Thursday, March 18, 2021

L'INSPECTEUR GÉNÉRAL CARL HENRY BOUCHER TECHNIQUEMENT NON RESPONSABLE DU FIASCO DU 12 MARS 2021 À VILLAGE DE DIEU

 

Par: Himler Rebu

Plus bas que les bas-fonds 

Je constate avec une profonde tristesse comment sont traitées, dans mon pays, des questions liées à la sûreté, la sécurité, la sécurité publique voire à la sécurité nationale dans un indescriptible melting pot. 

Des opérations relevant de la sécurité de l'État sont traitées en public et avec légèreté, des fois, au plus haut sommet. Des opérations, en violation de toutes les règles de l'art sont annoncées à grand renfort de lives, likes, cheers. Or, seuls le secret absolu et la surprise garantissent le succès de toute opération.

Mon ami le Docteur Yves Cadet serait mort une deuxième fois s'il lui était donné d'être témoin d'un tel cirque !  Que son âme repose en paix !

Le relatif

Dans la vie, même l'absolu est relativement relatif. Dans l'assourdissante cacophonique des "chers" hurleurs des micros, on a découvert le riche carnet d'adresses d'un journaliste comme Valéry Numa. Cette crise a fait découvrir de nombreux techniciens méconnus qui, pourtant, étaient là avec nous, dans le silence des savants. Il a même été donné de constater la dextérité de l'interviewer quand, emportés par les passions de la connaissance, les intervenants oubliaient qu'ils n'étaient pas à une chaire d'université mais sous les oreilles attentives de tous, notamment de celles des criminels qui sont loin d'être, juste de stupides bandits. La sécurité, c'est comme la médecine : spécialités multiples . Nul ne peut donc prétendre tout maîtriser dans ce domaine. C'est comme un orchestre philharmonique !

 Qui sont-ils les conseillers nos chefs ? 

Je ne sais, dans l'état actuel des choses, qui blâmer ; car, je ne connais pas les citoyens qui conseillent le chef de l'État en matière de sécurité. Ah oui ! La politique fait que n'importe qui arrive à la direction des États. C'est pourquoi les États se protègent par la rigueur organisationnelle et fonctionnelle de leurs INSTITUTIONS.  N'était la solidité de ses institutions, les Etats-Unis d'Amérique auraient connu avec mister Trump une tragédie aux conséquences incalculables !  Parce qu’un décideur national ne maîtrise pas forcément toutes les arcanes du fonctionnement des États, des techniciens de tous bords sont engagés dans les cabinets et, souventes fois, pour parer aux aléas de la routine, des consultants sont appelés en renfort.

Question de doctrine

Un principe, généralement accepté, fait du "chef le seul responsable de tout ce que fait ou manque de faire son unité". C'est ce principe qui a fait accepter au président William Jefferson Clinton devant le congrès américain le crime de la destruction du riz de l'Artibonite en faveur des producteurs de riz aux Etats-Unis d’Amérique. En tant que président, monsieur Clinton ne va pas dans les rizières de l' Artibonite voire participer aux viols des femmes d’asiatiques affectés au développement de la production du riz haïtien mais c'est lui qui assume.

Après la tragédie du 12 mars, la seule préoccupation des dirigeants devrait se concentrer sur le moral des troupes à requinquer et la population à rassurer. Les méthodes pour y arriver font partie d'un SOP (Standard Operation Procedures) en vigueur dans toutes les entités de cette nature.

Un risque majeur 

Plusieurs amis, parmi eux un fervent admirateur archelois, m'ont posé la question sur une probable désintégration de l'institution policière. J'ai toujours, farouchement défendu la thèse du NON. Les événements du 12 au 17 mars ont grandement ébranlé ma conviction sur ce sujet. Je me demande, dans le secret de mon cœur si ce n'est, désormais, une évidence. C'est que, la politique, la mauvaise, est notre sport national. C’est elle qui explique chaque geste posé au nom ou par l'institution. C'est le premier des dangers. Le risque, aujourd'hui, est presque certain. Hélas !

Un bouc émissaire

Tout porte à croire qu'on veuille attribuer l'échec du 12 mars à l'inspecteur général Carl Henry Boucher un des fleurons de l'institution policière. À l'annonce de sa mise en isolement, je me suis, mentalement, retrouvé au prétoire dans mon costume de défenseur militaire (oups ! Policière) pour démonter une à une les thèses et arguments, forcément farfelus, de l'accusation ! " Ô temps suspends ton vol ! Et vous heures propices suspendez votre cours " !

Heures de gloire pour démasquer d'inhabiles et piètres sires voulant goulûment enterrer sous leurs bêtes ambitions un homme fier, utile parce que vertical et savant. Un homme au brillant parcours.

De l'état-major

Jusqu'à date, un état-major est ainsi constitué :

Un commandant en chef et un assistant 

1.- Un responsable du personnel (G-1) (recrutement, gestion et discipline)

2.- Un responsable du renseignement et du contre renseignements (G-2)

3.- Un responsable de l'instruction, de l'entraînement et des opérations (G-3)

4.- Un responsable de la logistique et de l'administration (G-4)

5- Un responsable des relations civilo-militaires (G-5). Une évolution produit par le système démocratique visant  à respecter le droit à l'information des citoyens.

La seule différence entre un état-major d'une armée et celui d'une police réside dans le fait que le premier s'occupe de la sûreté et de la défense nationales et l'autre de la sécurité Publique (interne)

Le fonctionnement est le même mais l'entraînement et le mode opératoire sont différents. On ne fait pas intervenir une armée sur son propre territoire. Quand la menace se précise comme provenant de ce qui peut être identifié comme étant un ENNEMI intérieur, la police s'efface et la garde ou même l'armée intervient. AUCUNE concomitance opérationnelle entre la police et l'armée. C'est l'une ou l'autre.

Des opérations 

La doctrine des opérations, à date est figée. Cinq phases :

1.- Situation générale: 

a) situation ennemie :

* localisation 

* force (nombre incluant alliés potentiels)

* moral (objectifs, motivation, détermination)

* armement, matériel et équipements 

* histoire (mode opératoire)

Ces informations relèvent de la compétence du G-2. 

b) Situation amie

L'analyse de la situation ennemie oblige (en situation classique) à la règle du triple en tout : effectifs (typologie), armement, équipements moyens et support logistique.

Dans le cas qui nous préoccupe c'est là le rôle de Carl Henry Boucher. 

C'est la synthèse de ces éléments d'informations qui amène à la décision donc à la :

2.- Mission 

Elle peut être un siège ou une opération coup de poing (un raid). Dans le cas de village de Dieu, compte tenu de la fusion population-bandits, de l'armement et du mode opératoire la décision ne peut être que l'encerclement, le verrouillage et l'asphyxie. Une opération d'envergure jouant sur le temps et l'usure. Un raid ne s'expliquerait que par un objectif de déstabilisation visant des étapes ultérieures. Dans le cas présent, la décision dépasse la compétence de tout le commandement de la police. Elle devient celle du commandant en chef : le Président de la République.

3.- Opération 

La décision une fois prise, le G-3 détermine la troupe idoine et son commandant devient le seul responsable sur le théâtre des opérations. Il a le devoir de la planification, du choix de la troupe, de la vérification des informations en constante évolution. On n'attaque jamais sans le dernier feu vert des éclaireurs éléments de contact avec la cible. Parce que les informations initiales sont susceptibles de modifications, la vérification constante est la règle. Elle relève uniquement du chargé du théâtre des opérations.

4.- La logistique 

Tous les moyens de la logistique doivent être pourvus en triple et, même les imprévus doivent être prévus. (Troupes de réserve, matériel, équipements, armement, munitions, approvisionnement etc.)

5.- Commandement et signaux

La chaine de commandement ne peut aucunement souffrir d'hésitations. Sur le théâtre des opérations, il y a un chef et un seul : le commandant. C'est lui qui détermine aussi les codes de communication. La communication de routine ne vaut sur un théâtre d'opérations.

Le rôle de l'état-major c'est le monitoring. Normalement Carl Henry Boucher en tant que chargé de la direction du renseignement n'avait pas à être sur le théâtre des opérations. Son rôle dans le cas de modification de renseignements devrait se limiter à informer le Commandant en chef qui instruirait le chargé des opérations sur le terrain, à charge par celui-ci de les vérifier et d'ajuster ses décisions.

En conclusion

Il serait irresponsable de ruiner, pour de basses et inutiles raisons politiques la carrière d'un cadre valeureux. Protégez l’homme. Protégez l'institution...si c'est encore possible.

Himmler Rébu 

18 Mars 2021.

Saturday, March 13, 2021

La diplomate Pamela White, ancienne représentante des États-Unis en Haïti, exprime des doutes sur la crédibilité d'élections organisées par Jovenel Moïse lors d’une réunion du Congrès américain

La diplomate Pamela White, ancienne représentante des États-Unis en Haïti, n’a pas été tendre envers le régime de facto en place en Haïti.

Lors d’une réunion des membres du congrès américain sur la crise haïtienne, Pamela White a adressé des reproches à l’administration Moïse pour avoir mis de côté une  »respectable » base de données pour adopter une nouvelle, (baptisée Carte Dermalog par la population).

Pamela White a noté que le gouvernement n’a pu jusque là enregistrer que 2,8 millions de citoyens, et distribuer 1,7 millions de cartes d’identification devant aussi être utilisées pour voter.

La diplomate a par ailleurs exprimé des réserves au sujet du référendum constitutionnel de Jovenel Moïse et de l’organisation des élections en 2021 dans le pays.

Pamela White a finalement suggèré à la communauté internationale de prôner une transition en douceur et l’amélioration des conditions de sécurité.


Friday, February 19, 2021

Situation dramatique à Haïti : la CRC interpelle le gouvernement canadien

Face à la situation dramatique que traverse Haïti depuis plusieurs mois maintenant, la CRC a décidé d’interpeller le gouvernement canadien pour qu’il défende les valeurs démocratiques en dénonçant ouvertement et clairement le régime dictatorial instauré par le président Jovenel Moïse en Haïti.

Monsieur,

La Conférence Religieuse Canadienne représente les congrégations religieuses canadiennes. Plus de deux cents congrégations sont présentes au Canada et elles totalisent toujours plus de 10 000 religieuses et religieux. C’est en leur nom que je vous fais part de ce cri du cœur pour que le Canada défende les valeurs démocratiques en dénonçant ouvertement et clairement le régime dictatorial instauré par le président Jovenel Moïse en Haïti.

La violence qui règne actuellement dans ce pays des Antilles est indescriptible; la peur règne, les enlèvements se multiplient, ce qui implique la demande d’importantes rançons; le désordre est total et les gens meurent de faim. Monsieur le Premier Ministre Trudeau, vous connaissez la force de la solidarité canadienne avec le peuple haïtien.   Actuellement, à cause du silence du gouvernement canadien, nous nous sentons complices des gestes de Monsieur Jovenel Moïse qui provoquent une situation inhumaine et désastreuse. Nous sommes révoltés de cette situation et nous désirons vous en faire part.

Nous avons confiance qu’une prise de position de votre gouvernement qui dénoncerait le chaos actuel à Haïti, si préjudiciable à la population du pays, pourrait éveiller les consciences et constituer une amorce à un changement nécessaire. Nous vous prions donc, monsieur le Premier Ministre, de vous distancer du « Core group » international et d’oser dénoncer Jovenel Moïse qui s’accroche au pouvoir et tient ainsi captif le peuple haïtien en le faisant souffrir péniblement. C’est un régime dictatorial qu’il a instauré puisqu’il dirige le pays par décrets ; le parlement est dissous, après avoir reconnu depuis plus d’un an la fin du mandat de ses membres. Monsieur Moïse ose même franchir la limite fondamentale de la séparation entre le pouvoir politique et judiciaire en modifiant de son plein gré le mandat des juges de la Cour suprême du pays. Comme Canadiens, nous vivons en paix dans un système politique démocratique ; ne pouvons-nous pas alors agir en faisant entendre notre voix?

Monsieur le Premier Ministre, les religieuses et religieux canadiens dont un grand nombre a œuvré avec bonheur aux côtés du peuple haïtien, comptent sur vous afin que vous permettiez au Canada d’être de nouveau un leader par la dénonciation claire et nette de cette situation tout aussi insoutenable que pénible. Que votre dénonciation de l’action de M. Jovenel Moïse soit un appui pour le peuple haïtien !

Au nom de ce peuple cher aux Canadiens, nous vous demandons d’agir rapidement.

Respectueusement,

Alain Ambeault, CSV
Directeur général
Conférence religieuse canadienne

Wednesday, February 10, 2021

Haïti – Au bord du gouffre

Par Serge Moïse. 

« On peut tromper une partie du peuple tout le temps, une partie du temps tout le peuple, mais on ne peut tromper tout le peuple tout le temps » ~ Abraham Lincoln.

Le pays recule à une vitesse vertigineuse. C’est en ces termes que l’éminent professeur Leslie F. Manigat tentait de tirer la sonnette d’alarme quelques années avant qu’il n’accède à la plus haute magistrature de l’État en l’an de grâce 1988. 

Il avait, disait-il, une vision claire et nette de ce qu’il fallait entreprendre afin de remettre le pays sur les rails du développement durable et du progrès. La soldatesque ne l’entendait pas de cette oreille et quatre mois après ce que tout le monde qualifiait d’heureux événement pour le pays, l’équipe gouvernementale réunissant les plus belles compétences, aux dires des adversaires politiques eux-mêmes, avec pour premier ministre Martial Célestin, au Ministère de l’Économie et des Finances, nul autre que le brillant économiste et intellectuel de belle eau, Monsieur Alain Turnier. Quatre mois après disons-nous, disparaissaient dans la nébuleuse en emportant dans sa course folle, le chef suprême de la nation et tous les espoirs d’un lendemain meilleur.

Qu’avez-vous fait de mon pays, demandait tout récemment et avec une candeur non feinte, celui qui avait dû filer à l’anglaise le 7 février 1986. 

Probité intellectuelle oblige, force est de reconnaître que le pays qui reculait déjà à grande vitesse auparavant, n’a fait que continuer son parcours vers ces profondeurs abyssales qui ne trompent plus personne. 

Nous l’avions souligné antérieurement, le pays a toujours évolué en dent de scie, atteignant jour après jour les niveaux les plus bas. 

Et en toute honnêteté, la responsabilité est collective. Oui, autant ceux qui ont très mal fait ce qu’ils avaient faire, que ceux qui n’ont pas fait ce qu’ils auraient dû faire.

Toute approche manichéenne est donc à rejeter d’un revers de main. La nature ayant horreur du vide, dès qu’il y a vacuum, cette dernière voit à ce qu’il soit colmaté et tant pis pour ceux qui s’y prennent plutôt mal, ils en paieront le prix. 

Voilà en un mot comme en cent, le vilain portrait de notre triste réalité. Et comme les mêmes causes, dans les mêmes conditions produisent les mêmes effets, il s’avère évident que si nous ne changeons pas de comportement, nous risquons de rééditer les mêmes errements. 

Nous n’avons jamais connu une telle décrépitude tout au cours de notre jeune histoire de peuple du quart-monde. Le 12 janvier 2010, nos lwa et nos saints ne nous ont point épargnés. Ils nous ont certes mis face à nos responsabilités et qu’avons-nous fait ?

Hélas, comme si de rien n’était !

Les dernières élections : comme les autres !

Formation du gouvernement : comme les autres !

Des parlementaires : pire que les autres !

En somme plus ça change, plus c’est pareil !

Qui n’avance recule dit le vieil adage. Nous en sommes la preuve vivante et répétons chaque jour au professeur qu’il avait entièrement raison. 

Le pouvoir judiciaire qui n’en est pas un, d’où l’impérieuse nécessité de créer la « CNRJ » Commission nationale de la Réforme judiciaire, le Parlement qui n’arrive pas à se hisser à la hauteur de sa mission républicaine, les gouvernements qui sont dépassés par les événements, la société civile plutôt timorée, les organisations populaires fatiguées, les organismes de défense des droits humains désemparés, il y a lieu de se demander : Où va la république ? 

Au lendemain de l’inoubliable séisme, nous avons élevé la voix pour que les nouveaux dirigeants fassent de la « création d’emplois » la priorité des priorités. Le ministre canadien des Affaires étrangères, de passage au pays, au cours d’une allocution publique a eu à souligner et à l’eau-forte que « la création d’emplois était la priorité absolue ». Nous avons insisté pour une démarche endogène avec la participation active des filles et des fils de la nation, à l’intérieur comme à l’extérieur du terroir à travers le « FHS » Fonds haïtien de Solidarité pour financer la création d’emplois à travers tout le pays. L’indifférence de nos dirigeants, le silence de nos intellos, la langue de bois de nos politiciens et la résilience de la population font qu’on croirait que le tremblement de terre n’avait vraiment secoué personne. 

À ce dangereux carrefour de la vie nationale, il s’avère impérieux de sortir des sentiers battus. Le chemin parcouru n’est certes pas le meilleur. Les œuvres caritatives, on en a besoin, mais ce ne sera jamais la voie du développement durable et dans l’état actuel des choses, en l’absence d’une solide chaîne de solidarité à l’instar du « FHS » : Fonds haïtien de Solidarité, nous ne voyons point de salut public. 

Persévérer dans l’erreur est diabolique, nous enseignent les anciens. Il est donc temps de nous retrousser les manches, plus tard risque d’être trop tard, car tous les indicateurs nous disent que nous errons tous, malheureusement, au bord du.gouffre.

 



Après le 7 février, vaut mieux en pleurer que d’en rire

Le ridicule, ça fait grandir les cons. À preuve, nous avons trois présidents

Par Max Dorismond

Qui a gagné, qui a perdu? Ce célèbre refrain de notre barde national, Guy Durosier, vous révèle-t-il quelques souvenirs dans la vie d’un couple séparé en phase de réconciliation. Justement, qui a gagné, qui a perdu aujourd’hui ? Mon frère, mon cousin, mon voisin ! Mais voyons, il me ressemble. Donc, c’est axiomatique : c’est encore moi, c’est encore nous, c’est encore Haïti. Cette terre de rêve qui hante notre sommeil a reculé d’un quart de siècle.

Ici, comme je l’avais écrit antérieurement, il n’est plus question de président, de X ou de Y. Faut transcender la politique partisane, refroidir nos envies pour nous dépasser et aller plus loin encore, plus loin que l’histoire, pour redessiner la Nation espérée, en toute priorité. Il nous reste seulement cinq minutes avant la frontière du désespoir. Cinq minutes pour éviter la folie collective. Commençons par la refondation du pays en remaniant la « Loi Mère », objet de toutes les dérives. D’ailleurs, rien ne nous empêche de rebattre les cartes et repartir à neuf.

Nous avons le devoir de regarder, d’analyser, de soupeser toutes les propositions de sortie de crise déposées sur la table pour défier le diable. Ce ne sont nullement des fous qui les ont pondues, mais bien des consanguins, doués de jugement. Des humains, qui rêvent de rédemption, de paix, de progrès, pour un pays souffreteux, qui ne vit que d’espoir et d’assistances. 

Nous sommes tous d’une Nation, qui devient la risée du monde, un symbole d’exemple universel à éviter, imposé sciemment par l’exploiteur à la conscience de tous les déshérités de la terre, en guise d’insigne, à titre d’avertissements, pour bloquer, miner, annihiler leurs rêves de délivrance. On les culpabilise avec l’image d’une Haïti dépendante, squelettique, rabougrie, sous-développée, idiote et niaiseuse. Une Nation qui s’entredévore. Quelle honte! Quelle déchéance, pour un peuple qui a chamboulé le sinistre objectif du capitalisme naissant.

À titre de métaphore, utilisons, pour converser entre nous, la voix de Guy Durosier, dans sa célèbre chanson, « Je reviens te chercher ». C’est exactement ça la réalité : « Qui a gagné, qui a perdu/ On ne sait rien, on ne sait plus / On se retrouve les mains nues/ Mais après la guerre…/ Il nous reste à faire la paix... »

Quoi de plus éloquent que la paix des braves! Tout est sur la table. Ne soyez pas vindicatifs. Le courroux est ingrat et ne tue que son maître. Plusieurs ont fanfaronné pour faire peur à l’autre. Que de bruits, que de vociférations! Et après, c’est le silence mortifère d’une nation en déroute. La queue entre les jambes, on retourne dans son coin, les couilles molles, pour ronger son foin.

Bousculons la routine, dialoguons, trouvons la clé de notre irrévérence. Ne cherchons nul coupable, sinon on finirait avec le pays en prison. Enlevez le zipper devant le voile qui nous obscurcit la conscience. Prenez place à la table. Soupesez chaque détail en frères de sang, et non en compétiteurs.

Aliénés mentalement sous les coups de boutoir des ennemis de la nation depuis 215 ans1, victimes du syndrome colonial, nous ne nous rendons pas compte de notre glissade vers la déchéance. Étant aveugles par destination, nous nous sommes trompés d’adversaires en nous en prenant à nous-mêmes. 

Allons, réveillons-nous, sapristi ! Il est encore temps. Assoyons-nous et détaillons ou analysons les raisons, les causes de nos déchirements, pour y installer des garde-fous, aux fins d’éviter de tels débordements, de tels esclandres, de tels énervements, à doubler le profit de ceux qui ont investi dans notre immaturité. 

Bousillons leur programme. Nous ne sommes point des incompétents. Des preuves sonores habillent encore l’histoire. C’est un sophisme. Ils prêchent le faux pour obtenir le vrai. Ne leur offrons plus ces délices. Laissons-les rêver en couleur. Ressaisissons-nous. Donnons une dernière chance à la chance. Il reste une lueur d’espoir : c’est nous !

Réservons-nous ce droit et ce devoir de retoucher la Constitution, une fois pour toutes, en utilisant les conseils les plus pertinents, glanés à droite et à gauche, par écrit, à l’oral. C’est un besoin viscéral. Nos frères, éparpillés partout autour du globe, en ont vu du pays et sont prêts à partager leurs voix et leur mémoire. Nos paysans ou campagnards, qui ont vécu loin de nos tumultes citadins, ne sont pas sans ressources, et peuvent apporter leur grain de sel dans la recette nationale. Tous ou presque tous, doivent contribuer de leurs expériences et réflexions sur 215 années d’échecs pour relancer la machine.

Point n’est besoin de détailler ici le programme à venir. Les propositions fleurissent là, sous « l’arbre à palabre ». Il nous suffit de cueillir les fruits pour préparer un cocktail de passion et de raison avant de déguster le plat de résistance de la Constitution, qui sera digéré sans crainte de constipation. Car, nous ne voulons plus revivre ces « déchouquages2 » décapants, ces pays-lock déroutants, cette dualité asphyxiante, ces chantages de parlementaires, ces dictatures infamantes, ces siphonages du trésor public, cette corruption endémique, cette insécurité déstabilisante, ces déchirements fraternels perturbants, ces fuites de notre jeunesse vers des ailleurs hypothétiques. 

Attelons-nous vite à la tâche ! Pour maintenir la flamme, gardons simplement à l’esprit que les grandes décisions naissent souvent dans le fracas des dissensions !

Max Dorismond


NOTE

1 – 215 ans : Date calculée à partir de la mort du libérateur, J-Jacques Dessalines en oct. 1806.

2 – Déchouquage : terme créole emprunter des bucherons. Il vient du mot « dessoucher », c’est-à-dire, enlever la partie basique de l’arbre qui reste dans la terre. Dans notre créole, c’est une allégorie, une expression métaphorique violente, utilisée pour déstabiliser un adversaire, surtout en politique

Saturday, January 30, 2021

Life during Covid-19 and the fears of being « Black/Brown » in America

French Version

By Herve Gilbert





After the murder of Georges Floyd at the hands of 4 white police officers  during the summer of last year,  Haiti Connexion Network invited some of our young « Haitian-American » to give their opinion in a few minutes on the history of « Blacks and Browns » in America. Yes, the history of blacks in America is the history of America. And it's not a good story. What is it like to be « Black or Brown »   in the United States?

For the occasion, we called on our young graduates from the University working in several fields and in different places in the United States and Canada to tell us a little about their daily experiences in the face of this systemic crisis. Despite significant signs of progress, ethnic inequalities are still very present in the US and Canadian labor markets according to the panelists. Compared to « whites », African Americans are twice as likely to be unemployed, and when they are employed, their earnings are almost 25% lower. There are many reasons for this marked difference: for example, skill level, cultural norms in the workplace, and ethnic discrimination in hiring.

Violence against « Black / Brown » was a pandemic before the COVID-19 epidemic? The underlying causes are not the virus itself or the resulting economic crisis, but rather an imbalance of power and control. In the United States, the Covid-19 epidemic has already claimed nearly 400,000 lives in less than a year. Not surprisingly, the Americans most affected by this crisis are the poorest minorities. But what really concerns is the staggering number of African Americans infected with the virus. African Americans are particularly vulnerable in the face of the coronavirus epidemic, as they are more likely to work in low-paying jobs, which cannot be done remotely, and do not offer health insurance or compensation in the event of absence for sickness.

All this effort made by HCN, to bring together this beautiful sample of young folks, was done with the aim of coloring the pastime of its audience. Let's listen to the news on TV, that's good, but sometimes hearing the voices of our younger generations is even better. Through their reflections on current situations, through the relevance of their reactions, viewers will have the opportunity to experiment with these young professionals in a debate of ideas, where everyone brings their point of view to the table. This is the opportunity for our audience to form an opinion.

Life during Covid-19 and the fears of being Black/Brown in America

https://www.youtube.com/watch?v=lDPsnKE96CU&ab_channel=HerveGilbert




Wednesday, January 20, 2021

Poem - "The Hill We Climb" at President Joe Biden's inauguration on January 20, 2021

Amanda Gorman was named  the first Youth Poet
Laureate of Los Angeles in 2014.                         

 
Amanda Gorman became the youngest person to deliver a poem at a U.S. presidential inauguration, with the 22-year-old reciting her poem "The Hill We Climb" after Joe Biden and Kamala Harris were sworn in as president and vice president.

Gorman read her poem "The Hill We Climb" at President Joe Biden's inauguration on January 20, 2021, and is the youngest poet to read at a presidential inauguration in United States history. Jill Biden recommended Gorman for the inauguration. After January 6, 2021, Gorman amended her poem's wording to address the storming of the United States Capitol. During the week before the inauguration, Gorman told The Washington Post book critic Ron Charles, "My hope is that my poem will represent a moment of unity for our country," and "that with my words I’ll be able to speak to a new chapter and era for our nation.

"The Hill We Climb"

When day comes we ask ourselves,
where can we find light in this never-ending shade?
The loss we carry,
a sea we must wade
We've braved the belly of the beast
We've learned that quiet isn't always peace
And the norms and notions
of what just is
Isn’t always just-ice
And yet the dawn is ours
before we knew it
Somehow we do it
Somehow we've weathered and witnessed
a nation that isn’t broken
but simply unfinished
We the successors of a country and a time
Where a skinny Black girl
descended from slaves and raised by a single mother
can dream of becoming president
only to find herself reciting for one
And yes we are far from polished
far from pristine
but that doesn’t mean we are
striving to form a union that is perfect
We are striving to forge a union with purpose
To compose a country committed to all cultures, colors, characters and
conditions of man
And so we lift our gazes not to what stands between us
but what stands before us
We close the divide because we know, to put our future first,
we must first put our differences aside
We lay down our arms
so we can reach out our arms
to one another
We seek harm to none and harmony for all
Let the globe, if nothing else, say this is true:
That even as we grieved, we grew
That even as we hurt, we hoped
That even as we tired, we tried
That we’ll forever be tied together, victorious
Not because we will never again know defeat
but because we will never again sow division
Scripture tells us to envision
that everyone shall sit under their own vine and fig tree
And no one shall make them afraid
If we’re to live up to our own time
Then victory won’t lie in the blade
But in all the bridges we’ve made
That is the promise to glade
The hill we climb
If only we dare
It's because being American is more than a pride we inherit,
it’s the past we step into
and how we repair it
We’ve seen a force that would shatter our nation
rather than share it
Would destroy our country if it meant delaying democracy
And this effort very nearly succeeded
But while democracy can be periodically delayed
it can never be permanently defeated
In this truth
in this faith we trust
For while we have our eyes on the future
history has its eyes on us
This is the era of just redemption
We feared at its inception
We did not feel prepared to be the heirs
of such a terrifying hour
but within it we found the power
to author a new chapter
To offer hope and laughter to ourselves
So while once we asked,
how could we possibly prevail over catastrophe?
Now we assert
How could catastrophe possibly prevail over us?
We will not march back to what was
but move to what shall be
A country that is bruised but whole,
benevolent but bold,
fierce and free
We will not be turned around
or interrupted by intimidation
because we know our inaction and inertia
will be the inheritance of the next generation
Our blunders become their burdens
But one thing is certain:
If we merge mercy with might,
and might with right,
then love becomes our legacy
and change our children’s birthright
So let us leave behind a country
better than the one we were left with
Every breath from my bronze-pounded chest,
we will raise this wounded world into a wondrous one
We will rise from the gold-limbed hills of the west,
we will rise from the windswept northeast
where our forefathers first realized revolution
We will rise from the lake-rimmed cities of the midwestern states,
we will rise from the sunbaked south
We will rebuild, reconcile and recover
and every known nook of our nation and
every corner called our country,
our people diverse and beautiful will emerge,
battered and beautiful
When day comes we step out of the shade,
aflame and unafraid
The new dawn blooms as we free it
For there is always light,
if only we’re brave enough to see it
If only we’re brave enough to be it