Michael Brown et son cercueil lors de ses funérailles le 25 Août 2014 . |
L'onde de choc consécutive à l'annonce de la décision d'un grand jury de ne pas poursuivre le policier responsable de la mort d'un jeune Noir américain à Ferguson dans l'Etat de Missouri, a suscité de violentes échauffourées et des actes de vandalisme et de pillage dans la petite ville de Ferguson; où les manifestants en colère ont incendié plusieurs maisons de commerces et des voitures de police.
Officier Darren Wilson |
Cette affaire — qui a fait l'objet d'une grande
couverture médiatique et qui a mis la question de l'utilisation
disproportionnée par la police de forces létales sur le devant de la scène aux
États-Unis — a été examinée par un grand jury de douze personnes, qui a décidé
de ne pas poursuivre Darren Wilson pour son rôle dans la mort de Michael Brown.
Neuf citoyens blancs et trois citoyens noirs composaient ce jury. Lors d'une
longue conférence de presse, Robert McCulloch a expliqué qu'il ne révèlerait
pas qui avait voté quoi. Le
grand jury n'a pas trouvé de « raison suffisante » pour intenter des poursuites
contre l'officier Darren Wilson, a déclaré Robert McCulloch.
«
Depuis le début, nous avons maintenu, et le grand jury en a convenu, que le 9
août dernier, l'agent Wilson a agi conformément aux lois et
aux règlements qui régissent les actions des officiers, » ont déclaré les
avocats de Darren Wilson dans un communiqué publié peu après que la décision a
été annoncée.«
Les forces de l'ordre doivent souvent prendre des décisions difficiles très
rapidement, » peut-on également lire. « L'officier Wilson a suivi son
entraînement et a respecté la loi. »
Darren Wilson aurait pu faire face à quatre chefs
d'accusation possibles, le meurtre, l'assassinat, l'homicide volontaire ou
involontaire. Le grand jury avait également la possibilité d'y ajouter
l'utilisation criminelle d'une arme.
La famille Brown a publié un communiqué dans la nuit de lundi qui dit « Nous sommes profondément déçus que le meurtrier de notre enfant ne soit pas confronté aux conséquences de ses actes. »
Le policier donne sa version des faits dans une interview exclusive accordée à ABC
La
famille a également demandé que leurs soutiens expriment leur frustration par
des moyens qui apporteront un changement positif : « Nous avons besoin de
travailler ensemble pour corriger le système qui a permis que cela arrive. »
Comme dans d'autres communiqués publiés auparavant, la famille a demandé à ce
que les manifestations se déroulent de façon paisible.
D'après
plusieurs récits et témoignages, Darren Wilson et Michael Brown se seraient
battus à l'intérieur, ou à proximité de la voiture du policier l'après-midi du
9 août, ce qui a poussé Darren Wilson à faire feu à deux reprises, touchant
Michael Brown une fois. Darren Wilson serait ensuite sorti de la voiture et
aurait tiré au moins six fois de plus sur Michael Brown. Certains témoins affirment
que Michael Brown avait les mains en l'air, comme pour se rendre, quand les
coups fatals ont été tirés. Robert McCulloch a insisté sur le fait que les
jurés sont à présent « les seuls qui ont eu accès à toutes les preuves. »
Robert
McCulloch a promis de rendre publics les documents qui ont été présentés au
grand jury, notamment des photos et des fichiers audio.
Lors
d'une conférence de presse diffusée en direct qui a duré plus de 30 minutes, le
procureur a insisté sur l'importance des preuves matérielles dans cette
affaire, notant que plusieurs témoins ont donné des versions contradictoires de
la fusillade, en changeant parfois leur version des événements tandis que de
nouveaux détails de l'affaire étaient mis à jour. Il a dit que presque tous les
entretiens de témoins avaient été enregistrés et présentés au jury, et que tous
les éléments de preuve avaient été partagés par les agences locales et
fédérales.
Jeffrey
Mittman, directeur de l'Union américaine pour les libertés civiles a
déclaré dans un communiqué : « La décision du grand jury ne nie pas le fait que
la mort tragique de Michael Brown fait partie d'une tendance alarmante de
l'utilisation de force excessive de la part des policiers à l'encontre des
personnes de couleur, souvent lors de procédures de routine. Pourtant, dans la
plupart des cas, les officiers et les départements de police ne sont pas tenus
responsables. Et tandis que de nombreux agents s'acquittent de leur devoir dans
le respect des communautés qu'ils servent, nous devons faire face au profond
fossé et au manque de respect dont font preuve certaines équipes de forces de
l'ordre locales face à de nombreuses communautés de couleur. »
On a fait appel à la garde nationale pour éviter une nouvelle nuit d'émeutes. |
Le
meurtre a porté les tensions raciales dans la communauté - essentiellement
noire, mais dont la police est à majorité blanche - à ébullition. Les violentes
manifestations qui ont eu lieu dans les semaines qui ont suivi la fusillade,
les raids de pillards dans les magasins, l'incendie d'une station essence
et la réponse de la police militarisée ont mis la ville sous le feu des
projecteurs. Depuis, les habitants ont continué à descendre dans les rues pour
exprimer leur indignation, et la police a répliqué régulièrement par des
arrestations, l'utilisation de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc.
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