Qu'on l'ignore. Il ne dirige qu'une puissance
régionale et n'a pas la moitié de l'intelligence que lui prêtent ceux qui se
croient revenus au temps de la Guerre froide.
Vladimir Poutine |
Voici les véritables leçons à tirer de la crise en Ukraine:
contrairement à ce que se plaisent à croire ceux qui s'imaginent revenus au
temps de la Guerre froide, la Russie n'a rien d'une grande puissance et
Vladimir Poutine est loin d'être un brillant stratège.
Ou, du
moins, telles sont les leçons que les dirigeants occidentaux seraient bien
avisés de tirer et d'exposer au monde. Depuis déjà quelques jours, me voilà
contrarié par la réponse rhétorique apportée par l'administration Obama aux
agissements de Poutine -la grandiloquence des termes plaçant le leader russe du
«mauvais côté de l'histoire», l'intimant à assumer les «coûts» et les
«conséquences» de ses actions- vu que c'est précisément le genre de
rhétorique qui ne peut se traduire, sur un plan concret, par aucune mesure
véritablement significative.
L'histoire
n'est pas une force hégélienne implacable tendue vers le destin. Penser le
contraire, c'est non seulement surestimer le pouvoir des mots, mais aussi jouer
un tantinet les fiers-à-bras. Le président syrien Bachar el-Assad était
censé, lui aussi, être du mauvais côté de l'histoire, ce qui ne l'empêche pas
d'être toujours dans les parages. En matière de fierté mal placée, il n'y a
aucune conséquence -aucune parmi les menaces crédibles que pourraient exercer
Obama ou des leaders européens- pouvant empêcher Poutine (ou tout autre
dirigeant russe) de faire le maximum pour que l'Ukraine reste dans son giron.
L'Ukraine
est vitale pour Moscou
Ce qui ne
veut pas dire que les manoeuvres agressives de Poutine n'ont qu'à buter sur
notre indifférence. Mais personne ne devrait se faire d'illusions sur les
effets de nos effets de manche, qu'importe leurs «coûts» et leurs
«conséquences». D'où ces trois grandes questions: quels sont nos objectifs?
Comment voulons-nous régler cette crise? Que pouvons-nous faire pour y
parvenir?
Ça y est. Poutine a
expliqué sa vision de la crise ukrainienne. La révolution du Maïdan est un coup d’État. Ianoukovitch est encore le président légitime mais c’est un incapable,
à qui il avait conseillé de ne pas tirer sur la foule et qui n’a "aucun avenir politique". La Crimée a droit de choisir son avenir seule (et donc
d’aller vers laRussie).
Mais surtout, les États-Unis n’ont pas de leçons à donner. En une heure trente, Vladimir Poutine a précisé sa vision du monde à ceux qui ne l’avaient pas encore comprise. Russia is back.
"Les Américains se servent des pays comme de rats de laboratoire". Voilà en résumé ce que Poutine pense des États-Unis, un pays qui à ses yeux n’a aucune leçon à donner à personne. En fait, le président russe vient de concrétiser en Ukraine ce qui constitue l’axe majeur de sa politique depuis 15 ans : le retour de la Russie au centre du jeu. Le Kremlin en face à face avec la Maison blanche. Il l’avait dit lors d’une de ses rares itv : "La chute de l’URSS a été la plus grande catastrophe du XXe siècle". Il lui aura fallu 15 ans pour réparer l’affront de l’Histoire et présenter l’addition.
Les dettes accumulées, ce sont les affronts subis par la Russie. Les moments où les États-Unis ont décidé contre l’avis des Russes, à une époque où le Kremlin était trop faible pour bloquer la Maison blanche. Vingt ans, grosso modo de 1990 à 2010. Le mur de Berlin est tombé, l’URSS s’est effondrée et à Moscou, on cherche surtout à maintenir le bateau à flot. La Russie est invitée au G7. Les pitreries de Boris Eltsine, ivre mort, amusent Clinton et personne ne conteste le leadership aux Américains.
C’est Clinton puis Bush qui donnent le tempo du monde
Kosovo, Afghanistan, Irak... Les États-Unis interviendront sans l’aval de l’ONU. Pas grave, ils se contentent d’une coalition élargie et du drapeau de l’OTAN. En Serbie, si chère à Moscou, Milosevic est renversé et les Russes mesurent leur impuissance. En Libye, la Russie accepte de jouer le jeu. La résolution est votée pour empêcher Kadhafi de massacrer sa population à Benghazi.Dans l’idée des Russes, il s’agit de lui donner une leçon, pas de le renverser. À Moscou, on n’apprécie pas de voir le dictateur de Tripoli tomber. Depuis,Poutine considère comme une folie de parier sur un islamisme modéré et jure qu’on ne l’y reprendra plus.
Kosovo, Afghanistan, Irak... Les États-Unis interviendront sans l’aval de l’ONU. Pas grave, ils se contentent d’une coalition élargie et du drapeau de l’OTAN. En Serbie, si chère à Moscou, Milosevic est renversé et les Russes mesurent leur impuissance. En Libye, la Russie accepte de jouer le jeu. La résolution est votée pour empêcher Kadhafi de massacrer sa population à Benghazi.Dans l’idée des Russes, il s’agit de lui donner une leçon, pas de le renverser. À Moscou, on n’apprécie pas de voir le dictateur de Tripoli tomber. Depuis,Poutine considère comme une folie de parier sur un islamisme modéré et jure qu’on ne l’y reprendra plus.
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