina et les autres, promettant de revenir sur un accord qui met l'Amérique et Israël en danger. Seuls le gouverneur John Kasich et le sénateur Rand Paul ont tenté d'expliquer qu'appliquer le traité était de loin préférable…
Mike Huckabee (au centre) |
Mike Huckabee, l'ancien gouverneur de l'Arkansas qui s'est porté au secours de la greffière du Kentucky qui refuse d'émettre des licences pour les couples homosexuels, est revenu sur l'affaire et s'est demandé pourquoi un pays qui fait des accommodations pour les prisonniers terroristes de Guantanamo qui veulent pratiquer leur religion, ne pouvait trouver d'exception pour la greffière chrétienne Kim Davis. Récoltant des applaudissements.
Trump, «humble»?
Donald Trump |
Plusieurs gouverneurs en exercice, Chris Christie, Scott Walker, John Kasich ont tenté de faire entendre une musique pragmatique, en se présentant comme des hommes d'action, réalistes et capables de créer des compromis avec l'autre camp. Parmi les candidats ayant fait une bonne prestation, on citait notamment Chris Christie, le gouverneur du New Jersey, particulièrement animé. Marco Rubio, très vif et très à l'aise sur la politique étrangère, a aussi imprimé sa marque sur le débat. Jeb Bush semblait avoir fait aussi une meilleure soirée que lors du premier débat, notamment par des traits d'humour: comme on lui demandait quel nom de code il aimerait que les services secrets lui donnent: il a répondu: «Donald, c'est à forte énergie!, une allusion aux moqueries de Trump qui l'accuse d'avoir “peu d'énergie”. Trump a dit qu'il prendrait le nom “humble” et les deux hommes se sont tapé les mains, en riant… Ben Carson, très attendu mais un peu lent dans ses réponses, n'a pas été tellement convaincant. Tous les experts répétaient la même chose: la grande gagnante était Fiorina.
Source : Le Figaro
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