Sicko: un film et un appel à l'action
Sicko, le nouveau film de Michael Moore , montré à Cannes en mai dernier, est sorti sur les écrans américains ce 29 juin.
Sicko dénonce les aberrations du système médicalaméricain part d'une intention louable. Mais, au passage, le cinéaste pamphlétaire, pourfendeur de Bush, ampute la vérité des deux bras.
Sur son site, Michael Moore énonce notamment sa proposition sur le système de santé et propose une section pour les gens qui veulent s'engager en faveur de la création d'un système de santé universel et gratuit.
"I gotta work 'til I die."
-- Frank Cardile, SiCKO (VIDEO)
Le dernier opus du controversé réalisateur Michael Moore dénonce la cruauté du système de santé américain. Il a été tourné en partie dans la région de Londres, parce que le grand-père du cinéaste y a vécu.
Pour réaliser son documentaire, Michael Moore s'est rendu en Grande-Bretagne, en France, à Cuba et au Canada pour montrer à quel point le système de santé entièrement privé des Américains est inhumain.
"I think one movie can make a difference.", Michael Moore
Selon Michael Moore, aucun de ces pays ne laisse mourir ses citoyens qui n'ont pas d'argent pour s'offrir de bonnes assurances médicales.Pour illustrer son propos, le cinéaste donne la parole à des gens qui ont été laissés pour compte par le système de santé américain ou qui sont impuissants devant des compagnies d'assurance et pharmaceutiques.
Pour les besoins de son film, le cinéaste a amené à Cuba des secouristes malades depuis le 11 septembre 2001, mal soigné aux États-Unis parce qu'ils n'ont pas d'assurances, comme 45 millions d'Américains.
Le documentaire fait l'éloge du système de santé canadien. Michael Moore envie les Canadiens qu'il dit traités sans délai lorsque leur vie est menacée. Selon lui, il faut absolument que le système canadien résiste aux assauts du privé.
Vraiment, on ne s'ennuie pas avec Michael Moore! Depuis près de vingt ans, l'homme et ses films suscitent des débats.
On s'interroge notamment sur la valeur documentaire des films de Michael Moore. Sur les libertés qu'il prend avec le réel. C'est oublier qu'il y a toutes sortes de documentaires: des documentaires d'observation, des documentaires d'opinion. Dans un cas comme dans l'autre, il y a un point de vue. Cinéaste militant, Michael Moore est animé par une volonté farouche de divertir, d'émouvoir et même de choquer. Bref, de donner un bon spectacle. Sur ce terrain, le réalisateur de Bowling for Columbine, racoleur, se distingue de la plupart des documentaristes. Peut-être est-ce cela qui l'autorise à tricher plus que la moyenne...
The Rialto Cinema in Santa Rosa, California
Parler du système de santé américain ne constitue certes pas la meilleure façon d'attirer les foules au cinéma. Aux États-Unis, passe encore. C'est de leur pays dont il est question. Mais au Canada... Tout le talent de Michael Moore se trouve là. Comme tant d'Américains, il est intimement persuadé que ce qui se passe au pays de George W. Bush est d'intérêt général. À force, on en vient à le croire aussi.
Il dénonce les travers du système de santé américain, il veut aussi montrer que son pays est malade. Sa démonstration s'appuie sur des comparaisons. Pour cela, le cinéaste se tourne vers le Canada, le Royaume-Uni et la France. Dans sa volonté de mettre en valeur le régime de santé universel de ces pays, il emprunte d'étonnants raccourcis.
"When we asked for help, we were ignored by almost everyone, except Michael Moore."
Le Canada devient un modèle, la France un Eldorado. Derrière les effets comiques, derrière le masque du faux naïf, Michael Moore laisse entrevoir son inquiétude. Pourquoi,ailleurs, se montre-t-on solidaire? Pourquoi les Américains préfèrent-ils le chacun-pour-soi? Des questions aussi pertinentes que cruelles.
Enfin , Le paradis cubain?
Le volet le plus délicat de ce documentaire est sa conclusion. L'épisode cubain. Le cinéaste affirme s'être rendu à Cuba bien malgré lui, après voir été refoulé de Guantanamo. Explication peu convaincante. Passé maître dans l'art du raccourci, il offre un portrait idyllique du système de santé cubain. Fidel Castro doit rire dans sa barbe. L'ennemi juré des États-Unis qui se porte à la rescousse de héros malmenés du 11 septembre... Un coup fumant.
Tout le paradoxe de Michael Moore est résumé dans les dernières images de Sicko. On réprouve les méthodes qu'emploie le manipulateur. N'empêche, on essuie une larme. Et l'on se réjouit de lui voir appliquer un nouvel électrochoc au pays de George W. Bush.
Un extrait sonore de Radio Haiti Connexion :
par: Herve Gilbert
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