Ayiti
La danse :
Un jeu de sensations habiles |
Il nous arrive souvent d'exercer ou pratiquer certaines actions de notre vie quotidienne sans se soucier, ni même se demander d'où provient l'état systématique de nos habitudes. Nous en prenons conscience que lorsque nous en sommes privés, ou quand notre faculté diminue. Parmi ces automatismes négligés, nous comptons : le parler, le marcher, le mouvoir et plus précisément la DANSE. Ce rituel sacré a toujours fait l'objet de loisir, d'amusement superficiel. Pourtant, ce n'en est rien. Le gestuel dansant, à travers les rythmes semble éphémères mais en réalité, ils sont riches de sens. LES INDICATIFS ABSOLUS DE LA DANSE A première vue, la danse est une simple expression corporelle accompagnée de mouvements diversifiés et d'élans aux allures jouissives. Elle peut être perçue comme un condensé d'énergie, l'univers de l'imaginaire fécond des artistes, le langage organisé de la grâce, de l'harmonie et l'esthétique, l'explosion sauvage ou élégante d'un aller-retour impulsif, une mélodie silencieuse du corps tout entier, la communion intense, enthousiaste entre le touché, le visuel et le son, la réconciliation temporel de l'esprit et du corps. Qu'on agrafe tous ces attributs au rituel de la danse, elle demeure d'abord et avant tout un JEU DE SENSATIONS HABILES. Il suffit de s'éterniser un peu sur le sujet pour lui accorder aussitôt l'importance qui lui revient, et ensuite découvrir les nombreuses facettes qu'elle dissimule par rapport à sa base initiale. Chaque pays, chaque individu exploite un rythme musical différent dépendamment de sa culture, de sa croyance. «Car la danse n'est que la somme de la poésie de l'action humaine, une poésie généralisée de l'action des êtres vivants». Le corps humain est donc une ARME de la danse. Celle-ci comme tout art, est une création organique. Ce qui nous importe le plus dans ce texte, c'est la perception de la psychologie dansante ainsi que la puissance de la danse intimiste et folklorique. C'est un fait, que dans le folklore de chaque pays, les habitants manifestent le ou les rituels quileurs sont propres; lesquels contiennent l'essence des mœurs, des coutumes et des croyants. La danse fut à l'origine de l'art syncrétique des primitifs. C'est-à-dire la fusion de plusieurs pratiques tant religieuses que sociales de chaque peuple. C'est dans ce syncrétisme que se retrouve la perception globale et complexe de la danse. LES VIFS ÉNONCÉS D'UN ADEPTE DE LA DANSE Autres que ces théories précitées relatives à la danse, s'ajoute l'élément de la passion qui englobe les sphères de la danse. Voyons ce que pense L'auteur Serge Fifar, un adepte de cet art, dans une de ses oeuvres très éloquentes. Il déclare: «LA DANSE EST MON FOYER ARDENT». Mieux encore, il soutient: «La flamme créatrice dépourvue de technique est un délire de l'âme. Ce n'est pas de l'art... Par contre, la technique dénuée de flamme créatrice est un corps sans âme. La technique est un métier qui doit servir de piédestal1 à l'art. En ce sens, la danse peut être le plus et le moins parfait des arts. Le thème technique implique bien sûr l'apprentissage, l'habileté du danseur. La flamme créatrice pour sa part, sous-entends que les émotions se chargent de mettre en évidence son savoir faire. Des vocables, de la technique et de la flamme créatrice se distinguent deux étapes fondamentales de la danse qui sont: le contact physique et affectif. Au hasard, ce contact peut s'établir en un courant de chaleur ou de froideur; de félicité ou de malaise. Ce lien affectif bien qu'éphémère est intense. LE DILEMNE DE LA DANSE LASCIVE AU-DELÀ DE INTIMITÉ Cet exercice complexe des danseurs se fait en un même mouvement et au même moment où ils sont inconscients de leur influence les uns sur les autres. Certains témoins peuvent être fascinés par l'élégance et la grâce de ces derniers. Ainsi, des désirs secrets et intimes peuvent se développer en eux et se transportent jusqu'aux observateurs. Un fantasme qui peut se traduire soudain par l'envie irrésistible de partager les mêmes instants d'abandon. Un désir que l'on nourritdans son monde imaginaire et que le souvenir se charge de retenir afin d'en tirer le maximum de plaisir. De toute évidence, les parfaits partenaires s'attirent à force d'attachement. Par leur passion, leur vibration, ils sont porteurs d'un message sensuel. Grâce à eux, on peut percevoir le toucher comme étant un élan qui a le pouvoir de diffuser une pousser de passion interdite. Puis que la magie et la force du désir incontrôlable de la danse intime résident dans l'interdit. C'est aussi son pire ennemi. Car, à travers la danse intime, quand les deux partenaires ne peuvent contrôler leur émotion, ils se laissent entraîner par les élans d'abandon cela occasionne automatiquement des jugements de valeur morale sur la pudeur, le retenu, le respect des autres etc. D'autre part, le dilemme de la violation de la vie privée se pose aussi. Parce que la danse intime est un exercice qui met tout les sens en éveil. A mon avis, c'est le plus fragile, le plus délicat, le plus significatif des activités de loisir de l'homme. Quand les composantes chimiques de deux êtres s'amalgament instantanément, rien ni personne ne peut y échapper. Nous tentons vainement de lutter contre nos propres natures, nos désirs, nos sentiments bruts; mais le tourbillon d'ivresse de la danse peut nous transporter au-delà des normes et nous marquer de façon indélébile. La danse est essentiellement un jeu de sensation contagieux pouvant nous procurer du bien-être ou nous sombrer dans une profonde nostalgie presque anormale. LA MUSIQUE, CORDE SENSIBLE DE LA DANSE Néanmoins, il existe une dimension temporelle et indispensable à la danse: LA MUSIQUE. Le temps est essence du rythme qui peut être imaginaire ou réelle. Le corps pour sa part, relève de la dimension spatiale. Cette fusion du temps et de la forme par l'intermédiaire de la danse est l'expression la plus concrète et la plus poétiquede la vie tant intérieure, celle qui est ressentie; qu'extérieure, celle qui manifeste des réalités profondes, secrète, rythmées et vécues se rejoignent et se confondent dans une création continue d'apparence imprévisible. Les danseurs construisent dans l'espace, à chaque instant de leurs mouvements, une architecture aussitôt défaite,puis en reconstruisent une autre à l'instant suivant. Ces architectures fugitives qui ne font et se défont intuitivement et peuvent par la compréhension se parfaire. Un tel état se développe instantanément. Car, on ne sait plus dans la danse ce qui est inspiré ou volontaire. Ce monde d'expression est mystérieux, et à la fois chargé de sens. Comme la musique, la danse a su prendre place parmi les arts sacrés. |
Sources : KAPES Kreyol
Un remerciement spécial à Madame Marie-Flore Domond flory84@hotmail.com de la Martinique, l'auteur de cette rubrique, sans oublier Madame Francesca Palli francesca@palli.ch, le web Master de Kapes Kreyol qui m'a permis de puiser ce régal pour les yeux dans leur portail.
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